Le Grand Entretien du Blog | En exclusivité avec le mathématicien Sy Mouhamadou

La rubrique Le Grand Entretien du Blog est honorée par la disponibilité d’une grande pointure mathématicienne et intellectuelle, en la personne de Monsieur Sy Mouhamadou . Chercheur natif de Bélinabé dans le Gorgol (Sud mauritanien) , Monsieur Sy vient être recruté auprès d’une figure célèbre dans les milieux de Mathématiques, le professeur Martin Hairer à Imperial College de Londres en Grande-Bretagne.

✓Nos vifs remerciements amicaux et fraternels à lui pour cette disponibilité avec l’interview qui suit :





• Question 1 : Bonjour Monsieur Sy, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

MS : Je suis Mouhamadou Sy, né à Bélinabé dans le Fuuta Mauritanien. Je suis chercheur en mathématiques, travaillant à Imperial College London dans le domaine des équations aux dérivées partielles stochastiques. Je consacre une partie de mon temps libre aux langues africaines qui, je pense, doivent prendre une place prépondérante dans les systèmes éducatifs en Afrique. Rares sont, en effet, les pays africains qui intègrent leurs langues dans leur éducation au moment où celles-ci devraient être le socle de l’ensemble du système, y compris et surtout, l’apprentissage des sciences.


Question 2 : Vous êtes chercheur reconnu en mathématiques, que pouvez-vous nous dire sur votre parcours écolier et étudiant depuis votre village dans le Gorgol jusqu’à votre position actuelle ? Et quels conseils pour notre jeunesse concernant les études ?

MS : J’ai suivi le parcours qui était proposé à l’époque par l’école publique mauritanienne jusqu’en terminale. J’ai fait un bac C (Mathématiques). J’ai toutefois toujours été intéressé par les matières littéraires aussi. À l’école primaire du village de Bélinabé, nous étions à une époque où nous manquions de salle de classe ; il y avait des années où on était une classe itinérante passant d’un endroit du village à un autre pour trouver un toit pour abriter nos cours. Nous avions fini par nous stabiliser sous un grand arbre non loin de l’école. Ce sont des moments inoubliables. L’école pour moi c’est donc tout cela ; c’est le contexte particulier dans lequel je l’ai pratiquée. Le collège-lycée a été le prolongement de cet univers. C’était naturel que je m’inscrive en Mathématiques à l’université ; ce qui l’était moins était le fait que cette université soit française. Je n’avais en effet aucune justification financière évidente. C’est grâce au dévouement d’un ami de ma famille que j’ai pu m’inscrire et m’envoler pour la France. Une fois sur place, on fait face à plus d’une difficulté ; mais sachant le sacrifice derrière, l’échec était non envisageable, il fallait réussir et le faire le mieux possible. Mais je suis bien placé pour savoir que ce n’est pas la motivation seule qui permet d’y arriver ; cela nécessite un ensemble d’ingrédients impossible à faire une liste exhaustive mais dans lesquels les circonstances jouent beaucoup. Mes études en France ont pu bénéficier de beaucoup de bourses françaises (Bourse RATP, Bourse d’excellence du master Recherche de Cergy-Pontoise, Bourse Domaine d’Intérêt majeur, Prix au mérite en sciences de l’Académie de Paris). J’ai aussi eu la chance de faire un master recherche à Cergy où la taille humaine des groupes facilitait l’accès des étudiants aux chercheurs de premier plan dans leurs domaines respectifs. Je me souviens de mes multiples interactions avec Pr. Vladimir Georgescu, Directeur de recherche CNRS qui m’a enseigné la topologie et la théorie spectrale, et avec qui j’ai approfondi ma découverte de l’univers de la recherche en Mathématiques. Pr. Georgescu est un grand nom de la physique mathématique et passer autant de temps dans son bureau à discuter des maths et de la culture mathématique a été une chance inestimable pour moi. C’est d’ailleurs Vladimir qui m’a présenté mes futurs directeurs de thèse qui deviendront mes parents scientifiques et m’ouvriront la porte d’entrée dans la communauté. Après ma thèse, je fus recruté à University of Virginia (UVA) où j’ai fait plus ample connaissance avec le système américain. UVA a été une étape importante ; on sort de son université mère (Cergy-Pontoise pour mon cas) et on met à l’épreuve ses capacités d’indépendance scientifique déjà développées lors du doctorat ; d’un autre côté on se lance dans des collaborations. UVA a été, en plus de sa valeur intrinsèque, un avantage considérable de par sa proximité avec les autres universités de la côte est ; j’ai pu ainsi séjourner notamment au MIT et à Brown University, invité par des collègues. Imperial College London est la toute nouvelle étape que je viens d’entamer, elle s’inscrit dans la continuité des autres avec de nouveaux défis scientifiques à relever.
Je conseille aux jeunes africains de ne pas se décourager dans la poursuite de leurs rêves, et de s’investir en sciences. Cela pourrait significativement améliorer la condition de leurs sociétés et de désenclaver scientifiquement et technologiquement le continent. Beaucoup de jeunes issus de pays, sous-développés il y a quelques décennies, que cela soit d’Amérique du Sud ou d’Asie sont impliqués aujourd’hui dans beaucoup de découvertes scientifiques. Le chemin le plus court vers le développement auquel nous aspirons tant est certainement celui de la pratique scientifique.

• Question 3 : Il y a quelques années vous aviez publié un ouvrage de maths traduit en langue Peul, quelle a été sa portée académique par la suite ?

MS : L’ouvrage de Mathématiques écrit en Pulaar s’incrit dans une démarche que j’ai mentionnée ci-haut. Il s’agissait de faire avancer, sur le plan scientifique, la question de l’utilisation des langues africaines à l’école en Afrique. Je pense en effet que l’acquisition des connaissances scientifiques, que cela soit en nombre d’individus qu’en profondeur, sera bien améliorée avec un système basé sur les langues usitées par les populations dans toutes leurs affaires quotidiennes et sur lesquelles reposent leurs cultures.


• Question 4 : Récemment une communication médiatique annonçait votre recrutement auprès du Pr Sir Martin Hairer (médaille Fields 2014) à Londres, nos vives félicitations, pouvez-vous nous présenter brièvement vos nouvelles activités de recherches ?

MS : Merci pour les félicitations. C’est vrai qu’il y a eu cette communication dans certains de nos médias nationaux (vous en faites partie). Dans notre contexte national, cela prend une dimension de plus et je suis ravi que celui ait pu générer tant d’enthousiasme notamment auprès des jeunes. Pr. Hairer est un mathématicien de renom qui a réussi un tour de force monumental quand il a développé sa théorie des structures de régularité permettant de donner un sens à une classe d’équations de la physique mathématique. Mes travaux, en collaboration avec lui, porteront précisément sur cette théorie et sur quelques unes des équations en question. Il y a, en physique, des hypothèses que les mathématiciens appellent conjectures qui formulent des intuitions non encore prouvées ou qui ne le « sont » seulement que de façon formelle. Une de nos missions est de fournir des résultats mathématiquement rigoureux concernant ces conjectures.


Question 5 : Souvent vos publications sur les réseaux sociaux notamment Facebook , sont marquées d’une grande pertinence , par exemple sur les affaires politiques et sociales en Mauritanie, que faudrait-il faire aujourd’hui pour régler définitivement certaines problématiques liées au racisme et aux différentes manifestations de l’esclavage chez nous ?

MS : Merci pour le compliment ! La Mauritanie, à l’image de beaucoup de pays de la sous-région, connait des problèmes sociaux qui ne peuvent qu’interpeller quiconque intéressé par son bien-être : la condition de la femme, la condition des descendants d’esclavagisés ou dans certains cas celle de personnes encore esclavigisées, la phobie liée à la préférence sexuelle, l’extrêmisme religieux. Pour ce qui est de la Mauritanie, le système de gouvernance basé sur une préférence ethnique, et aussi le génocide militaire et civile non encore réglé qu’a subi sa population noire, peule notamment, sont autant d’urgences nationales. Il y a donc là un concours de plusieurs facteurs qui contribuent à enliser et à miner le pays sur bien de plans. La diversité de ces injustices fait que les coupables sont un peu partout : parmi les militants contre le système de gouvernance, il y a de profonds féodaux qui n’ont aucune volonté à faire changer le système social injuste qui permet l’esclavage actif ou passif. Parmi eux et aussi les militants anti-esclavagistes, on trouve des individus qui ont acté et intégré une prétendue infériorité de la femme. Et au milieu de tous ceux-là, on trouve une flopée d’homophobes. Certains militants éclairés sur ces questions sont encore timides et réticents à l’idée d’exprimer clairement leur position, par peur de la réaction de la masse. Au final peu sont résolument clairs et prêts à mettre, avec sincérité et pratique, tous ces combats sur le même pied d’égalité. Je crois qu’une des clés du problème mauritanien est qu’il y ait un front capable d’incorporer, sans hiérarchie, les luttes contre les injustices citées. Les tâches peuvent cependant être partagées, mais ce dont on ne peut pas se permettre, si toutefois l’on décidait de lutter contre l’injustice en tant que telle, c’est la sensibilité sélective face à la diversité de nos souffrances. Il est urgent que les leaders politiques et d’opinion clarifient leurs positions et qu’ils dénoncent, avec la même énergie, toute atteinte à la dignité de la femme, tout manquement à l’égalité des droits, tout acte homophobe, tout acte teinté d’esclavagisme. L’autre clé que je crois fondamentale est le passage à la laïcité. C’est, à mon sens, la seule capable de supporter de telles réformes sociales.

• Question 6 : le système éducatif est indexé pour une baisse généralisée de niveau, quels conseils pouvez-vous donner pouvant enrayer cet échec systémique qui affecte d’innombrables jeunes gens et leurs familles dans nos terroirs ruraux surtout ?

MS : Le problème de l’échec scolaire est un problème mondial. En Afrique, toutefois, il y a des facteurs propres qui y participent. Cela nous ramène à la question des langues africaines et à leur utilisation à l’école. Il est quand même inimaginable pour la France, par exemple, de placer désormais les enfants français de 5 ans, n’ayant acquis que les bases de la langue française, dans une école basée désormais sur le chinois, par exemple. Et tout cela avec interdiction d’utiliser le français. Ces enfants recommenceront donc leur apprentissage de l’environnement (dont les prémices sont déjà acquises) pendant quelques années dans une nouvelle langue ; le peu qui a pu survivre pourra apprendre les sciences et l’histoire dans cette langue ; et la sélection continue. À la fin du processus, la France perdrait énormément, son système deviendrait vite comparable à tous ces systèmes qui sévissent en Afrique. Le fait que nos systèmes utilisent le Français, l’Anglais, le Portugais ou l’Espagnol ne vient que du fait qu’ils ont été mis en place durant la colonisation. À l’époque, il fallait former surtout des interprètes ! Et donc c’était bien justifié, vu les objectifs. Aujourd’hui, les objectifs ne sont absolument pas les mêmes. Il faut former des générations pour relever des défis, beaucoup de fois, techniques. Un système qui est entièrement bâti sur une langue étrangère ne fait qu’imposer une sélection rude et inutile aux enfants en bas âge, et affecter ainsi négativement la réussite globale. L’effet sur une période longue est celui que nous constatons aujourd’hui. Donc, déjà en reconsidérant cette question des langues, ne serait-ce qu’à l’école primaire et au collège, on pourrait améliorer nettement l’efficacité de l’école. Ensuite, des mesures plus techniques viendront s’adresser aux facteurs d’échec que l’on partage avec le reste du monde.

13 juin 2021

• Entretien réalisé par KS pour le BLOG

✓Communiqué de presse Ganbanaaxu Fedde | Au Guidimagha en Mauritanie , certains responsables du corps administratif et judiciaire toujours inféodés au régime féodal et esclavagiste soninké.



Nous avons appris avec un grand étonnement ces derniers jours, le déroulé scandaleux d’une rencontre entre le préfet du département de Ghabou et un paisible citoyen Mr Diarra Saje accompagné par le responsable régional du mouvement IRA-Mauritanie Mr Ahmed Jiddou. Dans la journée du 10 juin 2021, Mr Diarra Saje issu de couches sociales des descendants d’esclaves Soninkés du village de Coumbadaw , voulait faire sécuriser administrativement sa parcelle de terrain exploitée depuis toujours en se rendant auprès du préfet. Monsieur Diarra Saje comme d’innombrables citoyens descendants d’esclaves Soninkés font face depuis 4 à 5 ans à diverses pressions et tentatives d’expropriation foncière parce qu’ils refusent les coutumes esclavagistes et féodales érigées en mode de vie sociale par le pernicieux régime de Ladalenmaxu Soninké dans les villages.

Dans sa démarche citoyenne et paisible, il comptait passer par les officiels étatiques locaux représentés par le préfet répondant au nom de Mohamed Lemine Ould Khadre. Mais sa grande surprise était de voir ce dernier le traiter comme indésirable avec au passage des comportements inappropriés vis à vis du représentant du mouvement anti-esclavagiste IRA-Mauritanie.

Comme dans une note d’alerte datant de 2018, nous avions voulu interpeller les différentes autorités sur les problématiques pendantes liées à l’esclavage par ascendance dans les localités villageoises de la région du Guidimagha, lire https://adrar-info.net/?p=51023 .

Aujourd’hui au moment où le principal parti soutien du président de la République Mohamed Ould El-Ghazouani, déclare organiser différentes activités sans tabous auprès du public sur des thématiques notamment l’esclavage et ses séquelles, au Guidimagha, principalement chez les villages soninkés, les coutumes esclavagistes et féodales font la loi contre des paisibles citoyens. Ainsi les représentants issus du Guidimagha dans le parti UPR qui se réunit à Kaédi ces temps ci , doivent être concernés et interpelés sur ces affaires liées aux vestiges de l’esclavage qui sévissent durement dans la communauté soninké.

Par cet élément médiatique, nous apportons notre soutien ferme aux militants anti-esclavagistes du Guidimagha.

Nous dénonçons les comportements agressifs du préfet de Ghabou à l’endroit du citoyen Diarra Saje et du représentant d’IRA Mr Ahmed Jiddou .

Nous alertons solennellement les hautes autorités nationales sur ces tensions liées à l’esclavage par ascendance dans nos villages autour du foncier et dans diverses atteintes aux droits légitimes des descendants d’esclaves Soninkés.

Les coutumes discriminatoires, esclavagistes et féodales ayant comme seule référence rétrograde, le moyen-âge, ne peuvent se substituer à l’ordre étatique moderne dans nos terroirs. À l’État, d’engager sérieusement des initiatives fortes afin d’assurer la quiétude sociale pour tous les citoyens sans aucune forme de discrimination.

Selibaby, 12 juin 2021

Le collectif Ganbanaaxu Fedde et partenaires (Amees, Uvds, Armepes et alliés)

NOUVELLE FACETTE DU COMPLOT CONTRE LES ESCLAVES D’ASCENDANCE. | IRA-M / Le parti RAG

Les Faits

Au Guidimakha, dans la commune de Ghabou, Mr DIARRA Saje Fodié exploite depuis plusieurs décennies et un lopin de terre pour survivre. descendant d’esclaves, il a décidé de prendre ses distances, sa liberté avec ses anciens maîtres. Ainsi, il s’inscrit dans la dynamique des Hautes Autorités nationales à en finir avec l’esclavage sous toutes ses formes et manifestations.
Cette volonté de rupture pour recouvrer sa dignité d’homme n’a pas plu aux féodaux de la communauté de Coumba daw. Cest ainsi que
Mr DIARRA Saje Fodié est constamment harcele et sommé de quitter le lopin de terre qu’il exploite depuis plusieurs générations.
L’affaire a été portée à la connaissance de l’ autorité administrative locale pour arbitrage.
Mr DIARRA Saje Fodié étant analphabète a sollicité l’aide de Mohamed Jiddou, Coordinateur Régional d’IRA Section Guidimakha pour l’accompagner et l’orienter dans ses démarches.
C’est ainsi qu’hier, 10 juin 2021, les deux hommes se sont rendus à Ghabou pour rencontrer le Hakem, Mr Mohamed Lemine Ould Khadre.
La rencontre a été un fiasco à tous égards. En effet, le représentant de la légalité a été discourtois en chargeant les deux plaignants de manière péremptoire.
Mohamed Lemine Ould Khadre, le hakem de Ghabou n’a pas hésité à proliférer des insultes et insanités dans son bureau à l’endroit des deux plaignants. Et comme si cela ne suffisait pas, il a refusé catégoriquement de recevoir leur demande.
La présence du militant d’IRA dans son bureau venu accompagner Mr DIARRA victime d’un réglement de compte a irrité le préfet. Il a fustigé notre ONG, comme si elle était une organisation criminelle.
Le hakem de Ghabou s’est comporté de manière ridicule en banalisant la fonction honorable de préfet, par son refus de recevoir notre demande et en s’attaquant vertement et non sans haine à l’ONG IRA toujours pas reconnue par l’Etat.

✓Déclarations

Au regard de ce qui précède, des faits avérés et vérifiables, rapportés par manière circonstanciée, IRA ne peut rester spectatrice des injustices et surtout lorsqu’elles sont commises dans le cadre de la féodalité ou de l’esclavage par ascendance.

AUSSI IRA,


1) en appelle au respect de la législation nationale criminalisant les pratiques esclavagistes et aux textes internationaux ratifiés par notre pays dans ce cadre.

2) a le regret de noter que par ce comportement vénal et partial, le hakem de Ghabou a foulé au sol la proximité de l’administration de ses usagers, au cœur de la réforme administrative promise par le Président de la république, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani.

3) exige des explications de la part de l’administration territoriale de Khabou comme elle en appelle au Ministre de l’Intérieur et de la décentralisation, la tutelle pour que la demande de Mr DIARRA Saje Fodié soit de nouveau introduite et étudiée de manière objective.

4) dénonce le manque d’impartialité et de professionnalisme de l’administration territoriale et sa volonté de soutenir la classe féodale au mépris de la loi.

5) ne comprend pas cette arrogance par le comportement d’un commis de l’Etat vis-à-vis de ses concitoyens venus juste introduire une demande, et ne peut plus accepter son instrumentalisation et sa diabolisation , pratiques dignes d’un autre régime.

6) demande aux autorités de confier la gestion de l’administration territoriale à des hommes compétents, clairvoyants, justes, neutre, désintéressés et dotés de capacités de discernements et d’écoute.

7) dénonce la complaisance ou complicité de l’administration territoriale au Guidimakha avec la classe féodale qui continue de déposséder sans aucun procès les descendants d’esclaves du foncier.
8)attend des autorités que des décisions courageuses soient prises incessamment au Guidimakha sur le foncier en faveur des descendants d’esclaves : en effet, la terre est devenue un moyen de pression pour la classe féodale.
Nouakchott le 11 juin 2021

Cellule communication
Ira-M /RAG

©️ Crédit source : Réseaux IRA-Mauritanie/RAG

Birame lance un appel pour mettre fin à l’apartheid et à l’esclavage en Afrique

A Bamako où il séjourne actuellement, le député et leader du mouvement IRA et de la lutte anti-esclavagiste, Birame Dah Abeid a lancé aujourd’hui 12 juin un appel pressant à l’endroit des hommes et femmes du monde épris de paix et de liberté pour se lever afin de mettre fin à l’apartheid, à l’esclavage et à toutes les formes d’exploitation de l’homme par l’homme.

Birame qui a tenu une conférence de presse en compagnie de représentants de plusieurs ONG africaines pour dénoncer le phénomène de l’esclavage au Mali et ailleurs sur le continent.

Cette rencontre s’est tenue à « la Cité des Enfants », un bâtiment public scolaire où dit-il se sont réfugiées des populations esclaves (plus de 400 personnes) ou traitées comme telles par les groupes dominants des régions de Kayes et de Koulikoro au Mali.

Il a ajouté que depuis que l’éveil anti-esclavagiste a gagné les populations serviles du Mali, dans ces régions et dans d’autres, les groupes esclavagistes qui ont bâti leur vie sur l’esclavage, ont entamé des vendettas, de répressions et de punitions contre ces populations pacifiques.

Dans son argumentaire le député mauritanien a déploré la mort de 4 personnes tuées dans lesdites régions par ceux qui souhaitent maintenir les chaînes de l’esclavage. Et parmi les bourreaux révèle-t-il il y a des députés et des membres du Conseil National de la Transition (CNT).

C’est dit-il des africains rendus esclaves par des africains ce qui donne une image de ce que nous vivons en Afrique.

Il s’agit poursuit Birame d’un esclavagisme ancestral qui sévit dans toutes la sous-région Ouest-Africaine et du Sahel-Sahara. Dans ces régions, la stratification sociale remonte aux empires du Mali, du Ghana et du Tekrour et des périodes avant l’indépendance, des périodes allant de Soumaoro Kanté, de Soundjata Keita à Modibo Keita, Mok tar Ould Daddah et les périodes qui s’en ont suivies. Toutes ces périodes ont été marquées par la possession d’africains par d’autres et par la chosification des individus, a noté le président du mouvement IRA.

Les pères de l’indépendance n’ont pas balayé devant leurs portes

Selon Birame, les intellectuels africains se sont battus contre la traite atlantique et le commerce triangulaire, le colonialisme, l’apartheid, et contre les travaux forcés orchestrés par l’homme blanc mais ironie du sort aujourd’hui, en juin 2021 s’insurge-t-il, les grands leaders africains ont leurs statues qui côtoient les victimes de l’esclavage, les émigrés de l’esclavage.

Pour lui ces leaders africains qui ont mené des guerres d’indépendance, des révolutions, n’ont pas balayé devant leurs portes et ce qui se passe actuellement sur le continent n’est que la face visible de l’iceberg.

Aujourd’hui dit Birame avec ce qui se passe Mandela, N’Nkrumah… vont se retourner dans leurs tombes.

Pourquoi s’interroge le leader de IRA, ces pères de l’indépendance n’ont pas combattu cette monstruosité qu’est l’esclavage noir, l’apartheid noir que nous continuons à vivre encore aujourd’hui ?

Et de poursuivre qu’il s’agit ainsi d’une véritable déclaration de guerre de tous ces mots au sein des sociétés africaines.

Il faut dit-il que les africains de cette région du Sahel-Sahara commencent à démystifier l’esclavage qui est ancré dans nos sociétés et qui est légitimé par l’histoire, par l’idéologie et par l’instrumentalisation de la religion.

Cet esclavage intra-africain dit-il sévit à grande échelle.

Création prochaine d’une ligue internationale pour la lutte contre l’esclavage

Le chef de file du mouvement IRA a annoncé la création prochaine d’une ligue internationale pour la lutte contre l’esclavage e qui sera constituée des organisations des Droits de l’homme qui travaillent dans ce domaine.

Cette ligue aura pour principal objectif de traquer les dirigeants comme ceux du Mali (juges, députés, hommes politiques, militaires…) qui ont soutenu le génocide contre des populations réduites en esclavage, à Kayes et à Koulikoro.

Au moment où on a les effigies des grands révolutionnaires comme Modibo Keita Sékou Touré, N’Kwamé N’Nkrumah qui ont créé l’OUA, sous leurs yeux et à titre posthume il y a des enfants africains réduits en esclavage par leurs frères parce qu’ils n’ont pas accepté de travailler comme esclaves et d’accepter cette condition inhumaine et dégradante. Quel grand paradoxe quand on sait que l’Afrique a passé des décennies à crier contre le colonialisme et la domination de l’homme blanc. Alors que voilà qu’aujourd’hui on assiste à l’apartheid des noirs contre des noirs, des maliens contre des maliens, des mauritaniens contre des mauritaniens. Et cela se passe aussi au Niger, au Tchad, au Soudan, au Burkina Faso, au Sud de l’Algérie, en Libye et un peu partout en Afrique.

Les auteurs de génocide seront ainsi poursuivis par les tribunaux internationaux.

Birame assure que dorénavant la guerre sera totale contre les esclavagistes au sein des sociétés africaines.

L’Afrique est très malade d’elle même, dit-il, de ses coutumes, de ses idéologies de ses mentalités. Elle est malade de son élite qui a toujours été esclavagiste ou complice de l’esclavage.

Enfin prévient-il, les esclaves sont les plus nombreux, les gens castés sont les plus nombreux, ils vont se réveiller et nous les réveillerons.

Avec la naissance programmée de la ligue internationale pour la lutte contre l’esclavage, le député et leader de la lutte contre l’esclavage Birame Dah Abeid qui a posé des actes indélébiles, a secoué l’establishment et est parvenu à déstructurer le système traditionnel et féodal dans son pays entend dorénavant mettre à contribution son expérience, sa marche à pas forcés et son aura internationale au service du continent.

Bakari Gueye

©️ Source crédit : https://initiativesnews.com/birame-lance-un-appel-pour-mettre-fin-a-lapartheid-et-a-lesclavage-en-afrique/

• Lien youtube sur intervention du président des réseaux IRA-Mauritanie : https://youtu.be/qwkg1wW7SeE