Jérusalem Al-Aqsa : Salah ad-Dîn connu Saladin la reprit vers 1187 après 88 ans de domination croisée… Hier comme aujourd’hui tout est rapport de force !
À l’époque, les forces antagonistes se jaugeaient en puissance chevalesque avec épées et boucliers, aujourd’hui nous vivons les conséquences amères des accords Sykes – Picot (courant Mai 1916). Et surtout les forces antagonistes sont dans un déséquilibre abyssal. Il y a d’un côté, de la Nono-science et du nucléaire dans diverses applications Hi Tech, de l’autre côté il y a une vaillante résistance « mains nues » en interne. Après autour, il y a un grand ensemble concerné mais mis au pas. Dans cet ensemble, il y a une élite politico-affairiste vendue dans la géopolitique business, et une autre élite politico-religieuse qui est dans la littérature mélancolique et eschatologique en se lamentant vers les cieux…en attendant le messi éventuellement…! Et nous « Noirs », ça serait mieux qu’on soit témoins justes porteurs de Message de Paix et de Pardon par ce qu’on a enduré historiquement sous le joug idéologique et religieux DÉTOURNÉ des uns et des autres.
En 1948, paraissait chez Robert Laffont, « La Puissance et la Gloire » de l’écrivain anglais Graham Greene. François Mauriac (1885-1970) a la charge de la préface. Il écrit dès les premières lignes « c’est bien au coeur d’un mystère familer que Graham Greene m’introduit . » Familier certainement car « La Puissance et la Gloire » est l’oeuvre d’un romancier catholique. Donc, Mauriac sentait le réveil d’un enfouissement confessionnel, qui dort chez la majorité de l’élite intellectuelle française. Il n’est pas du tout surprenant d’apprendre la résurgence des discours pondérés à l’endroit des religions. Certains disent que les encyclopédistes avaient congédié Rousseau par infraction confessionnelle. Voltaire écrira pourtant Zadig ou la destinée. Une œuvre fondamentale puisqu’elle reprend furtivement un récit connu : le voyage initiatique de Moussa par Kidr.
Revenons à Mauriac pour comprendre Buisson. Il écrit donc dans sa préface : « un catholique français ne s’introduit dans l’Église que par la porte principale ; il est mêlé à son histoire officielle ; il a pris parti dans tous les débats qui l’ont déchirée au cours des siècles et qui ont surtout divisé l’Église gallicane. Dans tout ce qu’il écrit, on découvre d’abord s’il est du côté de Port-Royal ou des Jésuites, s’il a épousé la querelle de Bossuet contre Fénelon, s’il est du bord de Lamennais et de Lacordaire ou si c’est avec Louis Veuillot qu’il se sent accordé. »
Plus loin, Mauriac suggère » cet État que vous décrivez, qui traque le dernier prêtre et l’assassine, est bien celui-là même que nous voyons s’édifier sous nos yeux. »
Mauriac nous dit en filigrane que les intellectuels français, du moins de son temps, et par extension ceux de nos jours, sont habitués par les controverses catholiques. Mauriac fixe les intellectuels français entre les vénérations et les exécrations du fait religieux.
Et les Musulmans dans tout cela, me diriez-vous? Les langues se délient à leur propos, notamment concernant la Civilisation de l’Islam. Les orientalistes étaient de fins connaisseurs de l’apport incommensurable de l’Islam à l’Humanité. En France, on trouve de riches bibliothèques. Parmi les références dans ce domaine : Dominique et Janine Sourdel ont produit un classique en 1983 chez Arthaud. Un monument intitulé » La Civilisation de l’Islam classique »
Un autre grand philosophe anglais, bien qu’il fût un moment « antireligieux », a consacré de belles pages à l’Islam dans son grand ouvrage : Histoire de la philosophie occidentale (Gallimard 1953). D’ailleurs lorsque Buisson parle de « Civilisation et Humanité », ce n’est point-là une réinvention de l’eau chaude. Russel, décédé la même année que Mauriac, écrivait : » Durant tout le Moyen Âge, les Musulmans se montrèrent plus civilisés et plus humains que les chrétiens qui persécutèrent les Juifs, surtout aux périodes de fanatisme religieux. Les Croisades furent le prétexte de cruels pogroms. Dans les pays musulmans, au contraire, les Juifs ne furent presque jamais maltraités. Ils contribuèrent, tout spécialement par les Maures d’Espagne, à diffuser l’enseignement Maïmonide (1135-1204) qui naquit à Cordoue, et considéré souvent comme la source initiatique de la philosophie de Spinoza (P. 340).
Buisson fut l’un des conseillers les plus influents de Nicolas Sarkozy. Ce dernier n’a jamais été tendre avec les musulmans de France. Il a traité leurs enfants de racaille sous les fenêtres de leurs mères. Le rapport conflictuel est né des injections paternalistes des autorités françaises. Mais souvent du caractère très écolier de la posture française vis-à-vis des citoyens musulmans.
Selon les officiels, l’Islam de France, comme on aime le dire dans les sphères de la bien-pensance, doit impérativement se muer pour devenir Islam des Lumières.
C’est là un paradoxe franco-français, faire la révolution pour la liberté pour contraindre une partie de ces citoyens à un assimilationisme forcené. Nous le voyons bien, c’est la tournure qu’a pris le débat sur la laïcité. Face au refus des injections d’une certaine classe politique, les musulmans se retrouvent accusés de séparatisme. Ici, les musulmans de France tiennent la république française par ses valeurs. Elle ne peut se dérober, elle qui inscrit en lettres d’or au frontispice de ses monuments sa devise : « Liberté, Égalité, Fraternité ». Hélas, les Lumières semblent éclairer d’autres desseins. En ce sens, écoutons un autre grand ami de la Culture helléniste, Léopold Sedar Senghor (1906-200), le poète président qui disait dans son poème « Prière de paix » ceci de très révélateur sur la France : « Oui, Seigneur, pardonne à la France qui dit bien la voie droite et chemine par les sentiers obliques Qui m’invite à sa table et me dit d’apporter mon pain, qui me donne de la main droite et de la main gauche enlève la moitié ».
Enfin, sur la femme musulmane, la boutade de Buisson semble plaire à plus d’un. Là encore rien de nouveau sous le soleil. Avant lui encore, Marc Edouard Nabe, et tout récemment Michel Onfray avaient tenu des propos similaires.
C’est qu’en réalité, une certaine classe dirigeante veut imposer la laïcité comme une nouvelle en France en l’habillant des oripeaux républicains. Seulement, il faut revoir le discours et la méthode. Faire usage du bon sens sans oublier ce précieux conseil de Hamlet à sa mère « Saisis une vertu si tu ne la possèdes pas » .
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.