Mauritanie | Émigration clandestine : Démantèlement de réseaux de trafiquants (L’Authentique)

L’Authentique – Les forces de l’ordre ont démantelé lundi à Nouakchott, ce qui est considéré comme un « embryon » de réseau de trafic illicite de migrants. Il s’agit d’un groupe de jeunes ciblés pour la campagne qu’ils mènent auprès de jeunes travailleurs de l’informel (tailleurs, taximen, maçons, manœuvres, plombiers, électriciens, petits commerçants…) bonifiant l’aventure vers l’Europe en mer.

Banalisant les énormes difficultés que présente cette aventure et soutenant en substance que le pourcentage des réussites est très largement supérieur à celui des échecs et que le nombre de pertes humaines en mer est largement exagéré par la presse, les jeunes cibles ne s’empêchent pas d’offrir leurs services à ceux qui seraient tentés de prendre la mer.

Le démantèlement du Réseau serait réussi après qu’une Taupe ait fait part à la police de la rencontre qu’il a eue avec un homme, présumé cerveau du groupe. Convoqué, ce dernier a rejeté les accusations portées contre lui.

Les soupçons contre lui vont demeurés toutefois après l’interrogatoire de deux jeunes, retrouvés en sa compagnie qui auraient livré des informations le compromettant. Ces derniers ont en effet reconnu avoir été approchés par le Monsieur » qui leur miroitait le voyage vers l’Europe par mer.

Conduit à la Police, l’homme aurait été relâché, pour manque de preuves formelles contre lui. Il faut dire que ces derniers mois, un trafic intense de migrants vers l’Europe a été remarqué de la Mauritanie, du Sénégal et de la Gambie, vers l’Europe.

De nombreuses aventures ont pris fin dans les eaux territoriales mauritaniennes avec leurs cortèges de morts. Et ceci malgré le démantèlement de nombre de réseaux dans les pays cibles.

Si les candidats à l’émigration se font tant nombreux ces derniers mois, c’est que non seulement certaines aventures ont bel et bien été couronnées de succès, mais plus, les montants à verser par les candidats aux trafiquants sont été nettement revus à la baisse, crise du covid oblige.

De 1500 Euros, la caution ne serait plus que de 700 Euros, les trafiquants ayant joué sur la qualité et la robustesse des pirogues utilisées. Et ce serait exactement ceci qui serait à l’origine des dernières déconvenues enregistrées ces semaines en mer où de nombreuses pirogues guère préparées au voyage, ont fini par être renversées par les vagues si elles ne se plombent pas sous l’effet du poids des migrants.

Aux dernières nouvelles, nous avons appris que des candidats à l’émigration clandestine ont été interceptés en début de présente semaine, au large des côtes entre Nouakchott et Nouadhibou. Ils auraient échoué sur la plage après l’accident de leurs pirogues qui a fait cinq morts, soixante rescapés.

D’après eux, ils seraient près de 200 passagers, répartis dans deux pirogues, qui ont quitté la ville de Mbour il y a plus d’une semaine pour rallier l’Espagne. Malheureusement, le vent n’était pas favorable à une telle aventure. Ils ont alors décidé de faire demi-tour, jusqu’en Mauritanie.

Beaucoup sont restés en mer sur le chemin du retour. Entre les mains des garde-côtes, il a été dénombré cinq décès, soixante (60) rescapés, dont deux en réanimation.

Autre information : dimanche 1er novembre, la marine sénégalaise a intercepté une pirogue avec 129 migrants clandestins à bord.. Trois femmes étaient parmi les 129 candidats à l’émigration irrégulière et quelques mineurs.

Le 2 novembre, une pirogue avec 72 personnes à bord s’est accostée sur un village situé entre Nouakchott et Nouadhibou après neuf jours d’égarement. Aucune perte humaine n’aurait été enregistrée.

JOB

©️ Crédit source: Post FB https://www.facebook.com/297319407063485/posts/3234301353365261/?substory_index=0

DEVOIR DE MÉMOIRE ET REFUS DE L’OUBLI Par Kaaw Touré

• Jeudi 6 novembre 1986 ma première nuit dans la prison .

Palais de justice de Kaëdi, Jeudi 6 novembre 1986, notre première nuit en prison, une date et une histoire.

Après une semaine de garde à vue, d’interrogatoire et de tortures physiques et morales dans les locaux de la gendarmerie, un matin du 6 novembre 1986, à 5 jours de mon anniversaire de naissance, nous voilà réveillés très tôt menottés et enchainés comme des criminels ou des petits terroristes. Nous sommes embarqués dans des voitures de marque Land Rover et amenés devant le juge d´instruction et le procureur du palais de justice de Kaëdi, tous deux beydanes (maures blancs, un frère musulman et un baathiste) qui n’avaient même pas hésité à nous expédier illico-presto à la prison civile de Kaëdi (camp de la garde) après quelques petites questions sur les PV. Ils nous inculpèrent avec des chefs d’accusation de :
 » trouble à l’ordre public, participation à une manifestation non autorisée et membres d´une association illégale et non reconnue… » (le ridicule ne tue pas).
Dix neuf prisonniers dont une femme notre cousine Ramata Mamadou Siba Sow, seront inculpés et les autres libérés.
Sortis du palais, on voyait tous nos parents, amis, camarades, des ressortissants de Jowol à Kaëdi, élèves et autres Kaëdiens venus nous soutenir devant le batiment et on les saluait de loin par des poignées de main avec des V de la victoire. On voyait de loin des femmes pleurer avant que notre camion militaire ne s´éclipsa en vitesse pour se diriger vers le camp de la garde de Kaëdi, notre futur lieu de détention.

Une fois le portail de la prison civile ouvert et franchi, on est accueilli par des centaines de prisonniers de droit commun, qui nous attendaient apparemment; tous noirs à part deux maures blancs écroués pour vol de chameaux.
Entourés par une vingtaine de gardes pénitenciers bien arméé, ils nous ont souhaité la bienvenue dans cette « maison des Hommes « nous disaient-ils. Saisi par un sentiment de révolte et de colère aussitôt j’ai regardé mon frère, compagnon de fortune et complice Ousmane Toure et j´ai entonné à haute voix notre chant anti-apartheïd écrit par notre poète Amadou Samba Dembele et il a répondu au refrain avec un autre camarade Aliou Mamadou Sow qui était à nos côtés et les autres camarades nous ont suivi en choeur :

1.O dunya jamfiima heewɓe

  1. Won jaloo6e kono won woyooɓe
  2. Aduna jamfiima heewɓe
  3. Nde ƴellitaare roondii boomaare
  4. So gooŋɗi tan ko konngol joom doole
  5. Ndeen goonga jom goonga yoolee
  6. Min cikkatno waawde ko waawande
  7. Min mbaɗno tan baawɗo ko balloowo
  8. ndeke wona ɗum baawɗo ko baroowo
  9. Min njanngiino e defte maɓɓe
  10. Waawi wara ko majjere moƴƴaani
    12.Nanngu- war ina duñtee ñifaani
  11. Gila laamu Wosteer e Botaa
  12. Cañi apartaayd ɓaleeɓe njootaa
  13. To faggudu e dawrugol e janngde
  14. Winndere woytiima, hoohooɓe kaalii
  15. Winndooɓe e yimoove ndeƴƴaani
  16. Nanngu war ina duñtee nyifaani
  17. Jaambareeɓe men njantinaani
  18. Mandela ko yeru burɗo laabde
  19. Mandela ko yeru burɗo laabde
  20. Bikkittooɗo hannde e geƴƴelle
  21. Kalifaandi wonaa ndi callalle
  22. Halfatee ko ɓernde e hakkille
  23. Halfatee ko ɓernde e hakkille
  24. Ɗum noon woori jaambareeɓe.
  25. O dunya jamfiima heewɓe
  26. Won jaloove kono won woyooɓe

TRADUCTION:

  1. Ce monde a beaucoup déçu,
  2. Certains rient tandis que d’autres pleurent
  3. Ce monde déçoit beaucoup
  4. Si le progrès est confondu avec la calamité (le massacre)
  5. Si seuls ont raison les plus forts
  6. Alors le droit des faibles sera à jamais bafoué (noyé)
  7. Pour nous, le plus valeureux est celui qui est plus utile, celui qui donne aux autres ce qu’ils ne peuvent pas avoir.
  8. Dans notre entendement, le plus fort aide les faibles
  9. Or ici, le plus fort est celui qui tue les autres
  10. Nous avons bien lu dans leurs livres, la maxime selon la quelle:
  11. « La raison du plus fort relève de l’obscurantisme. »
  12. Alors que dans la réalité ils attisent le feu du massacre.
  13. Depuis que WOSTER et BOTHA sont au trône (allusion faite au règne de Mouawiya et les siens).
  14. Et ont tissé le système d’apartheid, tout a manqué aux noirs
  15. Dans les domaines économique, politique et éducationnel
  16. L’univers s’est plaint, les personnes de renommé se sont prononcés
  17. Les chanteurs et les écrivains ne se sont jamais tus
  18. Mais eux, ils continuent à attiser le feu du massacre
  19. Nos combattants n’ont jamais baissé les bras
  20. Mandela est l’exemple le plus patent
  21. Mandela est l’exemple le plus patent
  22. Il se débat actuellement dans sa prison
  23. La domination n’est pas engendrée par des chaines
  24. La vraie domination est celle du cœur et de l’esprit
  25. La vraie domination est celle du cœur et de l’esprit
  26. ce ci n’est jamais le cas de nos combattants
  27. Ce monde a beaucoup déçus,
  28. Certains rient tandis que d’autres pleurent.

Ce chant de révolte en pulaar était un réquisitoire contre le pouvoir raciste mauritanien et je me souviens aussi que pendant notre interrogatoire à la gendarmerie, ils m’ont trop demandé sur le sens et la signification de ce poème parce qu´ il a été aussi repris en choeur pendant notre grande manifestation contre le pouvoir de Taya à Jowol dans la nuit du 27 octobre 1986 et c’est moi qui chantait et les autres manifestants le reprenaient appuyés par les échos des collines du village et du fleuve pendant la nuit.
En reprenant ce chant engagé on voulait défier le pouvoir sur son propre terrain (la prison) pour lui dire qu´on était prêts à payer le prix et  » ko kalifaandi wonaa ndi callalle, halfatee ko bernde hakkille » autrement « on ne peut soumettre quelqu´un par des chaînes mais par la domination mentale ». Nos gardes étaient médusés par notre provocation et notre « culot ». Certains de nos geôliers négro-africains ne cachaient pas leur sympathie à notre égard et nous réconfortaient par des mots très encourageants.
 » Wallaahi ko on ngenndiyankoo6e, wallaahi ko on jaambaree6e, woto kulee woto kersee » (.vous- êtes des vrais patriotes, vous- êtes des héros, n’ayez pas peur, ni honte de votre emprisonnement on est ensemble).
C´était une petite page dans cette histoire et dans cette longue lutte contre le Système. 6 novembre, je me souviens toujours, j’avais 18 ans et qui faisait de moi, pour la petite histoire, le premier plus jeune prisonnier politique du colonel ould Taya.
34 ans après nous continuons la lutte avec la même conviction et la même détérmination sans prendre rides.

Nous y reviendrons un jour plus largement avec plus de détail inchaallah dans un livre à paraître. (presque prêt).

LLC!


Kaaw Touré.

©️ Crédit source: post FB reçu de l’auteur https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=10157826146735544&id=731995543