
Une pandémie n’est jamais souhaitable mais elle ouvre les yeux. Personne n’est à l’abri et nul ne peut aller se soigner à l’étranger. Cet obstacle met à nu les prétendus pouvoirs des charlatans ayant une solution à tous les problèmes. Le registre de la mystification ne fonctionne plus et un noyau d’esprit critique prend forme et se structure. Le COVID 19 n’est ni chinois et ni une construction des hommes.
Cette pandémie renforce le sentiment d’appartenance et la cohésion sociale. Elle met en lumière l’hypothèse de Durkheim selon laquelle qu’en période de crise, le tissu social se sentant menacé, les individus faisant aux dangers font tout pour cimenter la société. La vie de tout un chacun dépend de celle des autres.
On observe dans tous les pays africains une exigence de solidarité et de transparence due à une tres forte demande sociale qui va au delà des clivages communautaires et idéologiques. Cette exigence a fait naitre de multiples interrogations citoyennes parmi lesquelles, le déficit des infrastructures sanitaires, les inégalités sociales et les critères de sélection des ayant droit à l’aide publique. La culture de l’obligation de résultat et de rendre compte commence à s’installer en Afrique.
Il reste que c’est plutôt la prise de conscience des manques révélateurs des profondes inégalités sociales qui fait que tous les regards sont tournés vers les hommes politiques bien que la responsabilité de tous soit de mise. Quand les dirigeants politiques se sentent observés et surveillés, ils font très attention à la gestion des affaires de la cité.
La pandémie du COVID 19 est non seulement un accélérateur de la conscience citoyenne et démocratique mais a surtout amplifié la quête de la connaissance et l’exercice de la pensée dans tous les domaines y compris le domaine religieux. Cette réflexion qui bouscule les dogmes risque de rendre le climat social anxiogène. En effet, certains religieux à revisiter le passé très lointain des musulmans pour essayer de trouver des réponses par rapport aux restrictions des libertés et des pratiques religieuses.
Tous les segments de la société bougent et chacun apporte sa contribution en fonction de son domaine de compétence. Les régulateurs sociaux que sont les marabouts ainsi que les dépositaires des savoir faire et de la pharmacopée traditionnelle mettent leurs compétences au serve de leurs collectivités.
Par ailleurs, la mobilisation des journalistes pour répondre à la curiosité publique met en lumière l’importance des langues nationales. Un baromètre permettant de faire une distinction entre les discours officiels et les propos dénués de tout fondement.
Les communautés au-delà du confinement et du respect des gestes barrières veillent au mouvement des individus entre les frontières. C’est dire que les communautés se sont appropriées les stratégies destinées à lutter contre cette pandémie.
Cette très forte interpellation des dirigeants politiques qui traduit une forte aspiration à la bonne gouvernance est une opportunité pour les acteurs de la société civile. Ils doivent se mobiliser pour maintenir au quotidien cette tension afin qu’au sortir du COVID 19, les vieilles mauvaises habitudes qui sont très têtus ne refassent surface.
©️ Crédit source: post FB de l’auteur (10/04/2020)