Guidimagha – la question de l’esclavage coutumier : une mobilisation des militants à Selibaby contre les méthodes de l’administration judiciaire.

Lundi 9 novembre 2020 à Selibaby, la capitale régionale du Guidimagha, plusieurs militants abolitionnistes dirigés par de membres de la commission Droits de l’homme d’IRA-Mauritanie, ont manifesté devant l’enceinte de la Justice régionale.

Des responsables Iraouis comme Moussa Bilal et Abdallahi Abou Diop et d’autres militants anti-esclavagistes issus de la communauté soninké, sont venus de Nouakchott pour dénoncer les pratiques administratives et judiciaires injustes qui frappent des citoyens qui refusent l’esclavage statutaire dans les localités villageoises soninkés . Ainsi plusieurs militants anti-esclavagistes sont partis de différents villages pour participer à cette manifestation de Selibaby.

Pour rappel les coutumes esclavagistes et féodales sont vivaces dans les communautés soninkés notamment dans cette région du Sud mauritanien. Avec l’éveil abolitionniste en cours depuis quelques années, les cercles réactionnaires féodaux s’activent à travers des plaintes fallacieuses auprès de la justice pour contrer les militants abolitionnistes. Tous les citoyens qui osent se défaire du système féodalo-esclavagiste soninké incarné le laada ou ladalenmaxu, sont visés et ostracisés socialement et les autorités publiques régionales laissent faire et prennent même la défense des tenants de la féodalité. Depuis quelques mois 3 militants (2 de Bouanze et 1 de Diogountouro) sont abusivement incarcérés à Selibaby à l’issue de procédures troublantes.

Différentes communications ont été adressées par les ONG aux hautes autorités pour signaler une situation sociale devenue de plus en plus tendue. À lire ce communiqué http://rmi-info.com/lettre-ouverte-au-ministere-de-la-justice-a-la-cndh-et-a-lamdh-sur-la-situation-des-droits-humains-au-guidimagha/ .

Cette manifestation marque une phase dans la défense des Droits humains, surtout contre cet esclavage statutaire qui sévit dans la communauté soninké.

Mention spéciale aux militants abolitionnistes IRA Mauritanie ayant parcouru plus de 800 kilometres depuis Nouakchott pour organiser et assister cet événement historique contre des pratiques injustes.

KS pour le BLOG

Mauritanie: La polémique à l’assemblée nationale autour de la prise de parole d’un ministre en français | La réaction de l’avocat Lo Gourmo

Pour certains, pour être « ministre » ou quelque chose comme ça, il faut parler « la bonne langue ». C’ est le début. Ensuite, il faudra avoir « la bonne couleur » (ça suivra, en sourdine). Et fatalement (et ce ne sera pas aussi long), être de la « bonne tribu » avec bonus, si on est de la « bonne région »!
Fatalement, une discrimination de type essentialiste en entraîne une autre. Et l’effet de chaîne mène au cauchemar des confrontations identitaires multiples. Empêcher un ministre de parler en raison de la langue qu’il parle et qui est statutaire -puisqu’officiellement enseignée comme langue de travail depuis toujours et le faire avec ostentation -est un acte de provocation et une incitation grave et publique à la discrimination, en plus d’être un outrage public commis à l’encontre d’un citoyen et d’un agent de l’ Etat.
Ceux qui au nom d’une idéologie politique particulariste extrémiste, badigeonée et peinturlurée gesticulent pour tromper les gens, se trompent eux mêmes. La Mauritanie est une et indivisible dans sa feconde diversité. Toutes les langues nationales sont égales et doivent être officialisées pour mettre fin aux harcèlements dont sont victimes les locuteurs des autres langues que l’arabe. Et le statut du français comme langue statutaire enseignée et pratiquée est l’un des aspects de notre réalité nationale depuis 60 ans.

©️ Crédit source: post FB de l’auteur https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=151090023412544&id=100055346415293