Dix jours déjà, le lynchage criminel perpétré sur des militants antiesclavagistes Ganbanaaxu de Djandjoumé, Tonton Mountakha, ses camarades et leurs familles. Il y a 2 jours en parlant au téléphone avec une femme ayant perdu son fils dans l’équipée assassine, depuis Nioro, elle m’expliquait que tout le village A LAISSÉ FAIRE tout simplement. Cette dame déjà veuve il y a un mois après le décès de son mari, a déclaré que tout a été prémédité avec une horde d’hommes qui ont commencé par assaillir leurs maisons de projectiles. Par la suite ils se sont acharnés à coups d’armes blanches et de gourdins sur les militants antiesclavagistes et les ont mis dans une moto-charrette. Par la suite, ils ont été achevés près du village dans un cours d’eau. Aux dernières nouvelles plus de 20 personnes parmi les milieux féodalo-esclavagistes sont aux arrêts à Nioro .
À partir de ce jour 10/09/20, je tiens à une modeste initiative d’inclure au slogan du blog les lettres initiales de leurs prénoms et la date de cet événement cruel.
Oui… Morts libres et dignes !
Nous ne vous oublions jamais…JAMAIS !
Des experts des Droits humains de l’ONU commencent à bouger timidement sur cet esclavage par ascendance a été toujours haineux et devient tueur comme il l’a été dans le passé au sein de certaines communautés noires ouest- africaines.
Questionner le sens de ce que nous connaissons, de nos vérités et de nos imaginaires doit être au cœur de nos philosophies. Questionner le sens de nos pratiques et de ce qui soutient nos traditions doit être fait dans l’optique de les améliorer avec intelligence. Ce questionnement, quand il aura atteint les décideurs et les penseurs de tout bord, devrait trouver ses premières réponses dans cette volonté de créer un univers de paix et de tolérance. Toute éducation, qu’elle vienne d’ici et d’ailleurs, ne serait juste et comprise que si elle défend l’intégrité humaine – la dignité de la personne de l’autre et de l’acceptation de l’autre. L’autre n’est autre que nous avec nos peurs et nos angoisses, nos imaginaires et nos perceptions floues et ambiguës. Comprendre une telle pensée doit nous préparer, comme écrivait Auguste Compte, à vivre pour autrui afin de revivre dans l’autrui. Ainsi, éduquer c’est véhiculer des codes et des valeurs qui participent à construire des ponts entre les peuples pour que les rires se partagent, les joies se transmettent et que les peurs puissent être comprises et non rejetées. Eduquer, éveiller, construire et transmettre, voilà les finalités de toute civilisation consciente de la diversité des peuples et de l’unité de cette même diversité. Puisque toute diversité est une partie de l’unité, apprenons à nos enfants à se détacher de leur « ignorance primaire » afin qu’ils puissent les transformer en source de dépassement et de compréhension de ce qu’ils traversent et ressentent. Le comprendre d’une autre manière est aussi une des facettes de nos philosophies et non l’opposé de la philosophie de l’unité. Eduquer à ne pas faire des différences mais à créer des liens, des ponts et des sentiers – des sentiers pérennes et unificateurs. Eduquer à ne rejeter ce que nos perceptions et nos imaginaires ne comprennent, car il n’y a autant de vérités que d’humains mais, ce qui devrait être au cœur de nos agissements doit nous mettre sur le chemin de la tolérance afin que nous saisissions le sens profond qui se cache sous la montagne de nos méfiances et de nos préjugés.
Eduquer à ne pas juger mais à apprendre, à apprendre à connaitre l’autre, l’autre dans ses croyances et ses habitudes. Eduquer à penser, à transmettre – la bonne parole, l’action juste et la bonne pensée. Nous rentrons ici dans la profondeur de la pensée de l’auteur des Confessions. Vous l’aurez compris qu’il est question ‘d’éducation positive’. J’appelle éducation positive ce qui tend à former l’esprit avant l’âge, et à donner à l’enfant la connaissance des devoirs de l’homme, nous répond le philosophe. Eduquer à ne remettre les causes de nos échecs aux autres, mais de se remettre en question et à questionner le sens de ce que nous faisons, de ce que nous pensons et de ce que nous recherchons ; les racines de toute éducation qui cherche à s’épanouir et à exister en ayant conscience de sa présence et de ce qui nous entoure. Eduquer à s’accepter, à créer une volonté de puissance qui agit et qui comprend le sens de l’éducation. Puisqu’elle est l’arme la plus puissante que nous possédons, utilisons la pour changer et changer le monde, pour paraphraser Nelson Mandela. Eduquer c’est aussi imaginer ; savoir distinguer le visible et l’invisible, l’utile et l’accessoire, le vrai du faux, le juste et l’injuste. En éduquant nos sociétés à se voir comme des enfants qui apprennent à marcher, à parler, à penser et à connaitre le sens des choses et des êtres, nous aurions compris que toute éducation est une éducation sur nous et sur les autres, un devoir de bâtir des sentiers de réconciliation entre nos philosophies d’autrefois et nos traditions d’antan.
La première éducation est celle de la découverte du sens de nos sens, de ce que nous sommes et de ce que nous renvoyons comme enseignement à ceux qui nous découvrent et nous rencontrent. Eveiller les sens de nos enfants c’est leur montrer la source et l’essence de ce que nous croyons être juste ou bon à réformer et non de leur imposer l’image de ce que nous pensons qu’ils devraient être, prêchait Jiddu Krishmanurti. Eduquer c’est éveiller le sens de l’enfant en nommant explicitement et pédagogiquement les choses et les êtres sans chercher à dénaturer pernicieusement le sens qu’ils renvoient et la substance qu’ils renferment. La doctrine que l’on transmet est importante mais ce qui donne une force déracinable à nos éducations c’est l’essence de l’éveil que nous cherchons à pérenniser, pour reprendre Ernest Renan. Quand un enfant aura saisi la substance des choses et des êtres, il saura les définir, les comprendre, les faire comprendre et les transmettre. Il saura quelle vie il est sensé vivre et quel comportement adopté pour vivre et faire vivre – le sens de l’existence.
Toutes les éducations n’ont pas les mêmes finalités. Certaines sont faites pour soumettre et, d’autres, sont construites pour libérer.
Les premières sont celles qui créent un univers de méfiance entre les peuples et des barrières entre les hommes. Ce sont elles qui créent des différences entre les hommes et qui opposent des limites à nos capacités. Ce sont elles qui emprisonnent la femme et qui enferment les intelligences. Celles qui libèrent sont celles qui tracent des cheminements vers « la justice et la liberté. Il n’y a pas de justice sans égalité et il n’ait point de liberté sans justice ». Les éducations qui enferment et qui nient l’existence de certains peuples sont celles qui opposent la justice à la liberté, l’égalité à la fraternité et qui combattent les pensées qui tendent vers l’humanisme et la tolérance.
Cependant, quand une éducation se fixe pour finalité d’exploiter les individus, elle instaure un climat de violence et d’ignorance ou tout devient ambigu, flou et insensé. La culture de la peur s’installe et fait le lit de l’ignorance. C’est dans ces circonstances que les hommes deviennent des loups pour d’autres et que des conflits surgissent pour opposer les consciences, hiérarchiser les intelligences, les imaginaires et, finalement, les peuples. Une éducation qui restera dans les consciences avec une tranquillité sereine est celle qui éduque à ne pas haïr et à ne pas s’haïr, à construire et à ne pas détruire, à ne pas souffrir ni à faire souffrir, à comprendre et à faire comprendre, à éveiller et à transmettre les valeurs de tolérance et d’égalité. Une telle éducation est un idéal qui n’est point le rêve d’un penseur qui dort mais d’un père qui rêve que ses enfants ne soient jugés ni sur leurs origines ni sur leurs conditions sociales.
Notre actualité nous exhorte de revoir le sens que nous donnons à ce que nous croyons et à les comprendre pour découvrir la raison de notre présence et la signification de ce qui existe ici et ailleurs. Pour qu’une telle société émerge dans ce brouillard qui ne laisse apparaitre que des horizons flous et des visions à demi teintés, apprenons à réapprendre à s’accepter, à aimer, à tolérer.
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