● Angle mort : invisibilité des femmes mauritaniennes dans luttes sociales et politiques | Dr Sidi IB NDIAYE

Il y a de cela quelques années, l’idée d’ouvrir un nouveau thème de recherche sur la contribution des femmes mauritaniennes aux luttes politiques et sociales des dominés au sens large, m’a semblé essentielle. Cette idée n’est pas tombée du ciel. Elle est venue à moi d’abord parce qu’au cours de mes années de thèse, j’ai rencontré majoritairement des hommes qui ont bien voulu me livrer leurs témoignages. Très peu de femmes (en dehors de l’association des veuves à Nouakchott). A chaque fois que j’ai posé la question du rôle joué par les femmes (épouses en particulier) des victimes du régime militaire, leur présence active mais bien souvent discrète dans les luttes des années 1960 à 1990, a systématiquement été signalée et soulignée. Mais sur les photos et dans la littérature grise, cette place a été réduite à une portion congrue. J’ai donc décidé de contacter des femmes en France et en Mauritanie en leur expliquant que je souhaitais écrire un article sur leur participation/contribution passée et présente à des combats dont les figures connues sont des hommes. Il s’agissait aussi de dire les mémoires féminines des luttes sociales et politiques. J’ai dû me résoudre à ne rien écrire puisqu’elles n’étaient visiblement pas attirées par ce projet.
Vendredi 29 octobre 2022, à l’occasion de la projection d’un film sur une partie de l’histoire politique de la Mauritanie, un témoignage indiquant un détail (une femme a dactylographié le Manifeste du négro-mauritanien opprimé en toute clandestinité) a réveillé ce besoin de rouvrir un projet abandonné. Ce témoignage s’ajoute à un autre que j’ai conservé : « lorsque nous étions en prison, nos épouses ont remué ciel et terre pour nous faire libérer, elles ont mobilisé les ressources dont elles disposaient » . Pour l’époque, écrire dans la clandestinité et se mobiliser physiquement n’étaient pas des choses banales. Mais il est certain que ces femmes ont fait davantage. Pourquoi sont-elles donc les grandes absentes? Ont-elles été invisibilisées ou ont-elles choisi l’invisibilité?

L’histoire récente de la Mauritanie a vu de nombreuses femmes occuper le devant de la scène. Je pense à l’association des femmes chefs de familles, celles d’IRA et encore plus récemment, celles d’OLAN (et d’autres encore qui me pardonneront de ne pas les citer). Dans la conception comme dans l’exécution des « opérations », elles ont joué un rôle capital. Qu’est-ce qui a changé depuis une vingtaine d’années et pourquoi, malgré tout, sont-elles encore si invisibles ?

©️ Repris via le post Facebook de l’auteur https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=10229985413440862&id=1276221907

● Le Mot du Blog | Mon passage à Londres en quelques mots !

~ Le mythique Bus londonien en étage.

Mon premier voyage dans la capitale anglaise a lieu en octobre 2017. Une visite fraternelle et amicale auprès d’un frère originaire du village de Danguerimou (Guidimagha, Mauritanie). Nous avons fait connaissance il y’a 18 ans aux environs de la ville de Barcelone, et nous nous étions retrouvés dans une large communauté de vue sur différents sujets abordés (les études, notre situation sociale aléatoire de migrants en Europe, les problématiques liées aux coutumes soninkés, les tabous…). Depuis nous avons tissé des liens amicaux solides et connu ensemble le militantisme droit-de-lhommiste notamment contre les injustices liées au régime féodalo-esclavagiste au sein du corps communautaire sooninké. En mai 2011 à Paris, il m’avait été d’une grande assistance lors d’une cérémonie sociale pionnière (baptême organisé sans le laadalenmaxu). Et il avait prouvé qu’il tenait courageusement à nos convictions anti-féodales.

Ainsi il m’a accueilli déjà à Londres en 2017 et cette année aussi avec égards et gentillesse. Et l’occasion ici pour moi de lui exprimer à travers ce billet ma reconnaissance fraternelle et amicale. 

Le Royaume-Uni de 2017 était sous contrôle politique du parti conservateur avec madame Theresa May comme Première ministre. Le Brexit était en mouvement turbulent vers sa finalisation, la reine Élisabeth II régnait. La sortie de l’UE a été menée à terme sous la gouvernance d’un autre leader conservateur, le tonitruant Boris Johnson. En novembre 2022, les conservateurs britanniques dirigent toujours avec un jeune Premier ministre de 42 ans, Rishi Sunak (Premier chef du gouvernement non blanc de l’histoire du pays). Un richissime homme politique ayant des origines indiennes, il confesse la religion hindouiste. Le trône royal est passé au prince Charles devenu Charles III après le décès de la reine Élisabeth II le 8 septembre 2022.

Ci-joint mon post écrit à mon arrivée ce 2 novembre 2022 :

🔵🇬🇧 Londres | Me voilà 5 après mon premier voyage.

Ici je retrouve mon diatigui (hôte), monsieur Samba Diallo , un ami et frère révolutionnaire anti-féodal résolu. Ainsi je ne serais pas tenté de me convertir en sujet dans un pays où règne un très vieux régime féodalo-monarchique. Ce génie britannique qui a su marier Liberté « Libre » (Terreau pionnier de diverses pensées ayant marqué l’histoire politique, économique et sociale du monde) et Norme constitutionnelle monarchique (sous une démocratie représentative puissante).

L’homme connu sous le pseudo SKD a été du premier sérail dans les RS (2010-2014) du militantisme droit-de-lhommiste qui dénonce le régime féodalo-esclavagiste négro-mauritanien. Cet angle couvert et sciemment ignoré trop longtemps dans l’engagement abolitionniste en Mauritanie.

Il a acquis naturellement son exemplaire de notre livre 📖 Mes Écrits Osés. Merci et reconnaissance à toi cher frère.Top👍🏿.

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Paris – Londres

Ces deux grandes villes européennes sont distantes de 342 kilomètres. En 2017, j’avais emprunté le Bus (flixbus) en aller-retour avec un coût très abordable environ 70€ . Cette année, le parcours a été via Eurostar avec un prix aller-retour s’élevant à 97€. Londres, une ville et ses environs, reflète le monde en miniature quand on se réfère à l’ancien empire britannique.

Le tunnel de la manche (50 km) qui relie les 2 pays est un ouvrage de génie technique réalisé et en fonction depuis bientôt 30 ans :

~Sources : Wikipedia

Les rencontres et retrouvailles :

Après-midi très amical avec l’universitaire Marie Rodet et sa famille. La réalisatrice du film le diambourou https://vimeo.com/245704895?fbclid=IwAR1xbeI_x4Dl0JLl1Z64MXN1uSDvSiZ2lJhbGqgC8fXXIUD1Q8OCSc9aJ6c .

Une voix autorisée et reconnue sur les problématiques liées à l’esclavage par ascendance en Afrique de l’ouest notamment au Mali, avec différentes interventions médiatiques et d’études comme Esclavage et Migrations Forcées – EMiFo .

Notre 📖 Mes Écrits Osés qu’elle a acheté il y’a quelques jours déjà lui a été dédicacé.

~Avec Dr Marie Rodet

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Crédit 📷 par Samba Diallo

~Avec un oncle londonien depuis plusieurs décennies, Koly Dicko (photos 2017 et 2022)
~Avec l’oncle Diallo Baré Dicko après la prière du vendredi à Tottenham

Sites vus quelques photos 📷 en vrac :

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● La primauté de la condition sociale sur la langue | Par Seyré SIDIBE (OndeInfo)

Pendant longtemps, appartenir à une même communauté linguistique, parler la même langue, était une raison suffisante pour défendre de facto, les mêmes intérêts et partant appartenir à un même « empire ». C’était s’inscrire dans une même communauté des destins. En effet, la langue était un lien fort qui transcendait les marigots, les rivières, les fleuves, les montagnes, les dunes et même les océans pour  fédérer, rassembler des locuteurs venus de partout et de nulle part.

Dans une échelle plus grande, la francophonie est  devenue une véritable cacophonie pour certains,- ils ne s’y retrouvent pas – et se sentent plus liés à des lusophones, anglophones ou arabophones par le fait qu’ils ont en commun les mêmes problèmes existentiels.

Parler la même langue était source de rapprochement, de complicité et de confiance mutuelle ; si bien que les locuteurs d’une même langue partageaient les mêmes croyances et préjugés, des normes et références communes : ce qui était suffisant pour qu’ils  s’unissent pour le meilleur et pour le pire.

 La langue était ainsi l’un des critères de classification les plus déterminants comme la tribu, dans certains pays du monde, qui représente la référence Absolue, et dont la prééminence et la stature vont jusqu’à concurrencer, la nationalité ainsi que l’Etat et ses symboles.

Cette fracture est également observée dans la religion qui a montré ses limites : prier dans la même mosquée, fréquenter la même synagogue ou la même paroisse  ne suffissent plus pour créer les conditions d’une alliance qui garantit la paix et la cohésion sociales.  

Désormais, seule la condition sociale  s’impose  comme l’élément fédérateur le plus pertinent capable de créer des liens sincères et francs entre les humains : plus fraternels que les rapports sociaux et communautaires classiques basés sur la race, la langue, la tribu, l’appartenance géographique ou culturelle.

L’injustice, la discrimination, la marginalisation, l’exclusion créent ainsi des dynamiques sociales, « une supra classe sociale » portée par des réalités  et contextes socio-politiques, économiques et culturelles spécifiques : des nouvelles alliances. Il en est de même pour une position sociale avantageuse et confortable qui rassemble des individus autour des mêmes intérêts et se moque de leurs appartenances diverses et spécifiques.

Dès lors, s’investir à défendre une langue, même de surcroit maternelle est certes une démarche identitaire et naturelle, mais elle ne peut garantir l’émancipation et l’égale dignité de toute la communauté linguistique et ethnique – les inégalités  sociales  mises « en jachère » referont surface une fois le but atteint- ; on combat une injustice venue du dehors et on camoufle et maintien celle de l’intérieur.

La langue est certes un facteur d’unité mais une unité de façade. Elle n’est pas toujours égalitaire pour tout le monde. Ses voyelles et consommes n’ont pas les mêmes longueurs et les mêmes largeurs pour tous les locuteurs, sa musicalité sonne différemment, selon les locuteurs : les intérêts sont divergents selon les classes.

En revanche, la condition sociale crée une ferveur et une rencontre heureuse entre des « victimes » de tous bords  unies  par l’instinct de survie pour former une communauté hétérogène du fait de la diversité des provenances et origines pour « fraterniser ensemble » autour d’un même destin, souvent implacable. Ce lien est plus fort que la parenté, la famille et la langue ou encore les classifications sociales traditionnelles et statiques.

La langue surtout lorsqu’elle fait référence à une « communauté ethnique » a cessé d’être un critère déterminant et identitaire pour unir  des individus par ce que conjuguant seulement le même verbe. En effet, elle n’exprime pas toujours la même sagesse et la même fierté de s’y identifier pour tous les membres de la communauté linguistique. 

En définitive, seule la condition sociale compte. Elle transcende et bouscule les liens et alliances traditionnels basés sur la langue ;  par le fait qu’elle est partagée et commune à  des millions et de milliers de personnes qui ne se connaissent forcement pas, ne se sont jamais rencontrées, mais liées par le besoin de s’affranchir, de s’émanciper d’une situation qui les broie, leur ampute une partie de leur dignité et de leur humanité.

 Il faut donc compter avec cette nouvelle classe, une alliance nouvelle dynamique, ouverte, supranationale et mondiale née de l’expérience et du vécu pour défendre le même idéal et des intérêts Existentiels quasi identiques.

Seyré SIDIBE 

©️ via https://ondeinfo.com/la-primaute-de-la-condition-sociale-sur-la-langue/