Alpha Condé ou l’histoire d’une tragi-comédie. Par Souleymane Sidibé

« Le mal que l’occupant nous a fait est loin d’être guéri » disait le savant pluridisciplinaire, Cheikh Anta Diop.


 

Le mal n’est autre que la division et la diversion des familles africaines pour mieux régner à travers le séparatisme colonial. En vidant le contenu du pouvoir local (chefs tribaux) tout en laissant les pratiques féodales et inhumaines, le colonialisme a eu gain de cause. De nos jours, certains réduisent la pensée du maître Cheikh Anta Diop en rapportant tout à la religion. Cependant, sa pensée concernait les sciences et la trajectoire politique africaine.

Aujourd’hui encore, en Guinée, des problèmes majeurs liés au communautarisme persistent.. Sékou Touré, par sa « dictature du peuple », selon lui, n’a pu créer le citoyen tout simplement guinéen et débarrassé de préjugés. Ainsi, des divisions entre les Peuls, les Forestiers, les Malinkés et les Sousous sévissent..
Certains observateurs affirment que les Peuls détiennent le levier économique ; il ne faudrait donc pas qu’ils aient en plus de cela le pouvoir exécutif.

Ces dernières élections, qui ne reflètent en aucun cas des pratiques démocratiques, montrent la soif et la boulimie du pouvoir par le président sortant (Alpha Condé) réélu  pour un troisième mandat. Quant au leader de l’opposition (Cellou Dalein Diallo), on pense qu’il ne cherche qu’à briguer la magistrature suprême tout en s’autoproclamant vainqueur avant la sortie des résultats par la CENI . Les résultats du scrutin doivent être soumis à la validation du conseil constitutionnel suivant le modèle des pays francophones, anciennes colonies françaises.

Deux problèmes se posent. Le premier est la participation d’Alpha Condé et son désir de confiscation du pouvoir au besoin par l’usage de la force ;  par des tirs à balles réelles sur les manifestants. Et le deuxième problème est l’auto-proclamation soudaine de Cellou Dalein Diallo qui est aussi une négation de la démocratie.
Ceci dit, ne faut-il pas faire de nos jours attention aux légendaires opposants ?
Très souvent, ces opposants ne sont-ils pas la reproduction cachée d’un système politique ?

Le continent africain n’assiste-t-il pas à des formes successives de putschs électoraux de la Gambie en passant par la Mauritanie et actuellement la Guinée ? Ces vieux politiciens continueront-ils d’être à l’origine d’une partie du  malheur des  africains ? De plus, au vu de la situation actuelle, on ne peut nier qu’un mauritanien par affinité ou par désir de changement ou/et par panafricanisme n’a rien à apprendre à un guinéen debout depuis le temps de Sékou.
Il faut simplement dire que la Guinée à l’image de nombreux pays africain est une famille indivisible avec ses hauts et ses bas. Nos communautés doivent donc améliorer leur conscience collective et se rassembler en tant que peuple uni sous le même drapeau: le drapeau de la République.

Par ailleurs, le pays se doit d’instaurer de véritables institutions pour éviter ce genre de carnage qui finit en bain de sang. Ainsi, nous verrons la Guinée la véritable destinée qui a ouvert la voie à l’indépendance: débarrassée de contraintes externes et internes. Perdre les élections ou se faire voler ne doit pousser aucun candidat à utiliser ses électeurs comme de la chair à canon après l’expression des suffrages universels pour ne pas dire  bourrages.

Les vies humaines ne doivent pas être considérées comme des voies pour détrôner. Surtout que les personnes, ici, sont issues de la Guinée qui est précurseur de la décolonisation. Celle-là même qui avait opté pour le travail, la solidarité entre les communautés de Alpha Yaya Diallo et de Samory Touré, et pour la  justice sociale. Hélas, ce « scandale géologique » ( parlant de la Guinée)  avec toutes les ressources minières et la pluviométrie favorable pour une autosuffisance alimentaire est encore l’un des pays les plus pauvres et endetté ( PPTE) avec un dictateur habillé en démocrate pour ne pas dire un sanguinaire dans un pays où la mal gouvernance gangrène.

Longtemps considéré comme le « Mandela numéro deux », Alpha Condé ne déçoit pas seulement plus d’une personne et trahit sa conscience mais aussi l’Afrique. A ce rythme, il quittera le pouvoir soit par la révolte populaire, soit par les armes car le pays est aussi un pays  de coups d’État depuis Lassana Konté.
Les procédures légales de recours auraient été louables. L’esprit démocrate et patriotique aurait épargné les innombrables bêtises.
Un jeune rappeur guinéen disait que même la mort ne fait pas peur à celui qui n’a rien à perdre. Cela dit, il a déjà tout perdu car il vit sans droit et reconnaissance pendant que d’autres se gavent des biens du contribuable.
La CEDEAO et la communauté internationale sont comme de la matière inerte face à la situation guinéenne.

Photo prise chez Dione Assane

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