HOMMAGE: L’APPEL DE SIDIOCA, JE ME RAPPELLE!

Le 12 mars 2007 la CENI annoncait pour la première fois la tenue d’un 2ème tour qui opposait le candidat Sidi Ould Cheikh Abdallah (SIDIOCA) à Ahmed Ould Daddah de l´UFD/Ère nouvelle. Deux jours plus tard et plus précisement le 14 mars 2007 qui coincidait avec le 24ème anniversaire de notre mouvement les Flam je recois un appel de la Mauritanie et j’entendais au bout du fil une voix suave et chaleureuse qui ne m’était pas familière. Après les salutations d´usage et amabilités, Je demandai à qui avais- je l´honneur et il me répondit calmement : C´est Sidi Ould Cheikh Abdallahi. Je réponds en pulaar : « Bismilla ma monsieur le président », entendez au nom de Dieu soyez le bienvenu monsieur le président!

Sans tarder il m´exposa l´objet de son appel et me dit que dans son programme il a un volet prioritaire qui lui tenait à coeur à savoir l´unité nationale et la résolution de l´épineuse question nationale et pour cela il pensait qu´il ne pouvait régler ce probleme sans parler avec les concernés et surtout ceux qui ont fait de cette question leur cheval de bataille. C´est pourquoi il tenait à aborder le problème directement avec les FLAM, qui ont payé cher, par leur engagement, pour la résolution de cette question.

Je saluai l´initiative que je trouvais assez courageuse et patriotique. Je revins largement sur notre lutte, nos revendications tout en soulignant que nous avions des réserves par rapport au processus démocratique entamé par les militaires du CMJD, mais que nous ne pouvions qu´apprécier sa démarche et son honnetêté intellectuelle. Il me dit que son initiative n´était pas pour chercher un soutien électoral mais surtout pour connaitre notre revendication et nos propositions de solution et il promet de nous contacter à nouveau une fois élu pour montrer sa bonne foi. Il m´avoua qu´il était choqué par ce qui s´est passé pendant les années de braise et qu´il ne pouvait cautionner une politique à fondement racial en Mauritanie parce qu´il a dans sa propre famille des frères métisses donc des négro-mauritaniens et en plus il a une relation particulière et séculaire avec la communauté noire de Mauritanie et du Sénégal à travers la confrèrie Niassène dont il est un fervent disciple. Je saluais sa disponibilité à discuter et à trouver des solutions avec nous. Je lui proposais de le mettre en contact avec notre camarade Samba Thiam président de notre mouvement pour continuer l´échange. Ce qu´il accepta volontiers.

Le 26 mars les résultats du 2ème tour du 25 mars 2007 tombent Sidioca est élu président de la Mauritanie avec plus de 53% du suffrage exprimé.
Le 27 mars j´appelle le président élu pour le féliciter de sa victoire. Sidioca me réitère son engagement et me met en contact avec quelques membres de son cabinet, pour leur soumettre notre document et nos propositions avant son investiture qui était prévue le 19 avril 2007. Dans la même journée j´accorde deux interviews aux journalistes Olivier Roger de Rfi et Idrissa Fall de la Voix d´Amérique pour exprimer nos attentes auprès du nouveau régime. Quelques jours après je lui envoie notre plate-forme pour une Mauritanie réconcilée.

Le 29 juin 2007 le président Sidi Ould Cheikh Abdallah adressa un message solennel au peuple mauritanien dans lequel il s´engageait à prendre en charge les problèmes liés à l’Unité nationale et à l´esclavage, à réconcilier les Mauritaniens entre eux, et à panser les plaies ouvertes des douloureux évènements du passé. Ce discours répondait en partie à nos préoccupations consignées dans la ”PLATE-FORME POUR L´UNITÉ NATIONALE” soumise au président de la République.
Nous saluâmes cette disposition d’esprit positive du Chef de l’Etat dans une déclaration de presse publiée le 30 juin 2007, qui, non seulement assume pour la première fois dans notre histoire au nom de l´Etat mauritanien les violations massives des droits humains commises contre une partie de nos populations, mais surtout s’engage à les réparer.

Pour nous, le retour organisé sous l’égide du HCR de nos compatriotes déportés suivi de leur rétablissement dans tous leurs droits, le réglement juste et équitable du génocide ainsi que l’engagement à éradiquer toutes les formes d’esclavage représentent un préalable important à la décrispation du climat social nécessaire pour la réconciliation nationale. C’est une avancée notable vers l’instauration des conditions du dialogue interne, franc et sans exclusive, sur le problème politique de fond devant poser les bases de notre unité. Ainsi donc le dialogue est entamé avec les nouvelles autorités.
Le président Sidi prévoit d´envoyer une mission inter-ministérielle au Sénégal pour préparer le retour organisé des déportés il nous contacte à nouveau, nous les mettons en relation avec nos camarades responsables des réfugiés au Sénégal pour préparer la tournée ministérielle dans les camps des déportés de la vallée.
Ces échanges seront maintenus et couronnés par la rencontre historique à New-York entre le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi président de la république islamique de Mauritanie et le président des Forces de libération africaines de Mauritanie Mr Samba Thiam en compagnie du camarade Mamadou Barry Secrétaire général des Flam-Amérique, en marge du sommet annuel des nations unies le 26 septembre 2007. C´est ainsi qu´il nous invita à un retour au pays après plus de 24 ans d´exil et de bannissement pour aider à poser la question et à mobiliser la classe politique autour de la question nationale et sociale.

Sans tarder il passa à l´acte et organisa le premier retour des déportés à la terre natale. Un espoir renait mais les démons de la division se réveillèrent. Les idéologues du Système ethno-génocidaire et autres partisans de l´idéologie raciste, sortirent la grande batterie avec des articles au vitriol sur la toile contre Sidi et certains n´hésiteront même pas à parler du ”retour organisé des Sénégalais”, de ”l´envahissement et repeuplement de la Mauritanie par des étrangers” et du complot des Flam contre l´angélique Mauritanie! Nous réagissons à cette campagne par un article sur CRIDEM et FLAMNET signé le 16 juillet 2007 intitulé : ”Ces Flam qui dérangent les forces du mal”.
Cette campagne malveillante orchestrée finira par le putsch des généraux et la destitution du président Sidioca au mois d´août 2008. Arrestaion, emprisonnement et mise en résidence surveillée du premier président élu démocratiquement de la Mauritanie à Lemden son village natal.
Le peuple mauritanien s´opposa avec véhémence au putsch à travers le FNDD et les forces politiques en exil. Des manifestations seront sévérement réprimées à l´intérieur et fortes mobilisations à l´extérieur. Le putsch sera malheureusement entériné par les fameux accords de Dakar avec ses pièges et zones d´ombre.
Ainsi donc, retour à la case de départ de juillet 1978, fermeture de la courte page civile et maintien des militaires au pouvoir à travers une élection dont l´issue était connue d´avance.
Avec la pression internationale le président est libéré. Je l´appellai; il me salua chaleureusement avec ces mots qui résonnent toujours en moi : « Kaaw, pendant ce putsch, de tous les soutiens, c´est le vôtre qui m’est le plus allé droit au coeur et que je n´oublierai jamais. Vous pouviez dire que vous n´êtiez pas de mon gouvernement, ni de ma majorité comme certains opposants qui ont soutenu le putsch, mais vous avez défendu des principes et des valeurs de justice. Je
n´oublie pas votre patriotisme, pendant ma présidence, nous étions en contact permanent mais vous ne m´avez jamais posé des problèmes personnels seulement l´intérêt national contrairement à mes parents où chacun essayait de caser un fils ou un parent. Vous-êtes des vrais et dignes patriotes ! ».

En moins de 15 mois Sidi Ould Cheikh Abdallahi qui était considéré par certains comme « le candidat du Système » s´est révélé être comme l´homme anti-Système; il suscita beaucoup d´espoir auprès des exclus et opprimés et essaya de résoudre l´épineuse question de la cohabitation qui demeure toujours actuelle après son éviction. Il a montré qu´avec la volonté on peut réconcilier les Mauritaniens malgré la profonde déchirure.
L´histoire retiendra de cet homme comme étant un homme de paix, pieux, humble, désintéressé, franc, direct et attaché à l´unité du peuple mauritanien. Il fut un homme de Dieu, de foi profonde qui acheve son parcours de président en simple Imam de croyants dans son village, en toute humilité.
Mes condoléances les plus attristées au peuple mauritanien dans son ensemble, à la Oumma islamique, à sa famille, à sa fille adorée – ma complice-, ma soeur de coeur Amal.
Adieu Sidi et paix éternelle à votre âme « mister president », le seul élu démocratiquement et réellement dans l´histoire politique de la Mauritanie.
Sidi est parti mais la lutte continue pour une Mauritanie plus juste, non raciale, égalitaire et réconciliée.

LLC !


Stockholm le 30 novembre 2020


Kaaw Touré

©️ Crédit source: reçu de l’auteur

Mauritanie : Après 60 ans par l’honorable député Ogo Bakary Coulibaly

Voici notre Nation à l’aube de ses 60 ans, l’âge de la raison sûrement et du bilan nécessairement. Voilà 60 ans que nous cherchons à réaliser nos rêves individuels à travers l’effort, l’imagination et l’impératif de travailler ensemble pour un bien commun. Comme tout jeune État, nous avons connus des périodes de grâces et des périodes sombres. Les ramifications sociales et économiques, des processus politiques entamés jusque-là, se sont passés de la volonté des citoyens menant à des situations inextricables. Qui à terme provoquent l’effondrement du processus politique qui à justement engendré cette situation, qui aura pour conséquence l’émergence d’un extrémisme scabreux au détriment du patriotisme et de l’intérêt général. Les résolutions menant à des hostilités ne sont pas des résolutions. Ce sont en réalité des conspirations dans l’unique but de manipuler l’opinion publique à des fins d’intérêts économiques et politiques inavouable. A l’heure du bilan nous nous devons à nous-mêmes une posture citoyenne pour prôner la paix, d’encenser la même compréhension de la réconciliation. A partir de cet instant là et si nous arrivons à définir la réconciliation, de façon, uniforme, communautaire, nous pourrions déjà parler le même langage. La matrice de nos valeurs communes est consubstantielle à l’identité plurielle des éléments composant l’espace de vie commune et que seule l’acceptation d’imbriquer nos identités respectives mettra en exergue le citoyen mauritanien. Aujourd’hui c’est encore possible d’apaiser les tensions et les crépitements qui subsistent, d’illuminer notre avenir, nous attendons peut être l’homme providentiel. Est ce que ça peut exister, oui le Président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi le fut, que la terre lui soit légère. Qui va avoir l’ascendance et la transcendance de son propre camp et aller vers les autres, pour expliquer que la diversité, la différence, la contradiction nourrit et grandit. Les gens sont crispés, nous attendons des rapprochements et cela ne pourra se faire qu’en taisant les personnalités qui sont différentes et en sachant même que la diversité est une obligation de vie commune pour nous, afin de briser le mur de méfiance. Le moment est venu de reconnaître publiquement et courageusement chacun des éléments de notre passé, notre histoire ne sera jamais complétée, si nous voulons vraiment être uni, vraiment réconcilier en tant que pays, en tant que nation, en tant que frère et même avec notre conscience alors notre histoire doit être reconnue dans sa totalité. Cependant, Nous avons ce qu’il faut pour faire face aux défis. Nous avons toutes les ressources pour relever les défis, notre jeunesse, notre dynamisme, notre diversité et notre capacité à prendre des risques sont empiriques. La création de notre propre monnaie et la nationalisation de la SNIM, illustrent dès les premières décennies de notre souveraineté, nos aptitudes à nous réinventer! Veut dire que l’avenir est à nous. Nous avons tous besoin de réconciliation. Ce potentiel ne pourra être réalisé que si notre démocratie fonctionne et si seulement nos politiques reflètent mieux la décence de nos valeurs islamiques et humaines inamovibles de probité, de rectitude et de solidarité. Par la volonté populaire, en répondant à l’exigence de la raison , de la responsabilité et à l’observation de l’égalité, pour la mise en place de l’état de droit son Excellence le Président de la République Mohammed Ould Cheikh El Ghazwani nous éloigne avec acuité des mesurettes politiques qui sont tout le temps dans un agenda électoraliste étriqué qui ne permet pas de faire un travail abyssal ,mais aussi du spectre d’une gouvernance politique unilatérale, sans concertation et non inclusive qui se manifeste par la restriction des droits fondamentaux, empêchant toute possibilité de dialogue et d’apaisement qui rend non effective notre démocratie.

Vive l’Unité!

Vive notre Chère Mauritanie Par-dessus tout

©️ Crédit source: http://cridem.org/C_Info.php?article=743153