● Moussa Ould Khairy, Président de FC Tevragh Zeina à RimSport.net – ENTRETIEN

Rimsport – « Au-delà des polémiques et des contestations contre les arbitres (…) C’est surtout la dimension symbolique du fair-play qui devait être préservée ( …) »

Dans une interview exclusive accordée à RimSport.net, M.Moussa Ould Khaïry, président de FC Tevragh Zeïna dénonce la partialité des arbitres lors des chocs face au FC Nouadhibou et remet en cause le choix de Medjiba au sein du département arbitrage. Dans la foulée, Moussa Ould Khaïry précise qu’Ahmed Ould Yahya et lui ne sont pas des « ennemis » mais sont « opposés dans les idées ».

Prônant une révision des règles régissant l’élection du président de la FFRIM, l’ex vice président de la fédération recommande enfin aux sélectionneurs nationaux de prêter attention aux joueurs locaux.

RimSport.net : La prestation du quatuor féminin lors du classico ayant opposé FC Tevragh Zeïna au FC Nouadhibou a soulevé une vive polémique qui a enflé suite au quart de finale de la Coupe du président. Au FC Tevragh Zeïna, on continue de ruminer une grosse colère contre non seulement le quatuor mais aussi contre l’arbitre international Dahane Beïda en jugeant partiale leur prestation. Au delà de la défaite amère face à votre grand rival, que reprochez-vous aux officiels de ces deux rencontres ?

Moussa Khairy : Je remercie votre site pour les efforts qu’il fournit pour renseigner, informer et accompagner le développement du sport sur le plan national et particulièrement le football. Pour revenir à votre question, en vingt ans de Présidence de clubs, je n’ai jamais parlé publiquement de l’arbitrage, considérant qu’il est facile de taper sur les arbitres pour une équipe perdante. Je pesais toujours le pour et le contre parce qu’en définitive l’arbitre est une personne et peut commettre des erreurs. Seulement cette fois-ci le vase a réellement débordé et c’est trop. J’estime que la gestion arbitrale de notre rencontre avec le FC Nouadhibou a été catastrophique.

Voyez-vous, s’il s’agissait d’une faute ou deux, on serait peut-être dans le doute au bénéfice des arbitres. Malheureusement pour les arbitres (un quatuor féminin), il s’agit de quatre fautes, dont deux à l’origine des deux buts de FC Nouadhibou. Une faute au départ sur notre latéral gauche, Demba Traoré, qu’elles ont omis de siffler. Plus loin, une faute imaginaire, presque dans notre surface de réparation et transformée en but par FC Nouadhiboun. Le deuxième forfait commis, un hors-jeu clair et net. Tous les spectateurs présents ce jour là vous le diront. Un but honteux accordé à FC Nouadhibou. Les faits sont têtus. In- fine, deux penaltys non sifflés en notre faveur. Ce ne sont pas des allégations, ce sont des faits réels. Les vidéos sont disponibles et à votre disposition.

Au-delà des polémiques et des contestations contre les arbitres, on doit se dire la vérité. Il ne s’agit pas du résultat d’un match, même si en vérité, FC Nouadhibou n’avait pas besoin de ça pour finir en tête du championnat. Elle allait l’être de toute façon, vu l’avantage en termes de points engrangés au cours du marathon saisonnier. C’est surtout la dimension symbolique du fair-play qui devait être préservée. Il s’agit du labeur de tout un groupe, entraîneurs, joueurs et dirigeants qui se battent et se défoncent, financent beaucoup d’argent, pour compétir. C’est ça qui a été balayé par des fautes graves d’arbitrage.

Pourtant, il ne s’agit que d’un jeu et cela devait rester un jeu à ne pas pervertir. Dévoyer tout ça pour l’intérêt d’une équipe, de la part d’arbitres censés être au service du sport, c’est décevant. Je ne suis pas le dernier venu et je sais comment fonctionne l’arbitrage sur le plan continental et local.

Tout ça pour vous dire que je suis très gêné qu’il s’agisse ici d’un quatuor féminin. Cependant, je dénonce avec la dernière énergie ce genre de fautes graves qui ont une incidence directe sur les résultats que nos jeunes sont en droit d’attendre après tant d’efforts, de travail et de préparation. Seul le mérite devrait prévaloir. La triche et le détournement des résultats sont des actes frustrants, surtout pour des jeunes qui ont travaillé dur. Nous sommes censés leur inculquer les valeurs d’honnêteté, d’abnégation, de don de soi et la récompense à la sortie. C’est justement le rôle de tout arbitre de veiller au strict respect des règlements qui régissent le football. Il y va de leur honneur et de leur réputation, car l’histoire est en fin de compte le Grand Arbitre. C’est elle qui sépare les bonnes graines de l’ivraie.

Chassez le naturel !

Décidément quand vous jouez contre FC Nouadhibou vous jouez contre les arbitres aussi. La preuve que l’on nous refait le même coup de la semaine passée cette fois en quart de finale de la coupe nationale avec un penalty flagrant refusé par un soit disant arbitre international ! Et, comme le dit si bien un adage bien de chez nous que  » Quand le cri vient de la montagne où faut-il fuir « ?

J’appelle les présidents des clubs à se mobiliser massivement contre ce genre de pratiques avec lesquelles il ne sert à rien de continuer à compétir.

Pensez-vous que les arbitres sont « instruits » contre FC Tevragh Zeina ?

Je n’irai pas jusqu’à là. Toutefois, par rapport à ce match les faits sont clairs et nets pour tout le monde. J’ajoute que les contestations de l’arbitrage sont monnaie courante pour toutes les équipes quand il s’agit d’un match contre F C Nouadhibou. A partir de là vous pouvez vous faire votre propre idée ?

Depuis l’arrivée à la tête du département arbitrage de Rachid Medjiba, certains arbitres sont sans cesse mis à la touche par ledit département sans que des faits quelconques leur soient reprochés. Les protestations ne cessent de pleuvoir contre le premier responsable pour sa gestion laxiste voire douteuse. Qu’est ce que cela vous inspire ? Comment évaluez-vous la gestion actuelle des arbitres?

Parlons-en. Monsieur Rachid Medjiba est un ancien arbitre algérien dont la carrière n’est pas des plus reluisantes et j’ai du mal à comprendre comme beaucoup de responsables à comprendre que l’on l’appelle pour superviser l’arbitrage dans notre pays. Déjà pour moi, Il s’agit d’un manque de respect pour les grands noms de l’arbitrage dans notre qui sont légion et qui ont fait leurs preuves. On citer Idrissa Sarr, Lemghaivri, Moussa Seck, Sow, Abeidi, Mountaga, Lemghambodj et bien d’autres. Pourquoi ne pas faire appel à eux au lieu d’un étranger déconnecté des réalités de notre pays et objet de suspicion. BIZARRE… C’est tout simplement incompréhensible surtout que depuis sa désignation à la tête de cette commission les contestations n’ont jamais cessé. Je considère que c’est du mépris qui s’ajoute à l’ignorance totale de la Fédération pour les compétences nationales dans d’autres domaines.

Selon vous, les règlements régissant l’élection du président de la FFRIM doivent-ils être maintenus ou révisés ?

Ecoutez, il s’agit d’une question pertinente et intéressante. Dites-moi est ce que quelqu’un était capable de se présenter pour la présidence de la Fédération Mauritanienne de Football. Je vous dirais sans détour NON. Pourquoi? C’est tout simple parce que le président actuel de la fédération, lors de la fameuse réunion de la honte des présidents de ligues régionales à Kiffa a fait signer un papier leur interdisant de mandater tout autre candidat que lui. Alors vous comprenez certainement mieux pourquoi personne ne s’est présenté contre lui. Dans tous les pays du monde, les élections sont ouvertes à tous les citoyens et même les présidentielles. C’est vous dire que l’alternance permet d’éviter l’usure du pouvoir et c’est le cas de la fédération actuelle.

Pour revenir à votre question, les textes régissant l’élection du Président de la Fédération Mauritanienne de Football doivent être révisés parce qu’ils sont cadenacés et ne permettent d’élections démocratiques. Les voix des clubs de deuxième division et même de troisième division doivent leur être restitués parce que ce sont des acteurs du football et ne doivent pas être mis à l’écart de la gestion du football. Ce sont là des vérités que certains ne veulent pas entendre… mais la santé du football dans notre pays en dépend ainsi qu’une alternance saine.

En décembre dernier, dix clubs de Super D1 sur les quatorze avaient désapprouvé la décision de la Ligue nationale d’arrêter unilatéralement le championnat. Écœurés depuis un certain temps, les clubs avaient exprimé leur raz le bol dans une correspondance adressée au président de la FFRIM en se plaignant de la manière dont le championnat de la Super D1 est géré actuellement. Que leur reprochez-vous ? Quelles propositions formulez-vous ?

Vous savez ce sont les clubs qui disputent le championnat pour faire évoluer notre football. Notre protestation devant la décision de la ligue nationale était une manière de montrer à la fédération que le football ne peut pas exister sans les clubs. Nous avons protesté contre les décisions unilatérales qui nous engagent et qui sont prises sans nous. Ce collectif de dix clubs de la Super DI n’a pas accepté qu’un calendrier lui soit imposé. Ce que nous voulons c’est être associés aux décisions qui nous concernent.

Vous avez été vu récemment en compagnie du Président de la Fédération Mauritanienne de Football ,lors de la finale du Beach soccer. Cette apparition a suscité beaucoup de débats sur votre opposition notamment sur les réseaux sociaux. Quel est votre commentaire ?

Tout d’abord, je tiens à remettre les faits dans leur réalité par rapport à ma présence. Comme acteur du football, j’ai été invité par les organisateurs de cette finale et comme d’habitude j’ai accepté parce que j’aime le sport. Il se trouve que le Président de la Fédération Mauritanienne de Football était lui aussi présent et nous nous sommes assis côte à côte et nous avons échangé. Je tiens ici à préciser qu’Ahmed Ould Yahya et moi ne sommes pas des ennemis. Nous avons d’ailleurs beaucoup de liens qui nous lient en dehors du football et nous nous entendons bien. Cependant, nous sommes opposés dans les idées parce que j’ai ma propre vision de la gestion du football et cela rien ne peut le changer. J’espère avoir été clair parce que je continuerai à défendre mes idées pour le bien de notre football.

Comment jugez-vous l’apport des joueurs expatriés au sein des Mourabitounes ? Doit-on mettre en place un quota ?

Très sincèrement, je dirais que l’apport des joueurs expatriés pour les équipes nationales est important. C’est vrai qu’ils constituent une valeur ajoutée pour ceux parmi eux qui évoluent dans des championnats de valeur et qui ont des temps de jeu. Ce n’est malheureusement le cas pour tous ceux qui sont appelés dans nos équipes nationales. Donc je reviendrai pour dire qu’il est important mais il ne doit fait au détriment des joueurs locaux. Ce sont ces derniers qui constituent les valeurs sûres pour notre football et ils doivent avoir plus d’attention. Je n’irai pas jusqu’à dire qu’il faut instaurer des quotas mais les sélectionneurs doivent prêter plus attention aux joueurs locaux en supervisant les matchs de championnats parce que les villégiatures en Europe ne ramènent souvent que des joueurs de seconde zone.

Recueillis par THIAM Mamadou

● Le Grand Entretien du Blog | En exclusivité avec une avocate franco-mauritanienne Assa KONATE

Le Grand Entretien du Blog (Le GEB) vous revient avec l’interview d’une avocate franco-mauritanienne Maître KONATE Assa, officiant au Barreau d’Orléans (Région Centre-Val de Loire). Issue du groupe sociolinguistique sooninké et originaire de Kinininkoumou (Guidimagha en Mauritanie) , elle nous brosse succinctement son parcours et ses analyses qui peuvent constituer une source d’inspiration pour la jeunesse issue de l’immigration. Découvrez ci-après l’intégralité de l’entretien :

Question 1 : Bonjour Madame KONATE Assa, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs, parcours académique et professionnel ?

Je suis Assa KONATE, avocate au Barreau d’Orleans depuis février 2022.
Je suis d’origine mauritanienne, mes parents sont originaires de Kinininkoumou dans la région du GUIDIMAKHA.
Je suis née en France à Orléans dans le Loiret. Après mon BAC ES, j’ai débuté mes études universitaires à l’Université Paris XIII de Villetaneuse ou j’ai obtenu un DUT Carrières Juridiques. J’ai décidé de rentrer à Orléans pour poursuivre mes études de droit.
A ce moment-là, je n’avais pas encore envisagé de devenir avocate. Je souhaitais avant tout obtenir un bagage juridique solide avant d’entrer dans le monde professionnel. J’ai donc obtenu ma licence en droit général, un master 1 puis un master 2 en droit public.

Question 2 : Juriste de formation de base, vous êtes avocate depuis quelques mois, quelles sont les étapes importantes menant à cette fonction en France ? Et également pouvez-vous nous préciser votre champ d’exercice (spécialité) ?

J’ai toujours travaillé durant mes études. J’ai eu l’occasion de pouvoir occuper des postes en lien direct avec mes études de droit au sein de différents tribunaux et administrations publiques. C’est lors de mon expérience en tant que greffière au sein d’un tribunal que j’ai commencé à murir ce projet de devenir avocat.
Pour plusieurs raisons, je me suis rendu compte que je ne connaissais pas bien ce métier.
C’est en assistant aux différentes audiences et plaidoiries, en relisant les conclusions et sollicitations des avocats que j’ai manifesté un réel intérêt pour la profession.
J’ai en quelque sorte découvert que l’avocat pouvait à son niveau faire bouger les choses…
J’ai également été séduite par l’aspect libéral de la profession. Le fait de pouvoir être libre et indépendante correspondait beaucoup à mon état d’esprit et à mes aspirations.
La profession d’avocat est une profession réglementée accessible aux titulaires du certificat d’aptitude à la profession d’avocat (CAPA).
Ces certificats sont délivrés par les Centres Régionaux de Formation Professionnelle des Avocats.
Pour y entrer, il est nécessaire de réussir un examen organisé par les IEJ (instituts d’études judiciaires).
J’ai passé et obtenu le certificat d’examen d’accès au centre régional de formation professionnelle d’avocats (CRFPA) au sein de l’IEJ d’Orléans.
Dans la foulée, je me suis inscrite à l’EFB (École de formation professionnelle des barreaux du ressort de la cour d’appel de Paris) pour suivre la formation initiale.
Il s’agit d’une formation initiale obligatoire qui se déroule sur une période de 18 mois.
Elle est sanctionnée par le CAPA qui comporte diverses épreuves orales et écrites.
Après l’obtention de mon CAPA, j’ai demandé mon inscription au tableau de l’Ordre du barreau d’Orléans, après avoir prêté le serment nécessaire à l’exercice de la profession.

Je suis avocate généraliste.

Néanmoins, du fait de mon histoire personnelle, je savais que je voulais me diriger vers le droit des étrangers.
Le droit des étrangers est l’ensemble des règles qui ont pour objet d’encadrer les questions liées à l’entrée, au séjour et à l’établissement des étrangers sur le territoire français.
Les étrangers rencontrent bien souvent des difficultés dans le cadre de leurs démarches administratives leur permettant de se maintenir sur le territoire français.
En effet, les processus administratifs sont souvent complexes et nécessitent la connaissance des normes et règlements en vigueur.
De plus, la communication peut s’avérer difficile pour les étrangers, dans la mesure ou la langue française n’est pas toujours maîtrisée.
Un avocat peut non seulement aider à comprendre le système administratif, mais aussi aider à résoudre des problèmes juridiques, à faire valoir des droits et à contester des décisions administratives.
Ce domaine représente une grande partie de mon domaine d’activité.
Je pratique également le droit de la famille, le droit administratif et le droit civil.

Question 3 : française et afro-musulmane, quelle analyse faites-vous sur le débat politico-médiatique récurrent autour de la question de l’islam en France ?

En tant que femme, noire et musulmane, on peut dire que je cumule toutes les tares de cette société !
La profession d’avocat reste encore très fermée même si elle demeure plus ouverte en région parisienne.
En passant l’examen du barreau et en m’installant à Orléans, je savais que je me lançais dans un milieu qui peut paraitre assez fermé et assez homogène socialement parlant… cela ne m’a jamais freiné au contraire ! J’aime être là où l’on ne m’attend pas !
Je pense que pour faire avancer les choses, il faut que de plus en plus de jeunes issus de mon milieu ose !
On peut être femme, noire, française, musulmane et avocate !

Question 4 : De votre position occupant une fonction libérale intellectuellement fournie, qu’entendez-vous sous la notion du féminisme aujourd’hui ?

Il n’y a pas un féminisme mais plusieurs féminismes, chacun peut être féministe à sa manière.
Comme il y a plusieurs façons d’exercer la profession, il y a plusieurs façons de vouloir défendre les droits des femmes.

Pour ma part, c’est de considérer que la femme est l’égal de l’homme et que cela doit se manifester dans tous les domaines de la société sans oublier les spécificités qui nous caractérisent.
En tant que femme dite « racisée » nous avons nos propres revendications car nous subissons différentes formes d’oppression et de discriminations en plus du sexisme.
L’afro-féminisme répond à cette double discrimination, que l’on appelle l’intersectionnalité : celle du sexisme et du racisme.
Je souhaite que les femmes noires sachent qu’elles peuvent, elles aussi, accéder à des postes à responsabilité au même titre qu’un homme ou une femme blanche.

Question 5 : vous êtes issue du groupe sociolinguistique soninké, êtes-vous au courant des tensions sociales qui y couvent autour des problématiques liées à l’esclavage par ascendance ? Si oui , quel message avez-vous à l’endroit de la communauté et particulièrement aux associations engagée pour plus d’égalité sociale ?

Je ne me suis pas lancé dans la profession par hasard…
Depuis ma tendre enfance, j’ai toujours eu une aversion pour l’injustice… j’ai toujours eu ce penchant systématique pour les opprimés…et donc manifestement l’esclavage par ascendance est une forme d’injustice qu’on ne peut pas nier…
Je pense que cela s’explique en grande partie par l’ignorance et la non connaissance de ce qui relève des droits humains… je pense que si chacun connaissait ses droits en tant qu’être humain ce fléau n’existerait pas … j’encourage donc les membres de la communauté à s’engager et à sensibiliser… pour honorer les droits humain….

Maître Assa KONATE
Avocat au Barreau d’Orléans

● Réalisé par KS pour le BLOG

● Mauritanie: plaidoyer pour l’officialisation des langues nationales [Vidéo] | La position du député Biram Dah Abeid.

Biram Dah Abeid, député et plusieurs fois candidat à la présidentielle, et deux experts livrent un brillant plaidoyer en faveur de l’officialisation et l’enseignement des langues nationales. En Mauritanie, les langues nationales sont le peul, le soninké et le wolof. L’arabe est la langue officielle du pays.

Le débat sur la nécessité d’introduire les langues nationales dans le système éducatif se poursuit. En juillet 2022, l’Assemblée nationale de Mauritanie a adopté une nouvelle loi introduisant les langues nationales dans l’enseignement primaire, en imposant l’enseignement de l’arabe aux non Arabes et au moins une langue nationale aux locuteurs arabes.

Biram Dah Abeid, député, opposant, plusieurs fois candidat malheureux à la présidentielle, insiste sur l’importance vitale de la langue et de la culture qui déterminent la personnalité d’un peuple. Il rappelle que l’officialisation et l’enseignement des langues nationales représentent une vieille revendication, toujours actuelle, qui figure dans son programme.

Abdallah Mohamed, linguiste, lie le retard de l’Afrique au non usage des langues nationales dans l’enseignement, et fait les éloges du multilinguisme.

Yero Sylla, expert ayant servi à l’Institut des Langues Nationales pendant une vingtaine d’années, souligne l’importance de la formation de base dans la langue de naissance, toujours déterminante dans la qualité de la suite du cursus scolaire et universitaire.

• Par Amadou Seck (Nouakchott, correspondance)

©️ Crédit source : https://afrique.le360.ma/culture/mauritanie-plaidoyer-pour-lofficialisation-des-langues-nationales_FPUTZVTYHBBQXA7QEWQIPSOYHU/

● Y’a ça chez nous ? | Hors-série #2 : Le cas mauritanien | Ausha | Avec l’interview audio de Dr Sidi NDIAYE

Un élément audio descriptif de près d’une heure, très instructif sur les réalités socio-politiques mauritaniennes.

Le Lien du Podcast : https://podcast.ausha.co/y-a-ca-chez-nous-1/hors-serie-2-le-cas-mauritanien

DESCRIPTION

Dans cet épisode, on sort du triptyque Algérie-Maroc-Tunisie pour se rendre légèrement plus au sud. Direction la Mauritanie, un pays situé au entre le Sahara Occidental revendiqué par le royaume du Maroc, l’Algérie, le Sénégal et le Mali. Pour en parler, Sidi N’Diaye, politiste spécialisé dans les violences politiques, ethnopolitiques et les politiques de réconciliation nationale en Mauritanie.

©️ Source initiale : https://podcast.ausha.co/y-a-ca-chez-nous-1/hors-serie-2-le-cas-mauritanien

👉🏿 Lien PayPal de support au BLOG https://paypal.me/blogcriose?country.x=FR&locale.x=fr_FR

👉🏿 Lien Amazon de notre livre Mes Écrits Osés https://amzn.eu/d/4R0fqa9

● Baliou Coulibaly, nouveau président de PCQVP: « Mon élection est une reconnaissance des efforts de la société civile » | [Le Calame]

Le Calame : Vous venez d’être porté à la tête de la coalition PCQVP, il y a quelques jours. Pouvez-vous nous livrez vos premières impressions ?

Baliou Coulibaly: Satisfait oui, car cette élection constitue une reconnaissance de la part des acteurs de la société civile Mauritanienne des modestes efforts que nous avons menés durant depuis plus d’une décennie dans le cadre de la promotion de la gouvernance économique en Mauritanie.

Mais aussi conscient de la charge de la responsabilité qui nous attend à la tête de cette importante organisation dans un pays où l’exploitation des ressources naturelles constitue la principale source de revenu pour l’économie nationale.

Qu’est-ce que PCQVP ? Quelle est sa mission principale?

-La mission de PCQVP consiste à s’assurer que les revenus tirés de l’exploitation des ressources extractives profitent de manière significative au pays, au secteur privé et à l’ensemble des segments de la communauté

Que les ressources extractives sont exploitées de manière rationnelle qui préserve l’environnement et la santé des communautés et des travailleurs

Mener des campagnes de plaidoyer pour influencer les politiques et pratiques afin d’éviter a notre pays de tomber dans le fameux piège de la malédiction des ressources connue sous le vocable du Syndrome Hollandais.

• Quels sont les grands axes de votre mandat?

-Les grands axes de notre mandat tourneront autour de trois priorités.

-Le suivi des obligations contractuelles des compagnies

-Le suivi des obligations environnementales

-Actions de plaidoyer pour améliorer les politiques pour s’assurer que l’ensemble des parties prenantes profitent des revenus qui proviennent de nos ressources à travers une politique de contenu local pertinente et adaptée qui assure un développement durable inclusif et apaisé pour le bien-être.

Propos recueillis par Dalay Lam

©️ Via cridem https://cridem.org/C_Info.php?article=761785

● Le Grand Entretien du Blog (GEB) | Avec le vice-président d’Armepes-Ganbanaxu Fedde, monsieur Samba Fofana.

À l’occasion de la journée internationale pour l’abolition de l’esclavage (2 décembre 2022), la rubrique Le Grand Entretien de notre Blog revient avec une interview accordée par monsieur Fofana Samba. Juriste et militant droit-de-lhommiste mauritanien vivant en France, il est parmi les porteurs pionniers de l’engagement abolitionniste et pour des réformes sociales dans la communauté sooninké. Il est actuellement le premier vice-président de l’association Armepes-France (Association des Ressortissants Mauritaniens pour l’Eradication de l’Esclavage et ses Séquelles). Pour rappel l’association Armepes-France est à l’initiative de la mouvance anti-esclavagiste transnationale Ganbanaaxu Fedde via en premier lieu son forum WhatsApp de sensibilisation créé le 5 octobre 2016 par monsieur Gaye Traoré, l’actuel président d’Armepes-france.

Nos vifs remerciements à lui pour sa disponibilité et l’intérêt accordé à notre sollicitation.

Ci-dessous ses éléments de réponse à nos 4 questions soumises :

Question 1 : Bonjour Monsieur Fofana, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ? (Parcours personnel et de militant)

Samba Fofana : Je m’appelle Fofana Samba, du village de Boully en Mauritanie . Je peux noter ici que j’ai un petit parcours académique à la faculté Économique et juridique de Nouakchott de 1998 à 2002 date de l’obtention de la maîtrise en droit privé.
S’agissant du militantisme associatif, j’ai œuvré à plusieurs associations d’abord villageoises dans le but de contribuer au développement de notre pays d’origine.
Je suis aujourd’hui vice-président de L’association des ressortissants Mauritaniens pour l’éradication des pratiques esclavagistes et leurs séquelles (ARMEPES) en France depuis janvier 2016.
Je fais partie des premières personnes à avoir posé les jalons d’une réforme sociale dans notre communauté .

Question 2 : Pouvez-vous nous édifier sur les réalités liées à l’esclavage coutumier dans la communauté soninké et l’engagement abolitionniste Ganbanaaxu Fedde ?

SF : La société soninké est fortement hiérarchisée sur la base de ce qu’on appelle communément les classes sociales ou castes. On peut affirmer ici que ce système d’organisation sociale a une forme pyramidale , au sommet on trouve les classes nobles , en deuxième position les gens qui constituent les corps de métiers et au bas de l’échelle les esclaves avec leurs démembrements aussi .
Comme toutes les sociétés la communauté soninké d’antan à en moment donné de son histoire avait besoin d’une organisation socio-politique par son propre génie afin d’assurer son existence dans la quête d’un bien être.
Mais la société soninké n’a pas su opérer les réformes nécessaires pour être en phase avec les réalités changeantes et c’est là où l’élite soninké dans son ensemble a échoué.
À mon sens le conservatisme ne devrait pas en aucun cas nous pousser vers une certaine forme d’autarcie aveugle qui nous conduira inéluctablement vers le déclin.
Pour parler de l’engagement abolitionniste Ganbanaaxu Fedde, on peut dire que ce mouvement a apporté à mon sens non seulement un éveil mais aussi une certaine prise de conscience collective pour rompre avec certaines pratiques esclavagistes .

Question 3 : Le 2 décembre de chaque année marque la journée internationale de l’abolition de l’esclavage, les séquelles du phénomène restent vivaces dans certaines zones en Afrique, selon vous quels sont les écueils qui empêchent une éradication définitive ?

SF : La date du 02 décembre 2022 nous rappelle d’abord un passé douloureux dans l’histoire de l’humanité et surtout en tant que noir africain.
Mais on peut se poser la question si l’esclavage dans ses différentes manifestations n’est pas encore d’actualité en dépit de toutes les injustices qui frappent de plein fouet les humains ?
Concernant précisément la société soninké, nous avions assisté à des difficultés pas moindres dans certaines contrées à cause de l’emprise féodale tellement présente.
Cette société a connu un passé glorieux à travers L’Empire du Gana ou le wagadou Biida, connu grâce à certains historiens Arabes .

Après la fin de la colonisation, et malgré l’avènement des indépendances , les soninkés sont toujours restés dans leur ancienne organisation où la loi n’est pas forcément une norme mais surtout c’est l’ordre coutumier qui régit les affaires de la cité soninké ou en pays soninkés.
L’une des difficultés majeures peut s’expliquer par la nature de nos Etats, quand on sait que ceux ou celles qui sont à la tête de nos institutions ont d’abord du mal pour légiférer sur la question et surtout quant à l’application des lois en vigueur pour restaurer la citoyenneté réelle.

Question 4 : Quel message avez-vous à l’endroit des militant.e.s et sympathisant.e.s de la mouvance anti-esclavagiste Ganbanaaxu Fedde, aux leaders communautaires et aux
autorités étatiques ?

SF : Le message que j’ai à l’endroit de nos leaders , militants, sympathisants, hommes comme femmes . Je les invite davantage à redoubler d’efforts car la réforme que nous portons se veut inclusive, longue , difficile et qui doit s’inscrire sur une durée.
Nous devrions nous focaliser sur certaines valeurs que je trouve cardinales voire déterminantes à mon sens pour l’accomplissement de cette cause juste : Courage, unité, solidarité et humilité.

9 décembre 2022

✍️🏿 Entretien réalisé par KS pour le BLOG

👉🏿 Lien PayPal de support au BLOG https://paypal.me/blogcriose?country.x=FR&locale.x=fr_FR

👉🏾Lien Amazon de notre livre Mes Écrits Osés https://amzn.eu/d/4R0fqa9

● Entretien exclusif avec Gaye TRAORE, président de Ganbanaxu fedde (OndeInfo Nouakchott)

Dans cette interview, ondeinfo a donné
l’opportunité à M. Gaye TRAORE, président de Ganbanaxu fedde, de passage à Nouakchott,  d’édifier « les communautés Soninké »  du monde et même au-delà,  sur le combat que mène son mouvement depuis maintenant 5 ans, dans plusieurs pays de l’Afrique de l’Ouest, principalement, – Mauritanie, Mali, Sénégal, Gambie –  à travers la diaspora et les réseaux sociaux.
Ce mouvement réformateur que d’aucuns appellent révolutionnaire s’attaque aux idées iconoclastes et fait de la lutte contre  l’esclavage par ascendance, sous toutes ses manifestations en milieu Soninké, l’une de ses priorités.
Pour Gaye TRAORE, le combat de Ganbanaxu est aussi  une question de défense de droit humain, en harmonie avec les lois de la république Islamique de Mauritanie où l’esclavage est criminalisé.
Ainsi, c’est avec beaucoup de sérénité, de conviction et  d’éloquence que M. TRAORE s’est prêté à nos questions.

Ondeinfo : Qu’est-ce que Ganbanaxu fedde ? Présentez-nous brièvement, votre mouvement.

M. Gaye Tene Traoré : Bonjour !  Ganbanaaxu Fedde sous le format forum initié par mes soins étant à l’époque secrétaire général d’Armepes-France (Association des Ressortissants Mauritaniens pour l’Eradication de la Pratique de l’Esclavage et ses Séquelles) créée en 2010, a été lancé le 5 octobre 2016 comme un espace d’échanges et de sensibilisation sur l’application WhatsApp. Aujourd’hui, c’est une mouvance anti-esclavagiste transnationale à travers l’ensemble communautaire sooninké et au-delà. Il y a plusieurs entités associatives qui la composent sous différentes dénominations d’un pays à l’autre. Côté mauritanien, l’alliance structurelle Ganbanaaxu est composée d’Amees, d’Uvds, d’Armepes-France et de l’association Ganbanaaxu Fedde RIM. Par ailleurs, sous le vocable Ganbanaaxu, il faut y compter une assise ingénieuse d’une composante sociale naissante qui prend corps peu à peu, dont le credo est l’effectivité d’une Fraternité Réelle et d’une Égalité Sociale et citoyenne. 

Le mouvement Ganbanaxu est souvent accusé à tort ou à raison, d’être extrémiste, d’avoir mal posé la question de la lutte contre l’esclavage coutumier. Que répondez-vous ? 

Je dirais, c’est un mauvais procès dégainé par certains détracteurs de notre Cause humaniste qui font de la fuite en avant. La perfection est de l’ordre du Divin, nous ne sommes extrémistes en rien du tout. Nous avons posé un débat autour d’une problématique très taboue jusque-là ; et les tensions ont surgi par les réactions acerbes venant des milieux réactionnaires dans le déni.

Certains de leurs extrémistes ont constitué de groupes WhatsApp comme « Démocratia-Islamique», « Tunkalenmu mbafade Daxa », « fans donald trump » et d’autres pour se soutenir et en faisant de l’apologie de cet esclavage par ascendance et des contre-campagnes anti-reformes dans la société sooninké. Nous avons toujours articulé nos mobilisations militantes autour du droit et des textes constitutionnels dans nos pays. Nous demandons une égalité sociale et citoyenne et refusons les discriminations liées aux coutumes féodalo-esclavagistes. Un projet pareil va heurter les mentalités moyenâgeuses qui n’admettent pas une communauté sans les hiérarchies sociales humiliantes.

Quel bilan faites-vous de la lutte contre l’esclavage coutumier, que d’aucuns appellent féodalité en milieu Soninké ? 

L’esclavage par ascendance serait le terme adéquat pour ressortir le fond de la réalité. Le caractère tabou a été dégoupillé à jamais et la prise de conscience massive est irréversible aujourd’hui. Le langage apologétique de l’esclavage n’est plus normalisé comme avant. Et toute la communauté sooninké dans son ensemble est interpellée sur la problématique et il nous faut ensemble définir un cap d’un nouveau Vivre-ensemble selon l’ordre citoyen et l’égale dignité entre tous ses membres. Un défi à toutes les voix progressistes, je rappelle que des réformes sont nécessaires pour un nouveau pacte social en phase avec notre époque.

L’esclavage est un crime en Mauritanie, quels rapports entretenez-vous avec les autorités Mauritaniennes ? Le mouvement Ganbanaxu est-il consulté ou associé à la lutte contre ce fléau ? 

La Mauritanie est bien dotée d’un arsenal juridique concernant cette problématique d’esclavage, je dirais que l’esclavage par ascendance n’est pas bien pris en compte dans sa spécificité. Il en faut davantage à ce niveau pour couvrir avec pertinence les manifestations sociétales de l’esclavage par ascendance ancré socialement dans nos différentes communautés.

Nos contacts restent timides avec les pouvoirs publics et nous continuons notre plaidoyer pour expliciter et exposer le fond sérieux de notre engagement dans le sillage global de la société civile droit-de-lhommiste en Mauritanie.

Au cours de cette année, le discours de Ouadane du président de la République son excellence M. Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani et celui du président de l’Assemblée Nationale Cheikh Ould Baya indexant les préjugés ou autres stigmatisations liés à une certaine hiérarchisation sociale, nous y avons trouvé de données similaires aux objectifs de notre engagement.

A l’heure actuelle, n’est-il pas temps que les Soninkés se réconcilient entre eux ?

La paix a un prix, le mouvement Ganbanaxu est-il prêt à négocier, auquel cas à faire des concessions et des compromis ? 

La paix, la vraie ne se refuse jamais. Nous ne réclamons rien de miraculeux d’ailleurs, il suffit que l’ordre régalien étatique à différents niveaux retrouve sa plénitude et sa rigueur dans nos localités pour tout mettre à l’endroit. Tout ce qui est du domaine public (foncier, l’imamat ou la gestion des mosquées par exemple), c’est à la force publique d’arbitrer fermement avec justice là où il y a litiges. Ce qui est de l’ordre de l’organisation coutumière, la qualité de Citoyen va prévaloir pour nos familles et nos composantes sociales. Ainsi l’autorité publique doit s’appliquer sur nous comme d’autres sans filtres ni intermédiaires d’un régime féodal. Tous égaux en droits, en devoirs et en dignité. 

En tant que président du mouvement Ganbanaxu, vous jouissez d’une grande aura en Mauritanie, au Mali, au Sénégal, en Gambie et ailleurs. Vous êtes souvent en Mauritanie, pour les vacances, mais vous êtes quasi absent sur les médias publics et privés. 

Est-ce un choix de votre part ? 

 Non, ce n’est pas un choix de notre part, je dirai une censure ourdie quelque part peut-être. Mon chargé de communication Koundou Soumaré avait écrit une contribution sur cet élément de constat il y a quelques années. Cet effacement sur l’espace médiatique public serait du fait d’un lobbying anti-Ganbanaxu qui ne dit pas son nom en coulisses. Nous portons un discours d’appel à l’égalité citoyenne et à la dignité humaine, et certains milieux soninkés introduits et influents pro statu quo intra-communautaire, dans certains services ne veulent pas d’une diffusion large d’un pareil discours.

Du coup, nous nous contentons de nos propres canaux médiatiques accessibles (Réseaux sociaux, sites internet et blogs) pour communiquer avec efficacité d’ailleurs. La présente interview avec OndeInfo en est une preuve notable. 

Si le mouvement Ganbanaxu était invité à participer au FISO, festival International Soninké, qui se tiendra à Nouakchott, en février 2023, répondra-t- il favorablement à l’invitation ? 

Notre mouvement ne rejette pas une invitation qui se ferait dans des règles claires et correspondantes aux principes de notre engagement. Ainsi si cette invitation arrivait à l’occasion du FISO annoncé en février prochain à Nouakchott, en toute transparence nous allons apprécier les contours et les conditions, et décider au final la pertinence d’y répondre favorablement ou pas. Pour l’instant donnons le temps au temps, on verra bien le moment venu. 

Si une perspective de réconciliation et de sortie de crise s’offrait aux Soninkos, le mouvement Ganbanaxu a-t-il des points sur lesquels, il reste intransigeant ?

Au risque de me répéter, je dirais encore si l’autorité publique s’implique sérieusement, nous sommes disposés à discuter et à trouver des solutions de paix et d’entente sociale. Et notre mouvement ne démoderait rien de particulier qui serait contraire aux droits garantis à tout (e) citoyen(ne) par la Constitution de notre pays. Par ailleurs nous n’accepterions jamais une quelconque soumission sociale à un ordre féodalo-esclavagiste. Notre référence suprême sera la loi qui ne reconnaît que le Citoyen comme unité régalienne par essence avant tout autre considération d’ordre coutumier ou autre.

Peut-on considérer Ganbanaaxu Fedde comme une organisation de droits humains ?

Oui, la mouvance Ganbanaaxu Fedde évolue dans le champ de la défense des droits humains. Du côté mauritanien, l’entité associative Ganbanaaxu Fedde Mauritanie dispose de sa reconnaissance officielle il y’a quelques mois et ses objectifs sont clairement énoncés pour le droit. Notre ambition est de l’intégrer dans la société civile droit-de-l’hommiste avec efficience.

Propos recueillis par Seyré SIDIBE  

©️ Repris via ondeinfo https://ondeinfo.com/entretien-avec-gaye-traorepresident-de-ganbanaxu-feddeentretien-avec-gaye-traore/

👉🏿 Lien PayPal de support au BLOG https://paypal.me/blogcriose?country.x=FR&locale.x=fr_FR

👉🏾Le lien Amazon https://amzn.eu/d/4R0fqa9 de notre ouvrage Mes Écrits Osés paru le 4 octobre 2022

● Nabil Ennasri : «Al Qaradawi détenait une autorité quasi papale» | Exclusif Mizane.info

Que sait-on réellement du parcours d’Al Qaradawi ? Quelle a été sa contribution à la pensée musulmane contemporaine ? Comment expliquer son succès fulgurant et le déclin relatif de sa popularité ? Pour répondre à toutes ces questions, la rédaction de Mizane.info s’est entretenue avec Nabil Ennasri, docteur en science politique, auteur d’une thèse portant sur les relations entre le cheikh al Qaradawi et la diplomatie de l’Etat du Qatar, soutenue à l’Institut d’études politiques d’Aix-en-Provence. Exclusif.

Mizane.info : Qui était vraiment Youssouf al Qaradawi ?

Nabil Ennasri : Youssouf al Qaradawi faisait partie du cercle des oulémas les plus influents du monde musulman. Un ouvrage publié en 2009 le désignait comme un « global mufti » et comme l’un des deux savants musulmans les plus influents de la seconde moitié du 20e siècle dans le monde arabe. Son apport a été à la fois scientifique, livresque, idéologique et même philosophique, un apport presque sans commune mesure dans le monde arabe en termes de production.

Il a été le maître à penser pendant des décennies de la mouvance des Frères musulmans, avec un leitmotiv qui a traversé toute son œuvre et qu’il mettait régulièrement en avant : le concept de la wassatiyya (juste milieu, ndlr).

Ce concept force (wassatiyya), il le martèlera tout au long de sa vie et dans son œuvre. La wassatiyya signifie la modération dans la lecture des sources religieuses, ce qui le plaçait entre les franges les plus rigoristes et conservatrices, voire fondamentalistes, et celles qui tendaient vers un laïcisme et un libéralisme plus exacerbé.

Pour rester dans un registre descriptif de la manière dont il considérait sa position, il voulait incarner un juste milieu entre le rigorisme des uns et la dissolution des autres.

Comment expliquer les raisons de sa notoriété, de sa popularité et de son influence dans le monde arabe ?

Trois grandes étapes nous permettent de le comprendre. D’abord sa formation, typiquement azharite (tiré du nom de l’université islamique égyptienne Al Azhar, ndlr). Cette formation était considérée comme l’une des plus novatrices en termes de cursus religieux, dans les années 1950/70. A l’époque, la formation dispensée à Al Azhar était considérée comme la plus performante du monde arabe, au moment où les universités du Golfe émergeaient seulement. Al Qaradawi gravira tous les échelons de cette formation jusqu’à obtenir son doctorat en 1973. Cette formation typique et classique le plaçait d’emblée dans le rang des oulémas traditionnels. Son approche traditionniste lui a donc permis d’engranger un certain capital symbolique auprès de ses coreligionnaires.

Seconde étape, sa production. Plus de 100 ouvrages, et en comptabilisant l’ensemble de ses épitres et contributions dans plusieurs volumes, cela monte à près de 200 ouvrages, du jamais vu. Cette production lui a ouvert les portes d’une dizaine d’université dans le monde musulman et ailleurs, en Europe et aux Etats-Unis, dans les années 70/80, auprès des communautés musulmanes occidentales. Ajoutons à cette production, le cumul de ses fonctions universitaires dans le monde musulman qui lui ont permis de fortifier un magistère moral et religieux qui a pris de plus en plus d’importance au fil des années.

Troisième étape, sa capacité à prendre le train des mass médias et de ce qu’on appelait les autoroutes de l’information. Qaradawi fut l’un des premiers à le faire au Qatar, à la radio d’abord, à la télévision ensuite.

A la faveur de la prise de pouvoir du prince héritier Hamad ben Khalifa Al Thani en 1995, et du lancement de la chaîne Al Jazeera, Al Qaradawi est devenu l’imam cathodique qui s’est fait connaitre dans le monde entier grâce à sa célèbre émission « Ash-Shariah wal-Hayat ». Tout cela va s’imbriquer jusqu’à en faire un « global mufti », une personnalité incontournable du champ religieux musulman.

Une célébrité qui lui vaudra des critiques des deux côtés, à la fois par les tendances rigoristes qui jugeait ses positions trop libérales l’accusant de prendre trop de liberté par rapport aux canons de l’orthodoxie, et par les franges libérales et laïques qui le jugeait trop conservateur sur certains sujets.

Al Qaradawi va particulièrement s’impliquer dans les débats d’idées et de société et va s’intéresser également aux questions qui touchaient les musulmans vivant en Occident. Il s’engagera activement dans la construction d’institutions comme le Conseil européen de la fatwa, les écoles IESH. Il fut aussi le président-fondateur en 2004 de l’Union internationale des savants musulmans. Tout ceci fait de lui une personnalité unique dans le monde musulman.

Vous avez évoqué sa formation et sa grande production. Etait-il un savant généraliste ou avait-il des champs de spécialisation ? Quelles idées, concepts ou réflexions particulières a-t-il laissé en héritage ?

Du fait de sa formation, Al Qaradawi a abordé et traité de nombreux sujets dans l’ensemble des disciplines islamiques. Notamment, les usul al fiqh (les fondements de la jurisprudence religieuse) et leur implémentation dans un monde moderne. Il a en ce sens énormément contribué à une forme de renouvellement de la pensée.

Par exemple sur les questions économiques, il a fait partie des shari’a boards de très nombreuses institutions bancaires islamiques qui ont impulsé la finance islamique. Avec son ouvrage, Fiqh al Zakat, Qaradawi s’est efforcé de proposer une relecture et une réinterprétation contextualisée de la zakat dans un monde moderne très mouvant qui entrait de plein pied dans le monde arabe et musulman, loin des lectures traditionnalistes du monde rural.

Une réflexion, donc, autant sur les fondements que les pratiques et leur application dans le monde contemporain. Il abordait également les questions de dogme, de la foi, mais aussi de la langue arabe, puisque c’était également un poète. On lui doit plusieurs ouvrages sur la rhétorique (al balagha) de la langue arabe pour laquelle il était reconnu.

D’une part Youssouf al Qaradawi était reconnu comme une autorité savante dans le monde musulman et exerçait une influence prépondérante en ce sens, mais d’autre part certains de ses ouvrages étaient interdit en Egypte et en Arabie Saoudite. Comment comprendre ce paradoxe ? Que pouvez-vous nous dire sur la réception de son travail dans le monde arabe ?

Cette réception est très dépendante du contexte. Dans les années 60 et 70, al Qaradawi est très reconnu dans l’ensemble des pays du Golfe. Il va lancer l’université islamique du Qatar dont il sera le premier recteur. Son activité s’intensifie : il participe à de nombreux colloques dans le monde musulman, est invité par plusieurs universités, voyage régulièrement aux Emirats arabes unis. Avant la guerre du Golfe (1991), la pensée des Frères musulmans est relativement en symbiose avec celle des wahhabites saoudiens, ce qui va provoquer le phénomène de sahwa, le réveil islamique, phénomène très bien développé par Stéphane Lacroix et d’autres. Les seules querelles sont des querelles de dogme.

La guerre du Golfe va bousculer cette symbiose et créer une scission à l’intérieur du champ islamiste avec des littéralistes saoudiens qui vont critiquer la pensée politique des Frères dans le rapport à l’autorité et à l’Etat, ainsi que la légitimité démocratique de l’appel aux urnes et de la mobilisation populaire que Qaradawi a toujours validé.

L’un des marqueurs d’al Qaradawi est de s’engager pleinement dans les débats d’idées et de société les plus sensibles du monde arabe, en particulier la cause palestinienne, la guerre en Irak, l’Afghanistan, les Talibans, et après 2010, il exprimera son soutien aux révoltes arabes jusqu’à l’appel quasiment au meurtre de Kadhafi.

Ces positions vont faire pâlir sa popularité et le faire percevoir comme un porte-voix de la diplomatie qatarienne. Même chose pour sa lecture de la révolte bahreïnie comme n’étant non pas un soulèvement populaire comme cela a pu être le cas en Egypte, au Yémen et ailleurs, mais comme une révolte confessionnelle qui n’était pas l’expression populaire légitime du peuple bahreïni. Cela va contribuer à ternir son image.

Ses opposants lui ont aussi reproché d’avoir contribué à accentuer la confessionnalisation de la guerre en Syrie entre sunnites et chiites…

A mesure qu’il intervenait dans les débats publics, le cheikh Al Qaradawi est devenu d’autant plus clivant qu’il pouvait se positionner sur des sujets qui n’étaient pas religieux. A partir du moment où effectivement il va s’engager aux côtés des révolutionnaires et s’opposer frontalement à des régimes, étant donné le caractère extrêmement clivant de la guerre syrienne ou libyenne, il va devenir le porte-voix officieux de certains Etats, ce qui lui vaudra des foudres de critiques de ses aînés.

A l’instant où il entre dans l’arène politique en prenant des positions aussi tranchées, dans un contexte symbolique et physique aussi violent (crises syrienne, libyenne, bahreïnie), le contrecoup sera très fort en raison du caractère très politisée de ses positions. Ce qui s’en ressentira sur son image et fera baisser son audience dans le monde arabe.

Vous disiez récemment dans Le Monde que la mort de Youssouf Al Qaradawi marque « la fin d’une époque. » Qu’entendiez-vous par là ?  

Youssouf al Qaradawi avait une place structurante dans la pensée des Frères musulmans d’une manière générale, ce qui n’est pas peu de chose quand on sait que les Frères musulmans constitue l’un des pivots majeurs du champ religieux contemporain dans le monde arabe.  Il jouait un rôle de référent du fait de sa contribution en termes de grille de lecture intellectuelle, une contribution qui a permis à des musulmans de pratiquer leur foi dans un monde moderne en pleine mutation.

Il incarnait le rôle d’un Guide spirituel pour les Frères musulmans. Il était le seul à détenir cette autorité quasi papale pour reprendre les termes de Stéphane Lacroix et Thomas Piret, le seul à posséder un tel capital symbolique.

Sa disparition crée une forme de vide difficilement remplaçable par des mandataires secondaires par rapport à la posture papale qu’il avait.

Propos recueillis par la rédaction

©️ Repris via https://www.mizane.info/nabil-ennasri-al-qaradawi-detenait-une-autorite-quasi-papale/

● Interview | Birame Dah Abeid, «Aziz ne court aucun risque d’être jugé, car, selon les dire de ses proches, il dispose d’arguments dissuasifs»



~~~Sur ses relations avec Mohamed Cheikh Ghazouani, sur les reproches qui lui sont fait par ses détracteurs durant ses dernières sorties, sur les élections locales en vue, notamment la présidentielle de 2024, et sur une éventuelle coalition de l’opposition autour d’un front uni, le leader de l’Initiative de Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA) et député à l’Assemblée Nationale, Birame Dah Abeid, revient en détail. Entretien.



Actualité oblige, quelle lecture faites-vous de la libération de l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz dont l’assignation à résidence a expiré le 8 septembre 2022 ?

Mon impression est celle de tout Mauritanien. Nous avons assisté à une véritable tentative d’induire le peuple en erreur. On a joué avec les espoirs du peuple et ses sentiments. On a fait de sorte que le peuple ait l’espoir qu’il y a un début véritable de lutte contre la gabegie. Mais apparemment il s’avère que ce n’est pas le cas. Je pense que le ressenti du peuple après cette désillusion risque de faire très mal au président Ghazouani et à son clan. Le peuple se sentira floué et méprisé, considéré comme un jouet. Je pense que cette affaire va renforcer, chez les populations, l’impression de se retrouver, toujours, devant un dossier de représailles entre les différentes factions d’une même coterie qui a pillé et continue de piller le pays, parce que la reddition des comptes n’est pas dans sa logique.

Expliquez-vous davantage…

Ce que je viens de dire c’est que le sentiment populaire est d’autant plus exacerbé que la gabegie a continué de plus belle sous l’ère Ghazouani. Même après l’incarcération de Aziz et sa mise en accusation lui et certains de ses compagnons, la mauvaise gouvernance persiste et se banalise ; ses scandales réguliers défrayent la chronique, quasiment chaque mois.

Est-ce que vous pensez comme certains le disent, que si l’affaire de la décennie s’avère en définitive un simple jouet entre les deux dirigeants, ce serait un boulevard qui va être ouvert à Birame pour s’accaparer du pouvoir présidentiel ?

Je pense que l’opposant est de nature opportuniste mais mon rôle à moi consiste à interpeler les différents protagonistes qui méprisent le peuple et se jouent de sa colère légitime envers les cleptocrates toujours impunis. In fine, la population, dans sa diversité, nourrit le sentiment d’avoir été trahie, manipulée, aux seules fins de la conservation du pouvoir. Notre responsabilité d’opposant nous dicte de jeter la lumière sur cette imposture, d’enfoncer le clou pour amener le peuple à adopter une réaction citoyenne, en vue d’exiger davantage de redevabilité, au-delà des effets d’annonce, sans lendemain.

Vous avez certainement appris que Aziz a récupéré ses passeports et qu’il pourrait même voyager à l’étranger mais le Parquet a publié un communiqué selon lequel le dossier de Aziz et consorts est toujours en cours et qu’un procès aura lieu. Est-ce que vous pensez qu’il y aura un procès ?

Ah non, le flafla du Parquet n’a aucun sens. C’est une tentative désespérée de tromper le peuple, à nouveau. Je prends le pari que le dossier ne parviendrait pas jusqu’au prétoire. L’ex-Président Mohamed Ould Abdel Aziz dispose d’informations, voire de révélations, à caractère dissuasif. Lui et ce qui reste de ses proches loyaux sont en mesure de produire des arguments à même de décourager ceux qui veulent aller au procès. Ils l’ont toujours clamé : jamais le pouvoir de Ghazouani ne pourra les juger. Les deux segments du même noyau dirigeant sont embourbés dans une fange identique, comme le rappelle l’étroitesse des liens initiaux entre Aziz et Ghazouani. Les gens présents sur le banc des accusés et ceux actuellement en charge de la direction de l’Etat appartiennent à un vivier invariable, celui de l’oligarchie politico-militaire, du renseignement et du complexe tribalo-marchand. Leur fortune procède des ententes illicites, du trafic d’influence et des conflits d’intérêts. Dans le fond, aucun ne gagne à enfoncer l’autre.

« Ma récente visite à l’intérieur m’a prouvé que l’Etat est absent »


Vous venez d’achever une visite dans plusieurs régions du pays, quelles leçons tirez-vous de cette tournée ?

La leçon que je tire de mes visites dans les régions du Brakna, de l’Assaba et d’une partie du Trarza et du Hodh Gharbi que je viens de sillonner en quatre semaines, d’août à septembre 2022, reste l’absence de l’Etat. En dehors des symboles de l’autorité administrative et des casernes militaires, la gouvernance de proximité et les services universels de base font cruellement défaut. Au sein des quartiers populaires des villes et surtout à l’intérieur du pays, le hiatus s’impose au regard. L’Etat se limite aux bureaux et au contrôle du trafic routier. Il n’y a plus d’écoles, plus de services sanitaires, plus d’eau, les populations ont soif, l’encadrement paysan s’étiole, le personnel des eaux et forêts n’est plus visible en rase campagne, les services météo sont à l’abandon…Ici, l’on peut parler d’une faillite multidimensionnelle de l’Etat mais, pour le moment, en mode sourdine.

Vous voulez dire que l’Etat est aujourd’hui seulement au service des oligarques au détriment des populations ?

Bien sûr, les féodalités tribales et claniques, les groupes d’intérêt issus de la haute administration et les commis de l’Etat sont devenus les grands électeurs dans leurs circonscriptions. Il s’agit de mini-chefs d’Etats dans l’Etat, à l’image de Kankossa. Ce grand département est sous la coupe réglée de trois meneurs, Kaba Ould Elewa, Lemrabott ould Bonnahi et du notable général Ould Mohamed Radhi. Ces hommes, comme ailleurs en pays maure et soninké et poularophone, y font la pluie et le beau temps ; ils continuent à contrôler les populations et leur indiquer où aller et comment voter, en contrepartie de subsides. Vous pouvez rajouter, au constat, la difficulté, notamment pour les descendants d’esclaves et les gens de la ruralité, d’obtenir les documents biométriques de l’état-civil.

Cependant, nous avons mis un pied dans la fourmilière, en dépit de la campagne féroce visant, sans succès, à réduire notre audience lors de la tournée. L’accès de plus en plus exponentiel au téléphone portable à la connexion internet nous a servi de catalyseur décisif et facilite le travail de mobilisation. Nous comptons accentuer cet atout, afin de surmonter les réflexes de crainte envers le makhzen (pouvoir) et le chantage alimentaire, à l’encontre de nos partisans et sympathisants.

« Mohamed Cheikh Ghazouani n’a aucune chance de gagner la prochaine présidentielle »


Les images de votre visite tournent en boucle dans les réseaux sociaux et l’affluence des populations semble vous avoir galvanisé.

En effet, comme vous l’avez sans doute constaté, dans les images des accueils qui nous ont été réservés, il y a un basculement inédit et à 180°, des populations contre le parti au pouvoir. Je pense que cela va se sentir très prochainement au cours des élections. Durant la tournée et à son terme, j’ai conçu le doute, fort, que le président Ghazouani puisse remporter un second mandat. Il aura du mal à compétir dans la transparence et risquerait, alors de frôler l’humiliation.

Vous avez lancé il n’y a pas longtemps un appel pour une candidature unique de l’opposition à la présidentielle de 2024 pour créer une nouvelle transition démocratique en Mauritanie et une coalition forte autour des législatives et des élections locales. Avez-vous partagé l’idée avec d’autres leaders de l’opposition ? Si oui, quelle a été leur réaction ?

J’en ai parlé personnellement – Oumar Yali (président du parti RAG) aussi – avec certains dirigeants de l’opposition, au moins deux, qui ont signifié leur accord de principe, certes pas avec beaucoup de ferveur. Néanmoins, je pense utile de mieux promouvoir la perspective de l’unité par-delà les divergences. D’ailleurs, les rares partis de l’opposition reconnus, sont menacés de mort, surtout si chacun d’eux tente, à lui seul, de mener une confrontation avec le pouvoir.

La seule issue pour le changement non-violent et démocratique demeure l’union, le consensus minimal qui permettra de ressusciter une opposition unie et très forte, une opposition plurielle et démocratique qui va redonner espoir aux Mauritaniens. Toutes les composantes de l’alternative au statuquo – indépendants compris – ont la capacité d’obtenir la majorité, accéder au Parlement, dans les conseils municipaux et régionaux. Les mouvements de la diaspora disposent, à cet égard, d’un potentiel jusqu’ici négligé.

« L’opposition est condamnée à s’unir autour d’un front ou disparaître »

Vous pensez qu’une coalition forte des partis d’opposition est encore possible et qu’elle pourra battre l’appareil d’Etat et son parti ?

Oui, je crois avoir suffisamment répondu à la question. La victoire est à portée si nous savons nous départir des querelles de préséance et de la profusion des egos ; devant nous, se précisent les échéances de 2023 et 2024. Le délai se rétrécit et il nous appartient d’agir, ici et maintenant, avec la conscience aiguë de l’urgence.

En avez-vous parlé aux grands leaders, ceux de l’UFP, du RFD, de l’APP… ?

J’en ai discuté avec l’UFP et Omar Ould Yali s’en est ouvert à l’APP. Tous ont marqué leur faveur à l’idée. Il s’agit, à présent, de travailler à sa mise en œuvre. La liste n’est pas exhaustive et les démarches suivront leur cours.

Au cas où le parti RAG ne serait pas reconnu d’ici les prochaines élections, quelle stratégie comptez-vous adopter ? Allez-vous réitérer l’option Sawab-RAG ou est-ce que vous avez entamé des pourparlers avec d’autres partis politiques ?

Je pense que la volte-face de Ghazouani face à son engagement de réhabiliter les libertés publiques, celles de s’associer et de créer des partis, recèle une erreur stratégique et politique suicidaire. A mon avis, le président Ghazouani, depuis son avènement en 2019, aura apporté, de l’apaisement, aux mauritaniens. Toutefois, l’acquis de la concertation avec les acteurs politiques ne peut produire des résultats durables que si le sommet de l’Etat respecte ses engagements. Hélas, il n’en est rien concernant le RAG et les FPC ou beaucoup plus simplement, l’application de la loi nationale sur les partis politiques, à titre d’illustration…

Les faucons, amenés par le ministre de l’Intérieur et les suprématistes tribalo-nasseristes ont eu finalement raison des intentions louables du président Ghazouani.

« Les faucons du pouvoir ont pris le contrôle de l’Etat sous la férule du ministre de l’Intérieur »

Ces faucons seraient donc d’après vous, contre la méthode Ghazouani de pacifier le climat politique et de rétablir la primauté de l’Etat démocratique ?

Pire, je pense qu’ils sont en train de conduire le pays vers l’inconnu. L’actuel ministre de l’Intérieur, Mohamed Ahmed Ould Mohamed Lemine, disciple et frère de Ghazouani, le membre le plus proche de sa famille, son éminence grise, a été placé à ce poste très sensible, en vertu de la confiance entre les deux. Or, j’ai peur qu’il ne conduise le pays vers un drame similaire à celui de 1989 ; son prédécesseur d’alors, le Colonel Gabriel Cyamper ou Djibril Ould Abdellahi, avait poussé Maawiya Tay, ouvert à ses débuts, à s’enfermer et à sévir, à la fin des années 80 ; l’on se souvient du lot d’exécutions extra-judiciaires et de déportations, de l’aventurisme diplomatique et des réfugiés encore installés au Sénégal et au Mali voisin. La non-réparation de tels crimes nous poursuit encore et tend à compliquer le vivre-ensemble à l’intérieur de la Mauritanie. Par ses agissements, le personnage incarne, semble-t-il, une menace majeure à la stabilité et à la paix. Son obstination à réduire le nombre des partis politiques et compliquer la reconnaissance des plus populaires témoigne d’une peur face au verdict incertain des urnes. Et cela nous inquiète.

En quoi cela vous inquiète-t-il ?

Sa proximité familiale avec le Président de la République et sa promptitude à régler des comptes avec tous ceux qui le contredisent l’élèvent, de facto, au rang d’un fauteur de trouble, au sommet de l’Etat. A force de lui déléguer les missions délicates, le Président de la République l’a institué régent, si ce n’est dauphin putatif. Naturellement, son zèle le conduit à empêcher, autant que possible, l’éveil, en politique, des Mauritaniens d’ascendance subsaharienne, comme s’y obstinaient tant d’autres gouvernements depuis 1978. Nous répétons que la bataille est perdue d’avance parce qu’elle ne prend pas en compte la démographie, l’éveil citoyen et la célérité de l’information. La gouvernance bédouine n’a pas d’avenir, à cause de sa désuétude.

Leur objectif consiste préparer une réélection facile de Ghazouani en éliminant les adversaires de taille. Selon leur entendement, il faut empêcher Birame, dès le scrutin général de 2023, de disposer du nombre de parrainages requis au titre de la compétition suivante. Le refus de reconnaître le parti RAG procède du projet, malgré la parole donnée….

« Rien ne peut empêcher ma candidature en 2024 »

Est-ce qu’ils pourront le faire ?

Evidemment non, car ils perdent de vue que le parrainage est institué seulement pour soulager l’Etat quand il doit prendre en charge des multitudes de candidatures farfelues. Il me semble que la mienne déroge : j’ai été élu député, en prison, dès 2018 ; en 2014 et 2019, l’élection présidentielle m’a conféré la place de second candidat, par la densité des suffrages, avec un score en progression constante. De surcroît, l’opinion publique nationale et internationale ne saurait concevoir ou trouver un justificatif à l’absence de Birame, autrement que par l’obstruction à ses droits de citoyen.

Je lance un appel à l’Union Africaine, aux Nations Unies, à l’Union Européenne, à la CEDEAO et à l’Organisation internationale de la francophonie et au National Democratic Institute, pour qu’elles surveillent de près les échéances de 2023 et de 2024, en Mauritanie. Nous attirons surtout leur attention sur les exclusions et discriminations relevant du découpage électoral et de la biométrie.

Comment les bailleurs de fonds et les partenaires de la Mauritanie pourraient-ils accepter de financer et de cautionner des consultations électorales dont les résultats entretiendraient une source de conflit civil, au moment où la sous-région Afrique de l’Ouest s’embrase ?

Je m’adresse, ici, à tous nos partenaires, en particulier la France et l’Espagne.

« La communauté internationale doit suivre les échéances électorales en Mauritanie »


Pourquoi la France et l’Espagne ?

Parce que la France et l’Espagne ont toujours cautionné les fraudes électorales en Mauritanie, au nom du sacro-saint principe de la stabilité à court terme. Je dis, à la France, que le délire anti-Français en Afrique résulte de ses erreurs de doctrine diplomatique mais il n’est pas trop tard pour réparer. La France doit se montrer de l’héritage universaliste de la république. Elle y gagnera, nous aussi…

Propos recueillis par
Cheikh Aïdara

©️ Via https://aidara.mondoblog.org/2022/09/09/interview-birame-dah-abeid-aziz-ne-court-aucun-risque-detre-juge-car-selon-les-dire-de-ses-proches-il-dispose-darguments-dissuasifs/

✓Le Grand Entretien du BLOG | Avec l’ingénieur informatique Sidi Camara, le concepteur de l’outil numérique Khrankompé.

La rubrique du GEB (Grand Entretien du BLOG) vous revient avec l’interview qu’un jeune pépite ingénieur visionnaire nous a gentiment accordée. Il s’appelle Sidi Camara, jeune mauritanien du Guidimagha (Tachott) qui est le concepteur d’un support numérique facilement exploitable et accessible dédié aux contenus pédagogiques et d’enseignement en langue maternelle. Son dispositif numérique est appelé Khrankompé (en vocable soninké) qui veut dire « salle des cours », vient d’être promu parmi les 10 finalistes de la sixième édition du Challenge App Afrique sponsorisé par l’influent duo organe médiatique français à l’international RFI et France 24 . À nos questions, l’ancien boursier mathématicien diplômé en Algérie et par la suite en France à l’université de la Sorbonne Université Paris 6, explique succinctement les objectifs de son outil innovant porteur d’espoirs en matière d’accès aux contenus d’enseignement. Et il nous distille quelques prompts conseils pour l’intérêt que doit avoir la promotion de l’éducation dans notre communauté.

À Lire ci-après :

Question 1 : Bonjour Monsieur Camara Sidi Moussa, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ? Parcours éducatif et professionnel…

SC :Je suis Sidi CAMARA, je suis de Tachott, Mauritanie. J’ai eu le bac Mathématique en 2013 suite à quoi l’État m’a offert une bourse en Algérie pour une licence en Mathématique Informatique que j’ai obtenue en 2016. De 2016 à 2018 j’ai fait mon master en informatique à l’université Paris 6 (Sorbonne université, ex UPMC)

Depuis 2018 j’ai travaillé pour plusieurs entreprises de la région Lyonnaise et Parisienne en tant que Data engineer (ingénieur de données) et ingénieur machine learning.



Question 2 : Selon des sources médiatiques, vous êtes finaliste au Challenge App Afrique avec votre projet Khrankompé, nos vives félicitations à vous. Pouvez-vous présenter la nature de ce dispositif Challenge et votre projet Khrankompé ?

SC : L’objectif de Challenge App Afrique est d’imaginer le service numérique qui contribuera à l’éducation des enfants. L’objectif du concours est de prendre un lauréat parmi les entrepreneurs (en Afrique) dont les projets contribuent à l’éducation des enfants. Le lauréat bénéficiera d’un prix de 15 000 € et un accompagnement personnalisé.

Khrankompé: L’objectif de Khrankompé est de produire tous les cours du primaire expliqués en langue locale et accessibles en offline sur smartphone et support USB tout en conservant la langue d’écriture de l’enseignement.

~L’élément média : Facebook Challenge App Afrique




Question 3 : En quoi les contenus pédagogiques sur supports numériques peuvent convenir avec pertinence aux besoins en matière de politique globale d’instruction dans nos pays, en particulier en Mauritanie dans les zones rurales ?

SC : En Mauritanie le système éducatif est en français et arabe ce qui pose beaucoup de problèmes aux enfants dont la langue maternelle est autre que ces deux langues.
Les contenus pédagogiques sur support numérique permettent de déployer la solution à large échelle et à moindre coût tout en permettant à chaque enfant des cours de qualité et dans sa langue natale.


Question 4 : Quels conseils pouvez-vous donner pour l’émergence d’une grande mobilisation autour de l’école en milieux soninkés ?


SC : Que ceux qui ont eu un parcours scolaire exemplaire soient des exemples pour les plus jeunes en leur parlant :


~ de leurs parcours,

~ des opportunités offertes par l’éducation,

~ la différence entre un ingénieur et un manœuvre.

• Que l’éducation devienne prioritaire sur l’emigration.

• La mise en place des événements mettant en avant le succès scolaire


Question 5 : Votre avis sur le régime éducatif hybride (semi privé et madrassas) qui existe en parallèle des écoles publiques dans nos localités villageoises ? Inconvénients et avantages pour l’avenir de nos enfants ?


SC : Pour moi ces madrassas ne devront jamais se substituer à l’école nationale et qu’elles devront plutôt être mises en place sous forme de soutien scolaire. Car ces madrassas n’assurent pas un parcours scolaire pérenne (pas de bac, pas de collège, ..etc). En général, les enfants deviennent déscolarisés après un certain temps et en sortent sans profession et aucun bagage scientifique.

12 mars 2022

Entretien réalisé par KS pour le BLOG