🔴« Liberté pour Haby Diakité » Une femme veuve, mère de 7 enfants, avec plusieurs petits enfants arrêté arbitrairement. | Par Boubacar N’Djim (MSDH) Mali

L’ARBITRAIRE est tout ce « qui dépend de la volonté, du bon plaisir de quelqu’un et intervient en violation de la loi ou de la justice ». Est arbitraire TOUT acte :

  • qui n’est pas fondé en droit,
  • qui ne respecte pas les procédures légales,
  • qui n’est pas raisonnable ou approprié compte tenu des circonstances,
  • qui n’est pas proportionné aux objectifs juridiques visés,
  • discriminatoire,
  • imprévisible
  • sans fondement légitime, solide et justifié,
  • inutilement intrusif vis-à-vis des autres droits
    Que dit la constitution sur l’égalité des personnes ?

Au Mali l’article 1 de la constitution du 25 Février 1992 dit que « la personne humaine est sacrée et inviolable. Tout individu a droit à la vie, à la liberté, à la sécurité et à l’intégrité de sa personne »

, l’article 2 de la constitution du 25 Février 1992 dit que « tous les Maliens naissent et demeurent libres et égaux en droits et en devoirs. Toute discrimination fondée sur l’origine sociale, la couleur, la langue, la race, le sexe, la religion et l’opinion politique est prohibée »

L’article 4 de la constitution du 25 Février 1992 dit que « Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience, de religion, de culte, d’opinion, d’expression et de création dans le respect de la loi »

Que dit le préambule de la charte des Nations des Unies ?
Nous, Peuples des Nations Unies, RÉSOLUS

Deuxième tiret « à proclamer à nouveau notre foi dans les droits fondamentaux de l’homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine, dans l’égalité de droits des hommes et des femmes, ainsi que des nations, grandes et petites,»

Troisième tiret « à créer les conditions nécessaires au maintien de la justice et du respect des obligations nées des traités et autres sources du droit international, »

Quatrième tiret « à favoriser le progrès social et instaurer de meilleures conditions de vie dans une liberté plus grande »

Avons décidé d’associer nos efforts pour réaliser ces desseins,
En conséquence, nos gouvernements respectifs, par l’intermédiaire de leurs représentants, réunis en la ville de San Francisco, et munis de pleins pouvoirs reconnus en bonne et due forme, ont adopté la charte des nations Unies et établissent par les présentes une organisation internationale qui prendra le nom des Nations Unies.

La constitution du 25 février 1992, le code des personnes et de la famille et la charte des Nations Unies sont très clairs concernant l’égalité des personnes.

L’efficacité réelle d’un instrument international peut être évaluée en fonction de la mesure dans laquelle les Etats parties appliquent ses dispositions au niveau national. Le mot application dans le cas des instruments juridiques internationaux, désigne à la fois les mesures nationales adoptées par les Etats et les procédures internationales mises en œuvre en vue d’en surveiller la mise en œuvre.

Il n’existe pas de mécanisme chargé de veiller au respect par les Etats de l’obligation d’abolir l’esclavage et les pratiques analogues à l’esclavage.

Le droit de tous les individus de ne pas être soumis à l’esclavage est un droit de l’homme fondamental ; or l’absence de procédures adéquates de mise en œuvre n’est pas faite pour encourager les Etats à mettre en place un système de garantie, contre toutes les formes contemporaines d’esclavage.

Contrairement à ce que l’on pense souvent, l’esclavage sous toutes ses formes est encore courant en ce début de millénaire. La notion d’esclavage est restée relativement statique depuis près deux siècles de lutte abolitionniste menée par les gouvernements et les organisations non gouvernementales. Néanmoins un certain nombre de pratiques comme l’esclavage par ascendance ont fait leur apparition dans la région de Kayes en Milieu soninké.

N’Djim Boubacar
Militant de la cause Humaine

CNDH – IRA-MAURITANIE : MISE AU POINT

● MISE AU POINT

Ira-Mauritanie a reçu l’invitation, adressée à son leader, le député Biram Dah Abeid, par le président de la Commission nationale des droits de l’Homme (Cndh) Ahmed Salem Ould Bouhoubeyni, d’assister à une « présentation de sa stratégie de lutte contre l’esclavage ».

Il a été répondu, à l’interlocuteur, que l’ensemble des réseaux Ira dans le monde sont prêts à prendre part à toutes activités des institutions nationales, gouvernementales ou non-gouvernementales, à condition d’y exercer la liberté de la parole, en présence du public, donc à l’abri de la censure et du tabou. Il s’agit de porter la contradiction au discours ambiant du déni, auquel la Cndh de Mauritanie, sous financement du gouvernement, prête, très souvent, sa caution et sa voix. Le préalable formel de l’expression sans contrainte n’est pas négociable, du point de vue de l’Ira-M ; une telle attitude résulte des années de production industrielle du faux, par les diverses officines de l’Etat, sur les affaires de racisme et d’esclavage, dans la droite tradition du négationnisme hérité de l’ère Ould Taya. La Cndh ne s’est pas encore soustraite à la tradition du lien incestueux entre propagande en direction des partenaires du pays, connivence avec les services de sécurité et diplomatie du mensonge, toutes manœuvres qui soumettent la question des droits de la personne, à des considérations de stabilité politique et de préservation du statu quo.

En ce sens, l’institution, comme le Mécanisme national de prévention de la torture (Mnpt), continue de reproduire des réflexes de soumission au pouvoir exécutif. En témoigne l’appui logistique et financier que leurs prêtent, lors des missions à l’étranger, nos ambassades et bureaux consulaires. Jusqu’ici, en dépit de progrès importants sur la voie de la transparence et du débat apaisé pour le traitement du passif mauritanien dans les domaines de la dignité de la personne, la Cndh et le Mnpt restent à la traîne de la volonté de renouveau que tente d’asseoir le Président de la république, depuis l’alternance de 2019. Aux fins d’illustration, il suffit de constater la tiédeur sinon le peu d’enthousiasme de leur engagement en faveur du projet de loi relatif à la violence sexiste.

Quand les deux organismes – et d’autres en charge de la question – parviendront à illustrer leur indépendance et une composition moins partisane au profit du système de domination multiséculaire, Ira-M s’empressait de leur apporter collaboration et soutien.

Nouakchott, le 28 septembre 2020

©️ Crédit source: Réseaux IRA-MAURITANIE

Interview : Notre entretien RMI-info.com.

 

Koundou Soumaré: « les associations qui composent GANBANAAXUN FEDDE évoluent clairement dans la voie droit-de -lhommiste. »

Dans un entretien avec Rmi-info, le chargé de communication de Ganbanaaxun- Feddé, Koundou Soumaré a assuré que le mouvement s’inscrit « clairement dans la voie droit-de-lhommiste ». Il a précisé que le mouvement milite pour la fin de la violence symbolique et l’avènement des réformes sociétales chez les Soninké. Il a également rappelé la mort de 4 militants le 1 septembre dernier dont un responsable de Ganbanaaxun-Feddé dans un violent affrontement communautaire. En effet, il a dénoncé la détention arbitraire de l’un de leurs militants à Bouanzé dans le Guidimakha.

Au sujet des circuits de médiation traditionnelle, Soumaré précise que « de timides rencontres ont eu lieu entre notre mouvement et certaines associations communautaires en France mais sans aboutir à quelque chose de conséquent. » Avant d’ajouter que la présence des réserves au sein des rangs des progressistes qui sont liées aux pressions et pesanteurs sociales dans le milieu Soninké.

Selon le leader, même s’il y a des progrès enregistrés dans la première année du règne de Mohamed Cheikh El Ghazouani, les autorités doivent avoir le courage de libérer les rouages étatiques du prisme tribal et communautaire.

1-RMI-info : Comment se porte aujourd’hui le mouvement Ganbannaxu -Fede après ces quelques années d’existence? 

Koundou SOUMARÉ : D’abord mes salutations à toute l’équipe RMI-INFO et à vos lecteurs. Et j’introduis mon propos par une pensée pieuse à nos 4 camarades antiesclavagistes lâchement assassinés par une horde haineuse des miliciens féodalo-esclavagistes le 1er septembre dernier à Djandjoumé au Mali. 4 vaillants pères de famille de 44 ans à 73 ans, dont  Monsieur Mountakha Diarrisso qui était le responsable local Ganbanaaxu. Je pense à leurs familles actuellement à Nioro et parmi elles, des blessés à qui je souhaite un prompt rétablissement.  Aujourd’hui je dirais que l’éveil abolitionniste et anti-esclavagiste porté par GANBANAAXUN FEDDE, est plus que jamais porteur à travers le monde soninké et même au delà. Le caractère tabou et complexé qui entourait l’esclavage coutumier par ascendance qui fait partie d’une certaine structuration sociale dans nos communautés faites des castes et des hiérarchies, est levé comme jamais. Ainsi Ganbanaaxu FEDDE suit sa dynamique pacifiste de sensibilisation humaniste et citoyenne autour des problématiques liées à cet esclavage statutaire malgré les gesticulations nuisibles des voix réactionnaires nostalgiques d’un temps moyenâgeux. 

2- RMI-info: Pouvez-vous rappeler le contexte de sa création, ses orientations et les victoires enregistrées jusqu’ici ?

KS : le mouvement GANBANAAXUN FEDDE avait été créé le 5 octobre 2016, sous son aspect forum Whatsapp de sensibilisation, par Monsieur Gaye Traoré qui occupait à l’époque le poste de secrétaire général d’ARMEPES-France (Association des ressortissants mauritaniens pour L’éradication de pratiques de l’esclavage et ses séquelles). Monsieur Traoré est actuellement le président d’ARMEPES-France qui est la structure mère de ce mouvement devenu aujourd’hui transnational. Par la suite le mouvement GANBANAAXUN FEDDE est déclaré en cadre fédératif regroupant plusieurs associations antiesclavagistes évoluant principalement au sein des communautés soninkés en Mauritanie, au Mali, au Sénégal et dans la diaspora. Aborder les données sur le mouvement GANBANAAXUN FEDDE nous ramène nécessairement à l’association ARMEPES qui a été fondée courant 2010 à l’initiative de ressortissants mauritaniens majoritairement d’ethnie soninké . Dans la communauté soninké, l’esclavage coutumier par ascendance est bien ancré dans la stratification sociale. Et le phénomène couvert d’un certain tabou surgit souvent dans des débats crispés et contradictoires, notamment au niveau de sa légitimation religieuse. Dans les années 2000, un lettré  religieux malien d’ethnie soninké du nom de Mohamed Touré (vivant en Arabie Saoudite à l’époque) avait abordé dans plusieurs cassettes la question de cette légitimation de l’ordre coutumier de l’esclavage chez soninkés. Et sa compréhension penchait vers l’affirmatif laissant entendre que les individus castés esclaves statutaires vont le demeurer religieusement s’ils ne vont pas aller quémander leur affranchissement auprès leurs maîtres féodalo-esclavagistes. C’était de ce constat d’une argumentation ouvertement apologiste de l’esclavage entre personnes d’un même groupe sociolinguistique professant une même confession censée être fraternelle et solidaire, que des personnes avaient eu l’inspiration de fonder l’association ARMEPES- France. Parmi les initiateurs, je peux citer l’oncle Ibrahim Cissokho, l’oncle et Ustaz Abdoulaye Traoré, l’oncle Tougué Traoré, l’oncle Dramane Camara entre autres. Une mobilisation militante est axée sur la sensibilisation, les débats , les demandes de réformes sociétales et les actions de développement multidimensionnel au service de la communauté et voire à l’échelle nationale. Je dirais que la phase de la sensibilisation et de l’éveil militant font le succès du mouvement. Et en grande partie, c’est grâce à l’émergence et aux facilités communicationnelles via les réseaux sociaux notamment whatsapp et Facebook. 

3- RMI-info: Avant d’aborder le fond, parlons un peu de la forme, en l’occurrence,  des vos méthodes souvent décriées par vos détracteurs? Quelle inspiration est Ganbannaxu-Fedde ? Êtes-vous une organisation de défense de droits de l’homme, une congrégation religieuse ou une association caritative?

KS: Effectivement, nous avons tant entendu la fameuse réplique aux relents douteux d’ailleurs dégainée par certains « votre cause est juste mais vos méthodes sont mauvaises ». Je peux comprendre certaines voix extérieures à la communauté et ses réalités, mais d’autres personnes ne sont que dans une posture bien connue consistant à éviter le fond des choses. Ainsi pour certains milieux détracteurs issus de la communauté, aborder publiquement les problèmatiques liées à l’esclavage coutumier par ascendance, serait en soi une « mauvaise méthode ». Indexer les assignations sociétales qui discriminent les gens en fonction d’un passé accidentel de l’esclavage, peut perturber certains parce qu’ils y voient une menace pour leur hégémonie sociale et statutaire. 

Les associations qui composent GANBANAAXUN FEDDE évoluent clairement dans la voie droit-de -lhommiste. Dans le volet sensibilisation, certains membres connaisseurs du fait religieux y développent une réflexion discursive de  délégitimation de cet esclavage coutumier en convoquant des sources prouvées issues du Coran et de la tradition prophétique. Autrement, nous ne demandons que la primauté de l’égalité citoyenne à travers l’ordre régalien de nos États sur les velléités dominatrices du régime féodalo-esclavagiste intracommunautaire. 

4- RMI-info: Vous êtes présents en Europe et en Afrique? Mais où compte-t-on plus adhérents aujourd’hui? Avez-vous des liens avec la diaspora notamment des organisateurs du festival annuel des Soninké de l’Afrique l’Ouest? 

KS : j’hésiterais me lancer dans un chiffrage concernant nos adhérents proprement dits entre la France et dans nos pays d’origine. L’éveil GANBANAAXUN FEDDE a eu son envol en France autour de nos activités militantes et la mobilisation a eu ses effets positifs en matière de la prise  de conscience dans nos terroirs. Ainsi le régime coutumier foncièrement trompeur a été dévoilé et nos familles s’affirment en citoyens dignes en revoyant les rapports symbolisant la subordination sociétale entre les castés esclaves et leurs maîtres féodaux. Dans plusieurs villages face au refus systématique de milieux féodalo-esclavagistes à se remettre en question sur la nouvelle donne antiesclavagiste, émerge une communauté Ganbanaaxu aspirant à une autogestion sociale sans les humiliations symboliques liées au ladalenmaxu (rapports de domination féodale symbolique qui maintiennent les descendants d’esclaves dans une subordination perpétuelle). 

Dans les premières années d’ARMEPES-France, un des responsables avait été dépêché à Kayes lors d’une édition de Fiso (festival international de soninkés). En la personne de Monsieur Brahim Cissokho qui s’y était rendu pour sensibiliser la communauté soninké sur la problématique de l’esclavage coutumier par ascendance. D’après son retour d’expérience, l’accueil au message n’était pas à la hauteur, il avait constaté un certain évitement et de l’indifférence. Nous sommes ouverts et notre appel est destiné à tout Soninkara. Malheureusement certains milieux sont piégés par une légendaire suffisance quasi maladive en considérant que tout est parfait dans la société, chacun a sa place. J’espère que les choses vont évoluer progressivement chez eux afin qu’ils mettent à jour leur logiciel d’approche par rapport aux réalités de notre époque. Quelques timides rencontres ont eu lieu entre notre mouvement et certaines associations communautaires en France mais sans aboutir à quelque chose de conséquent. 

5- RMI-info: Ces derniers mois, votre engagement a commencé à avoir des échos retentissants sur la scène internationale. Une note des Nations unies a demandé aux dirigeants maliens de régler définitivement la question de l’esclavage? Pouvez-vous revenir sur cette affaire et le contexte ayant provoqué l’interpellation onusienne de l’État malien? 

KS : Dans mon propos introductif, j’ai abordé cette affaire de Djandjoumé, avec l’assassinat de 4 membres Ganbanaaxu par les milieux féodalo-esclavagistes sur place. D’après mes sources tenues de nos partenaires maliens, les familles de victimes de la soirée funeste du 1 septembre 2020 vivaient déjà dans une ostracisation sociale à cause de leur engagement antiesclavagiste. L’une des victimes, feu Mountakha Diarrisso (73 ans) avait été sauvagement attaqué et sa maison saccagée courant 2018. Un jeune homme d’une trentaine d’années l’avait agressé grièvement parce qu’on lui reproche d’oser ouvrir sa maison pour une réunion du mouvement anti-esclavagiste. Et ils étaient fréquemment entre Djandjoumé et Nioro sur des affaires judiciaires liées aux conséquences de leur rejet de cet esclavage par ascendance. Fin août et début septembre, une décision judiciaire de Nioro en faveur des familles antiesclavagistes au détriment des milieux féodalo-esclavagistes, avait intensifié l’acharnement haineux à l’encontre d’elles. La suite , on la connaît, un lynchage à mort de 4 pères de famille par les miliciens féodalo-esclavagistes du village et même certains proches (subalternes et obligés de l’ordre féodal) de victimes avaient pris part au massacre.  

C’était dans la suite de cet événement cruel que d’experts Onusiens avaient publié leur note à l’endroit des autorités maliennes. Dans nos pays, un certain lobby politique et intellectuel gesticule en coulisses pour soutenir le déni et distordre les réalités de cet esclavage intra-africain qui persiste pourtant dans nos communautés sahéliennes. Au Mali, l’instabilité sécuritaire et politique n’arrange pas l’engagement Ganbanaaxu, car une fois le régalien étatique faillit dans certaines zones comme dans la région de Kayes, les féodaux sont tombés avec une certaine impunité dans la violence brute contre les militants abolitionnistes. L’interpellation réitérée des autorités sur ce phénomène abject par des voix extérieures comme le cas des experts Onusiens, est une lueur d’espoir afin que ces violations des droits humains soient stoppées en protégeant des citoyens qui n’aspirent qu’à vivre dignement. 

6- RMI-info: Dans le Guidimakha, on vous accuse souvent d’être des « fauteurs de troubles » par les notabilités locales. Et souvent même, elles n’hésitent pas à faire intervenir les autorités administratives et sécuritaires.Il n’y a-t-il des voies et moyens pour engager un dialogue interne ? Qu’est-ce qui bloque au de là de la survivance des pratiques et esprit esclavagistes que les Soninké ont en partage les autres communautés nationales du pays? 

KS : Nous ne sommes pas des « fauteurs de trouble » , ce sont des accusations fallacieuses utilisées par certains esprits suprématistes dans le but de nous salir et de vaines tentatives à discréditer un engagement pacifique qui a déjà gagné la bataille morale. Ce que vous appelez « notabilités locales » ne représentent qu’une faction de l’ordre féodalo-esclavagiste. Cette faction est dans la belligérance aujourd’hui face à notre engagement d’éveil humaniste et citoyen qui revendique l’application de l’état de droit. Historiquement cette faction qui s’arroge l’exclusivité de positions d’honneurs et de dignités sociales, profitait d’une omerta intracommunautaire et se donnait une légitimité représentative auprès des autorités régionales. Nos dispositions au dialogue sont réelles et sérieuses dès le départ à l’échelle villageoise, mais les facteurs bloquants sont dûs en grande partie au refus de la faction réactionnaire à se remettre en question sur la vie sociétale devenue problématique aujourd’hui . Notamment l’ordre ségrégationniste et discriminatoire qui sévit hermétiquement en considérant qu’un descendant d’esclave ne peut avoir d’héritage social qu’une subordination coutumière de générations en générations. Diverses manœuvres d’intimidations sont ourdies auprès des autorités régionales contre nos familles et militants mais le temps passant avec la détermination et la résilience, notre engagement pour l’avènement d’une communauté soninké harmonieuse sans les violences symboliques de cet esclavage par ascendance. Je pense à un membre de notre mouvement emprisonné à Selibaby depuis quelques semaines. Ressortissant du village de Bouanze, il est une énième victime des pratiques fallacieuses d’intimidations avec une plainte venant de l’ordre réactionnaire local. Nous sommes confiants dans la noblesse de notre engagement et le Temps sera Juge d’ici bas et dans l’au-delà, In sha Allah. 

7- RMI-info: D’ailleurs, certains progressistes au sein de la communauté Soninké partagent avec vous la noblesse de votre combat. En revanche, ils expriment des réserves quant à la virulence de vos méthodes. Que répondez-vous à ceux-là?

KS : je crois avoir abordé cette donnée brièvement dans l’une de mes réponses tantôt.  Effectivement il y a des voix sincères qui expriment leur bonne volonté mais restent bloquées non par nos supposées « mauvaises méthodes » mais plutôt par les pressions et les pesanteurs sociales exercées par les milieux réactionnaires. Notre discours militant est structuré autour de la demande d’égalité citoyenne entre membres d’un même groupe sociolinguistique. D’ailleurs ce même groupe sociolinguistique peut s’estimer discriminé à une autre échelle (étatique notamment pour la Mauritanie), dans ses spécificités culturelles ou communautaires. Et d’ailleurs un activisme revendicatif est incité dans ce sens par tout le monde mais certains esquivent bizarrement dès qu’il s’agit des inégalités sociales causées par l’ordre féodal en interne . Des paradoxes et contradictions qui sont insupportables et heurtent le bon sens. 

8- RMI-info: On a vu qu’au centre du Mali, certains groupes armés ont instrumentalisé la question peule pour rallier des combattants dans leurs rangs. Des chercheurs et spécialistes crédibles craignent une certaine récupération de votre mouvement. Surtout, il a été observé ça et là, une dispute sur la gestion de certaines mosquées sans parler des prêches de certains de vos prédicateurs qui se revendiquent d’obédience wahhabiste?

KS : Je réitère mon propos, notre engagement s’inscrit dans la mouvance droit-de-l’hommiste classique et de demande de réformes sociétales. Nous sommes légalistes et tenons aux lois et dispositions prévues dans les textes fondamentaux de nos pays. Par exemple en Mauritanie, République islamique, nous ne réclamons qu’une gestion égalitaire à notre endroit en corrigeant les discriminations et les humiliations sociales héritées de l’ordre féodalo-esclavagiste d’antan. Les affaires communautaires dans nos villages de 2020 ne doivent pas être gérées comme 1920. Ainsi basant sur la loi nationale relative à la gestion du culte et des mosquées, nous estimons que la communauté  devrait être plus visionnaire en réformant l’ordre ancien basé sur une certaine hégémonie exclusiviste. Faute d’avoir un consensus à revoir les choses ensemble, les personnes castées esclaves formées en entité sociale méritent d’avoir une autogestion citoyenne et sociale en bon voisinage avec d’autres. Sur le sujet d’obédience religieuse supposée d’un tel ou tel, je crois que cela a une relation avec ce qui se constate relativement dans toute la communauté soninké. Un certain élan de revivification inspiré de différents courants religieux dans la Oumma. Nous sommes des Humains , cette indignité sociale assignée (esclavage statutaire) sur nous de générations en générations dans la communauté, reste la mobilisation principale afin de se soustraire pacifiquement selon les lois de nos pays et conventions internationales. 

9- RMI-info: En Mauritanie, les autorités évoquent toujours l’existence des séquelles d’esclavage. L’actuelle Commission nationale des droits de l’homme (CNDH) inspire confiance aux yeux de la plupart des défenseurs des droits l’homme. Ses dirigeants communiquent plutôt sur la nécessité d’assurer aux victimes leurs droits fondamentaux notamment accès à l’état civil, le droit foncier, l’éducation et l’accessibilité aux soins de santé . Pensez-vous que cette démarche est apte à régler le problème de l’esclavage en Mauritanie? 

KS : Depuis une année, il est indéniable qu’une dynamique communicationnelle est enclenchée sur les problématiques liées à l’esclavage par la CNDH de Maître Bouhoubeïni. Après il faut davantage une redéfinition du langage utilisé pour nommer certaines tares d’aujourd’hui annexes à l’esclavage pratiqué dans le passé chez les soninkés notamment. Aborder d’une manière transversale et transcommunautaire, les séquelles esclavagistes, peut manquer de pertinence et de lisibilité sur les réalités spécifiques à chaque communauté. Chez les soninkés, les violences symboliques perpétuées par le ladalenmaxu (rapports de subordination sociétale entre familles d’anciens maîtres et familles castées esclaves) est à bannir pour de bon. C’est ce cordon coutumier qui structure l’ordre féodalo-esclavagiste soninké et relègue les descendants d’esclaves. Par ce biais on fera accepter les positions de seconde zone aux descendants d’esclaves dans la communauté. Droit d’aînesse non reconnu  pour eux et leurs compétences ignorées insidieusement s’il s’agit des honneurs liés aux statuts et autres privilèges . Et à ce niveau, la CNDH peut mieux faire, c’est à dire  inviter tous les protagonistes en séminaires citoyens, donner la parole libre à tout le monde sur la thématique. Certainement, on pourrait y avoir beaucoup de surprises sur la question « séquelles de l’esclavage » en Mauritanie, dans toutes les communautés confondues. Pour étudier et proposer des pistes particulières de correction dans chaque communauté concernant les discriminations et droits lésés à cause d’un passé esclavagiste ayant affectant l’ascendance de certains citoyens. 

10- RMI-info: le président El Ghazouani a bouclé sa première année à la tête de l’État? Que vous inspire-t-il? Quelles sont vos attentes envers lui et son gouvernement?

KS : De mon avis d’observateur, je dirais que l’année de règne du Président Ghazouani suscite un intérêt à divers degrés. Par rapport à sa méthode et sa personnalité que les mauritaniens découvrent avec une certaine surprise, sa gouvernance fait face à plusieurs défis. On remarque une forme de rupture interne dans le système du pouvoir qui tient le pays depuis juillet 1978 (hormis la brève parenthèse Sidioca). S’il arrive à libérer les rouages étatiques du prisme tribal et communautaire, à garantir une Justice Libre, à investir sérieusement dans l’Éducation Nationale, à permettre l’ouverture d’un débat sans tabous entre tous les mauritaniens (passif humanitaire, l’esclavage, l’unité nationale entre autres) l’Histoire retiendra son nom comme inspirateur consensuel d’une dynamique politique et sociale inédite qui ferait cette Mauritanie réconciliée tant attendue. Concernant les séquelles esclavagistes qui persistent dans la communauté soninké au Guidimagha notamment, je crois qu’une volonté ferme de la force publique régionale peut tout arranger et rapidement. Par la parole officielle, le gouverneur peut réaffirmer le régalien étatique et veiller à l’état de droit dans toutes nos contrées villageoises. Dans la même la lancée, préfets, chefs d’arrondissement , chefs de brigade et maires mobilisés, peuvent constituer des équipes mixtes de citoyens regroupant différents protagonistes, et chaque village verra ses différends pris en compte et solutionnés avec équité et pacifisme à la lumière des droits fondamentaux garantis par la constitution pour les uns et les autres. La Paix ne se refuse jamais si un ordre juste et digne y préside sincèrement . Ainsi une fois le corps social apaisé et réconcilié, les différents projets de développement annoncés ici et là gagneraient plus d’efficience dans nos terroirs au service de TOUS. 

©️ Crédit source: http://rmi-info.com/entretien-de-rmi-avec-koundou-soumare-de-ganbanaaxun-fedde/?preview=true&frame-nonce=a6ab35c514

Ministère de l’Intérieur : L’Etat de droit signifie que tous doivent répondre de l’observation des lois

AMI – Le gouvernement s’est attelé à l’œuvre salutaire de restauration et de réaffirmation des règles et des institutions d’un véritable Etat de droit républicain, pour protéger les libertés individuelles et collectives, et pour promouvoir une plus grande inclusion des citoyens, dans la paix et la concorde.

C’est ce qu’indique un communiqué du ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation parvenu, vendredi, à l’AMI.

Le communiqué précise que cette promotion de l’Etat de droit s’inscrit dans un vaste programme de réformes, allant de la rénovation de notre législation en vue de l’adapter aux exigences d’une démocratie moderne fondée sur nos valeurs fondamentales, à la consolidation des institutions publiques, la séparation des pouvoirs et leur coopération dans le respect strict de la constitution, des lois en vigueur et de nos engagements internationaux.

Voici le texte intégral de ce communiqué :

« Dans le cadre de la mise en œuvre du Programme du Président de la République, Son Excellence Monsieur Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, le Gouvernement s’est attelé à l’œuvre salutaire de restauration et de réaffirmation des règles et des institutions d’un véritable Etat de droit républicain, pour protéger les libertés individuelles et collectives, et pour promouvoir une plus grande inclusion des citoyens, dans la paix et la concorde.

Cette promotion de l’Etat de droit s’inscrit dans un vaste programme de réformes, allant de la rénovation de notre législation en vue de l’adapter aux exigences d’une démocratie moderne fondée sur nos valeurs fondamentales, à la consolidation des institutions publiques, la séparation des pouvoirs et leur coopération dans le respect strict de la constitution, des lois en vigueur et de nos engagements internationaux.

Les organes chargés de la sécurité publique jouent un rôle crucial pour assurer le respect des droits et des devoirs de tous les citoyens sans distinction aucune ainsi que la protection scrupuleuse de l’ordre public et des bonnes mœurs.

Il convient à cet égard de rappeler, qu’en tant que principe de bonne gouvernance, l’Etat de droit signifie que tous, institutions autant qu’individus, sans exception, doivent répondre de l’observation des lois, veiller au respect de leurs prescriptions, dans l’équité et la transparence, loin de tout arbitraire et de toute discrimination. Ainsi seulement pourra être durablement établie, la confiance des populations vis-à-vis des politiques publiques, seule gage de leur pleine réussite.

A cet effet, les services publics, en particulier ceux en charge de la sécurité relevant du Ministère de l’Intérieur, s’attachent plus que jamais, à assurer avec fermeté que tous puissent bénéficier de la protection et de la bienveillance qu’accorde la loi aux citoyens, mais aussi que chacun assume la responsabilité pleine et entière de ses actes, en connaissance de cause et sans privilèges d’aucune sorte.

Aucun citoyen ne sera en marge de la loi ni ne se placera au-dessus d’elle. Elle sera appliquée dans toute sa rigueur, mais dans le strict respect des procédures qu’elle définit. Tel est le sens général de l’orientation que le Ministère de l’Intérieur veillera sans relâche et avec détermination, à mettre en œuvre, dans ses missions de défense des libertés, de garantie de l’ordre public républicain et de l’affirmation de l’Autorité de l’Etat, inscrivant ainsi son action dans le cadre du programme stratégique du Président de la République, pour sortir notre pays du sous-développement et assurer sa modernisation complète dans la paix, l’égalité citoyenne et la concorde nationale et sociale ».

©️ Crédit source: http://cridem.org/C_Info.php?article=740851

Mauritanie: les victimes des exactions du passé ne renoncent pas à demander justice

Le360afrique – Plus de 30 ans après les faits, des Mauritaniens ayant souffert d’exactions ou d’atteinte à leurs droits humains fondamentaux, ou leurs ayants droit, ne renoncent pas à obtenir réparation et continuent leur lutte, malgré de nombreux obstacles.

Une importante délégation du Cadre de concertation des victimes des événements de 1989-1992 (CC/VE), conduite par son président, Sylla Samba Demba, s’est rendue en audience à Nouakchott auprès du président de la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH), maître Ahmed Salem ould Bouhoubeini.

L’entretien avec le président de la CNDH, organe consultatif, qui conseille le gouvernement et le parlement dans le domaine des droits humains, a porté sur ce passé, qui, plus près de trois décennies après les faits, est encore ressenti comme « douloureux » par ses victimes, annonce un communiqué de la CC/VE, rendu public, mercredi 23 septembre 2020.

Les exactions et atteintes aux droits humains dénoncés par la CC/VE ont eu lieu sous le régime du colonel Maaouya ould Sid’Ahmed Taya.

Au cours de cette période, qui aura duré trois années, des déportations, des expropriations arbitraires, de multiples violations des droits humains ont été commises, ainsi que des exécutions extrajudiciaires qui ont ciblé plusieurs centaines de militaires issus de la communauté négro-africaine, entre septembre 1990 et février 1991.

«Les échanges ont tourné autour du passif humanitaire, notamment des voies et moyens pour régler ce problème, qui reste une épine au pied de la Mauritanie. La délégation a trouvé une oreille attentive auprès du président de la CNDH. Ce qui a permis de rappeler les morts, les handicapés à vie, la situation des veuves et orphelins, qui reste d’actualité, malgré une amorce timide de règlement», indique un communiqué de la CC/VE.

Comptant dans ses rangs de nombreuses victimes des événements de 1989-1992, la CC/VE est une coalition composée de plusieurs associations les regroupant, dont le Collectif des rescapés militaires (COREMI), l’association Mooyto Koota, l’Union des hommes d’affaires (UHA), l’ONG REVE civile et militaire…

La délégation a sollicité l’implication du président de la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH) dans la recherche d’une solution juste et équitable, fondée sur « quatre devoirs »: le « devoir de vérité », le « devoir de justice », le « devoir de réparation » et le « devoir de mémoire ».

Le président de la CNDH a exprimé la disponibilité de l’institution qu’il dirige pour la recherche d’une solution, et indiqué des pistes à celle-ci.

Il a tenu à rappeler que cette organisation était au service des Mauritaniens, et ne ménagera aucun effort pour contribuer au respect des droits humains et à leur sensibilisation.

De notre correspondant à Nouakchott
Amadou Seck

©️ Crédit source: post page Mauritanie https://www.facebook.com/297319407063485/posts/3117809578347773/?substory_index=0

Mauritanie | Droits humains : la CNDH reçoit l’association AMEES

•Photo Page FB du président CNDH

Le Président de la Commission Nationale des Droits de l’Homme Maitre Ahmed Salem Bouhoubeyni a reçu aujourd’hui mercredi 23 septembre 2020 dans les locaux de la CNDH une délégation de l’Association Mauritanienne pour l’Eradication de l’Esclavage et ses Séquelles (AMEES). Cette délégation était conduite par le député Ladji Traoré et comprenait Monsieur Diarra Sadijou, Président et Monsieur Fousseinou N’diaye, membres ainsi que le secrétaire général.
Les discussions ont porté sur la situation de certaines communautés dans la wilaya du Guidimakha, anciens esclaves.

Le Président de la CNDH, quand à lui a exprimé son entière sympathie et la volonté de la CNDH d’œuvrer pour que tous les citoyens mauritaniens puissent vivre en liberté, en égalité et obtenir leurs droits.

©️ Crédit source: post FB du président CNDH – https://www.facebook.com/1578519449063467/posts/2662842007297867/

« Le Mali 60 ans après toujours en quête d’une identité judiciaire. » Par Boubacar N’Djim, président du MSDH (Mali)



Injustice immanente, parfaite; esprit, sentiment d’injustice; monument d’injustice; comble de l’injustice; (histoire) criant(e) d’injustice; combattre, dénoncer, refuser l’injustice; souffrir, subir, supporter l’injustice; ériger l’injustice en système; justifier l’injustice; crier à l’injustice; s’opposer à l’injustice; protester, se révolter contre l’injustice; défendre quelqu’un contre l’injustice; tirer parti de l’injustice; traiter quelqu’un avec injustice.

Etre témoin, victime d’une injustice; endurer une injustice; dénoncer, redresser, réparer, venger une injustice; entériner une injustice.

La cause de ces insurrections est presque toujours la même : les exactions, les extorsions et mille autres injustices commises par les caïds (gouverneurs et élus communaux et autres complices) est de réclamer humblement leurs droits face à l’injustice.

L’injustice sociale est une évidence si familière, elle est d’une constitution si robuste, qu’elle paraît facilement naturelle à ceux mêmes qui en sont victimes.

L’esclavage et ses pratiques sont une réalité et les conséquences sont énormes:

Exations et exécutions sommaires;
Disparitions forcées;
Des déplacés en interne au Mali;
Des spoliations de terres;
Des violences basées sur le genre de toute sorte.

Ce n’est pas l’injustice en soi qui nous blesse, c’est d’en être l’objet.

Une vielle femme du Mme Sokhana Diakité âgée de 80 ans évacuée en urgence à l’hôpital du Mali de Bamako depuis le 02 Septembre qui a perdu son fils dans la nuit du 1er Septembre 2020. Elle a perdu aussi un œil déjà.

Le seul péché de leur famille c’est d’avoir gagné un procès pour récupérer leurs terres cultivables contre des gens qui se prennent pour des maîtres, et d’autres sont emprisonnés illégalement.



Cette dame a besoin d’être soutenu financièrement, juridiquement et moralement afin que justice soit faite.

Merci de rentrer en contact avec ces parents.

N’Djim Boubacar.
Militant de la cause humaine.

©️ Crédit source: reçu de l’auteur – post Facebook https://www.facebook.com/100034842438378/posts/369833457521399/

Réflexion / Débat : « Si, le mot Nègre est péjoratif. » Par l’essayiste Mauritanien Mohamed Lam

J’entame mon propos avec le postulat suivant :

Le mot Nègre ne désigne pas qu’une couleur, c’est une condition sociale et d’existence imposée à l’homme noir africain. Il est alors péjoratif. Il l’était hier, il l’est aujourd’hui et j’espère qu’il le sera pour toujours.

Agatha Christie, elle même, était d’accord pour ne pas utiliser le mot Nègre dans le titre de son célèbre roman « Dix petits Nègre« , publié 1938, en Angleterre, sous le titre de Ten Little Niggers.

D’ailleurs, Jean Garrigues, historien rappelle qu’elle avait «elle-même reconnu l’utilité de changer le titre au début des années 1940 aux États- Unis», car, dit-il, je cite, elle «sentait […] le poids négatif que ça pouvait jouer sur des populations» (voir l’article au complet en références ci-dessous)

Je rappelle également que l’homme noir africain, avant sa rencontre avec l’homme blanc (y compris les personnes blanches du monde arabe) , ne se définissait pas comme un homme noir mais comme un homme tout court, un humain.

C’est avec l’institution de l’esclavage, de la colonisation ainsi que celle du racisme dans les imaginaires du dominant que son existence fut redéfinit par ce dernier.

L’homme noir africain, devient alors Nègre non pas seulement par sa couleur mais par sa condition de subalterne, d’infériorité.

Nègre n’est donc pas qu’une couleur mais une condition sociale bien qu’il signifie noir en langue Portugaise (ou en latin negro).

L’africain n’a pas inventé le mot Nègre pour se définir lui-même, il n’a pas à être fiers de répondre par cette appellation.

Il n’y a rien à revendiquer d’original si nous ne sommes même pas capables de nous définir selon nos propres modes de perception sociale. La validation de concepts exogènes péjoratifs pour nous qualifier réduit nos individualités et de nos identités respectives ou encore de nos existences dans une vision autre que celle que nous possédons.

Revendiquer le mot « Negro », pour désigner les populations noires de Mauritanie, se l’approprier comme méthode de lutte afin de rejeter le regard que les autres portent sur nous est fondamentalement dangereux pour notre singularité, notre histoire.

Nous sommes, dans le cas Mauritanien, très loin de la pensée de Césaire, ce « Nègre fondamental », qui, comme pour apporter une altérité avec l’homme blanc, définit l’homme noir dans sa différence culturelle et identitaire.

Lorsque Césaire invoque le mot nègre c’est pour répondre aux racistes et aux colons la chose suivante : « Le Nègre vous emmerde ». Entendons par là, le rejet qu’il fait de la signification, dans le fond, du mot. Il l’explique dans une interview :

« … Et quand je parlais de négritude, c’était pour répondre précisément aux racistes qui nous considéraient comme des nègres, autrement dit des riens. Et bien non ! Nègre vous m’appelez et bien oui, nègre je suis. N’allez pas le répéter, mais le nègre vous emmerde. « (Aimé Césaire)

Le contexte Mauritanien est assez différent du contexte colonial bien qu’il y est le facteur domination qui surgit.

La démarche des trois intellectuels de la Negritude (Damas, Senghor et Césaire) n’était donc pas de valider l’idée qui en elle même est substantiellement stigmatisante.

Il est impossible de se débarrasser du caractère humiliant du mot Nègre en en faisant usage.

Selon moi, Nègre est donc une condition sociale imposée. Une fatalité pour l’africain. Un Noir Mauritanien qui se l’arbore fièrement me dérange profondément car il se soustrait de s’autodefinir lui-même.

C’est dans une démarche de « pensée déconstructive » que doit s’inscrire la définition de qui nous sommes.

Cheikh Anta aussi disait Nègre ?

Oui, mais il faut très mal lire Mr Diop pour affirmer que Nègre est convenable car il l’a utilisé.
Nègre, dans la bouche d’un V. Hugo a une toute autre signification que si c’est un Cheikh Anta Diop qui le prononce.

Si l’un reconnaît publiquement la hiérarchie des « races » (passez moi ici l’usage de cet autre abominable mot) et la toute puissance civilisatrice de l’occident sur le continent africain , l’autre prouva, en utilisant le mot Nègre, l’ancienneté de la culture et de la civilisation noire comme  pour déconstruire toute une conception tronquée sur la valeur civilisationnelle de l’homme africain.

Hugo sous estime, infériorise et animalise. Cheikh valorise, restitue une histoire mal racontée et humanise. Dans les deux cas, à mon avis, le mot Nègre reste péjoratif.

Lorsque des personnes noires sont traités de sales nègres dans les pays occidentaux, les indignations fusent de partout pour dénoncer un certain racisme. Or, dans le monde noir, l’utilisation du mot est faite de façon tout à fait normale.

Utiliser l’appellation faite par l’oppresseur qui en a lui-même décidé ainsi, c’est deux fois accepter sa propre condition sociale :

1-Être incapable de se nommer.
2-Être incapable de se définir soi-même.

Par l’effet de l’aliénation et de la perte de nos identités respectives, faire fièrement  usage du mot « Negro »,  sans analyse conceptuelle profonde, c’est valider le regard que le dominant porte sur le dominé.

Dans les années 30, les penseurs de la Négritude en ont fait usage, mais leur objectif était principalement d’explorer le particulier, le singulier, les différences pour mieux les porter à l’universel.

Qui est  » Negro Mauritanien »?

Partons d’un syllogisme :

1-Tous les Noirs de Mauritanie sont « Negro-Mauritaniens ».
2- Les Haratines sont des Noirs de Mauritanie.
3- Donc les Haratines sont « negro Mauritaniens ».

Il y a là une difficulté majeure et j’estime que le débat mérite d’être posé à plus grande échelle.

Culturellement ou traditionnellement, les Harratines sont plus proches des Maures que des Noirs de Mauritanie. Je ne reviendrai pas sur la thèse qui consisterait à expliquer que c’est à cause de l’esclavage, tout le monde le sait.

Mais il est tout de même important de savoir que si est « Negro Mauritanien » toute personne noire de Mauritanie, tout hartaani est negro Mauritanien.

Or, on le sait, rien, à part la couleur de la peau, n’indique qu’un hartaani est traditionnellement plus proche d’un Peul qu’un Maure. Le Hartaani s’habille, parle, pense et mange même peut-être comme un Maure.

Alors qui sont vraiment les « Negro Mauritaniens »? 

Les militants et les intellectuels Mauritaniens qui ont fait usage de l’expression « Negro-Mauritanien » n’ont fait que reproduire les techniques de définition utilisées jadis : affirmer sa négritude par rapport au système politique et social Mauritanien. Système Beydane (blanc) selon beaucoup de personnes.

Cependant, agir ainsi laisse penser que l’homme noir Mauritanien a quelque chose à prouver à l’homme blanc Mauritanien.

Le noir se definirait alors uniquement par rapport à l’autre. Il ne cherche pas à trouver, à travers lui-même, ce qui le rend authentique.

Césaire, pourtant, dans « Le Nègre fondamental« , était dans cette posture. L’affirmation de l’identité et de la culture noire dans un monde dominé par la culture blanche. Mais il avait une Pensée-Monde qui ne tolerait aucune interprétation consistant à figer sa réflexion sur le seul mot Nègre.

L’objectif des penseurs de la négritude n’était pas de confirmer l’idée que l’on avait du noir, mais de la déconstruire.

Or, en Mauritanie, je ne pense pas que les militants et intellectuels soient dans cette même position. Aucune doctrine n’a été élaborée et étudiée pour donner du sens aux mots employés dans les luttes pour l’égalité.

L’expression est utilisée pour simplement distinguer le Noir du Beydane. Alors autant dire Noir. Nègre, c’est péjoratif et recourir fièrement à son utilisation c’est finalement héberger dans sa propre vision, tous les préjugés racistes sur l’image du Kewri (Noir en Berbère Mauritanien).

Mohamed Lam
Essayiste Mauritanien

https://www.google.com/amp/s/www.slate.fr/story/194546/agatha-christie-dix-ptits-negres-rebaptise-ils-etaient-dix-pourquoi-france-accrocher-desesperement-racisme%3famp

« MAURITANIE: L’IGNORANCE ET L’INDIFFÉRENCE! » Par l’activiste mauritanien et militant politique Kaaw Touré

JE SIGNE ET PERSISTE

• MAURITANIE: L’IGNORANCE ET L’INDIFFÉRENCE!

J’ai été très choqué et indigné de découvrir encore sur la toile que certains frères et soeurs africains ne savent même pas qu’il y a des Noirs, Haalpulaar(Ful6e), des Soninko, des Wolofs, des Bamana… en Mauritanie. Oui, des Noirs qui sont des Mauritaniens authentiques, de souche, d’origine et non des simples fils des immigrés Ouest-africains! Apparemment ils ignorent complétement l’histoire du peuplement, des empires et autres royaumes traditionnels dans notre sous région.
Il faut reconnaitre aussi que la politique raciste de la diplomatie mauritanienne a si bien réussi que partout dans le monde on croit que la population mauritanienne est à 100% maure(Bidhane) et que la Mauritanie doit rimer avec mauritude!
Quel est le noir mauritanien membre d’une délégation, étudiant à l’étranger qui n’a pas été victime de cette méprise dans certains pays?  » Vous êtes mauritanien , vous êtes arabe? » ou « Vous êtes « Naar », donc vous parlez arabe ou hassaniya »!!!

Pour ceux qui ne connaissent pas l’histoire, la Mauritanie actuelle est une création artificielle du colonisateur français et elle se situe sur les ruines de l’ancien Tekrour, Ghana, Fouta , Waalo, terres où se sont créées, puis individualisées et developpées ces nationalités négro-africaines (pulaar, soninké, wolof, bambara, sérère…). Oui, la Mauritanie n’était pas terra ex nihilis avant l’arrivée des Arabo-berbères!

En réalité si on se réfère à l’histoire la population noire est autochtone et tout tend aussi à prouver qu’elle est majoritaire en Mauritanie. Nous n’en tirons pas naturellement prétexte pour exiger l’installation d’un pouvoir exclusivement noir à Nouakchott. Et comme nous le soulignions dans notre historique « Manifeste du Négro-mauritanien opprimé » de 1986, pour les Noirs, le fait d’être majoritaire et de se référer à une antériorité de l’occupation ne suffisent pas pour contrôler ce pays. L’Afrique du Sud sous l´Apartheïd était un exemple édifiant. Les Afrikaners sont d’origine européenne. Ils représentaient 3 millions sur les 25 que comptait le pays. Mais, ils sont arrivés à dominer celui-ci par le moyen de la violence politique, policière, militaire et par la domination économique et c’est la même politique inique et cynique qui est appliquée aujourd’hui en Mauritanie dans le silence et l’indifférence de la communauté internationale et africaine.
Nos frères et voisins africains attendront certainement comme disait l’autre, le jour où les européens ou américains, en panne d’une bonne cause à défendre dénonceraient enfin ce qui se passe dans ce pays si proche, alors bien sûr ils feront les choeurs. Et nos artistes trouveront subitement l’inspiration, nos poètes leurs muses, nos griots dépoussiéront leurs koras, nos journalistes leurs plumes, nos panafricanistes et « droits de l’hommistes » leurs voix, pour chanter les vaillants HÉROS assassinés dans les geôles de l’État raciste à Oualata, Djreïda, Inal, N’beyka et à Azlat , s’indigner de cette belle négritude bafouée et dénoncer enfin cet autre Apartheïd au coeur du Sahel.

Notre souhait le plus absolu serait que ces questions de couleur, de pourcentage passent au second plan pour laisser place aux seuls critères de compétence et de patriotisme.
Et comme je le souligne très souvent : Elle est belle la Mauritanie quand elle est en harmonie et assume avec fierté sa diversité et ses identités!
Ebène et sable en harmonie, Noirs et Beydanes unis, tu revivras ma Mauritanie.

Demain il fera jour et la lutte continue!

Kaaw Touré

©️ Crédit source: Reçu de l’auteur (post FB)

Visite de BDA chez KHB : La réaction de précisions du SG de RAG, Balla TOURÉ

Bonjour à tous.


Après lecture du communiqué de la CVE relatif à la visite du président Biram Dah Abeid au président Hamidou Baba Kane, sans vouloir polémiquer, je tiens à préciser ceci:

  • L’idée de la visite est partie de moi, suite à une rencontre que j’ai eu avec le président Kane, j’ai informé le président Biram Dah Abeid que Hamidou Baba Kane est malade et amaigri et que par conséquent, il serait adéquat de lui rendre visite; je suis bien dans mon rôle de dirigeant en vue d’Ira, puis du Rag, et le président Biram à toujours était soucieux d’exprimer de près, sa solidarité en pareilles circonstances, à ses concitoyens, même anonymes et aux personnalités nationales.
    Après l’accord du député Biram Dah Abeid, j’ai émis au président Kane la possibilité que nous lui rendons visite.
  • Ce n’est pas la 1ere fois que le président Biram fasse le déplacement pour rencontrer ses aînés leaders politiques et moi j’ai toujours assuré le côté protocole, mais cette fois-ci, le président Biram n’a pas été à l’origine de la visite et moins encore de son caractère politique, et encore moins, il n’y a eu de demandes pressentes ou insistances de sa part.
    Après les salutations d’usage, le président Biram a les bonnes nouvelles de la santé de son aîné et ce dernier lui a expliqué les causes de la souffrance et l’a rassuré sur son rétablissement. Et bien sûr les deux hommes ont échangé sur l’actualité politique et les meilleurs moyens pour que l’opposition mauritanienne tire profit de l’ouverture qui se dessine sous le régime du président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani.

Balla Touré
SG RAG

©️ Crédit source: Réseaux IRA et RAG