Mauritanie/ Rapport CEP : La réaction du juriste Lo Gourmo

Le rapport de la commission d’ enquête parlementaire est déposé devant l’ Assemblée Nationale. C’ est une première dans l’histoire politique et institutionnelle du pays. Cette commission a été constituée à l’instigation des partis de l’opposition démocratique, toutes obédiences et nuances confondues. Pas un seul parti d’ entre eux, pas un seul, représenté au parlement, n’ a fait défaillance. Depuis le coup d’ Etat de 2008, et au gré des scandales économico-financiers multiples, variés et retentissants qui ont émaillé le règne du  » Président des Pauvres » devenu sans doute ( de son propre aveu!) un « homme riche » ( et c’ est un euphémisme), cette opposition, à côté des autres revendications politiques et sociales, a toujours fait de l’ exigence de transparence dans la gestion des maigres ressources financières du pays et de ses richesses, l’ un des aspects essentiels de son combat. Du fait d’ erreurs politiques enfantines, dues à son arrogance et au sentiment de surpuissance que procure fatalement toute longue jouissance sans partage du pouvoir, l’ ancien Chef de l’ Etat s’ est aliéné, EN DIRECT , et brutalement, tout soutien, toute sympathie de la part de son camp naturel, devenu par son fait, celui de ses pires ennemis. Voilà le secret de la création miraculeuse de cette commission parlementaire, fruit d’une demande générale de solder les comptes de l’incroyable gouvernance Aziz et d’un besoin impératif que rendent ces comptes, tous ceux sur qui le Général a pu s’ appuyer pour ses ténébreuses et tres lucratives affaires. Que l’ on ne nous raconte donc pas des sornettes. Ceux qui ne sont pas, absolument pas, interessés à la chose, pour savoir oû sont passés ces ressources et ces richesses du pays, ont sans doute leur raison. Mais de gràce, on est en Mauritanie et tout le monde se connaît. Le tintamarre sur l’ air du  » tous pourris, tous pareils » ne pourra jamais étouffer le bruit des casseroles qui traînent. L’ histoire ne s’ arretera pas à ces enquêtes car le besoin de vérité ne s’ arrête pas à la décennie Aziz ni aux dossiers exhumés à cette occasion. Mais il y a un début à tout et les ruses de l’histoire sont surprenantes. Que ceux qui veulent plus en matière d’ enquêtes le demandent avec force mais nul ne devrait refuser ce que la bonne providence et la bonne occasion offrent à notre soif de justice. Et c’ est le cas avec le rapport de la commission d’ enquête.


Gourmo Lô, Facebook 28 juillet 2020

©️ Crédit source: Reçu GR Réseau whatsapp Enjeux mauritaniens.

Allocution de l’honorable députée Coumba Dada Kane lors de la plénière du 27 juillet 2020 à l’assemblée nationale de Mauritanie.



La Haute cour de justice qui a pour compétences de juger, le président de la république a disparu de l’architecture juridique du pays par la volonté de beaucoup d’entre nous ici présents.

Monsieur, le président et chers collègues députés!

Dans cette auguste Assemblée siègent encore des élus qui ont défendu lâchement et sans état d’âme la suppression de cette juridiction.
C’était pour faire plaisir à l’ancien Président de la République qu’ils croyaient éternel et qu’ils avaient présenté comme le messie, le sauveur du peuple mauritanien, le bâtisseur jamais égalé dans l’histoire politique de notre nation.

Ces personnes sont connues. Elles n’ont pas besoin d’être nommées. D’ailleurs, nos regards se croisent en ce moment même dans la salle. Ils ont aujourd’hui le courage et l’audace de demander le rétablissement de la Haute Cour de justice.
Ces élus-là font honte à la République et déshonorent notre prestigieux statut consacré par le pouvoir législatif, un maillon essentiel de notre système démocratique.
Il y a quelques mois seulement, ces mêmes gens défendaient contre vents et marées le troisième mandat de l’ancien Président de la république, Mohamed Ould Abdel Aziz.
Ils rivalisaient d’ardeur pour mobiliser et manipuler les foules afin d’inciter Mohamed Ould Abdel Aziz à violer sans coup férir la constitution.
Quelle hypocrisie ! Quel désaveu et quelle couardise !
Un député, c’est un élu du peuple sous d’autres cieux .C’est un représentant du peuple fort de sa légitimité.
Cette fonction honorable est incompatible avec le mensonge, la recherche efreinée du gain mal acquis et l’opportunisme. Un élu du peuple est une caution morale qui exige de la hauteur, de la retenue et de la responsabilité d’une part mais aussi de la redevabilité d’autre part.
Notre vocation, faut-il le rappeler, c’est de défendre l’intérêt du peuple. C’est un sacerdoce.
Nous ne sommes ni des ennemis du Gouvernement ni les amis du Gouvernement mais un train d’union entre l’Etat et le peuple avec un certain penchant pour le peuple souverain qui a besoin de connaitre la vérité sur la gestion de ses ressources.

Mes chers collègues députés! Supprimer la Haute cour de justice puis la rétablir, cela est caractéristique d’un enfantillage et de la faiblesse de nos institutions à la merci de nos gouvernants.
Le rétablissement de la Haute Cour de Justice, qui cristallise les débats à l’Assemblée nationale et même au-delà ne réglera pas pour autant l’impunité et le manque de justice que connait notre pays depuis plusieurs décennies.
Notre système judiciaire protège les plus forts et écrasent les plus faibles ou les stigmatise.
C’est une justice aux ordres, partiale, accusatrice et broient sans pitié les plus vulnérables.
La Haute cour de justice pour quoi la rétablir ? Juste pour juger l’ancien Président de la république ? Cela ressemble fort à un règlement de comptes entre deux individus. Mais où se situe alors l’intérêt du peuple mauritanien ? C’est à mon avis le plus important.
Que dalle !
Pour caricaturer, le jour où les deux personnes en hostilité arriveront à aplanir leur différend, le peuple si enthousiaste pour un procès de l’ancien chef de l’Etat comprendra qu’il a été dupé pour la énième fois. C’est une supercherie !
D’ailleurs, certains juristes de haute facture pensent que l’ancien Président est un citoyen ordinaire et donc un justiciable comme un autre. Il ne peut être jugé que par une Haute Cour de justice en cas de haute trahison.

Je laisse ce débat aux Hommes du droit. Mais une chose est sûre.
Le peuple mauritanien a déjà fait le procès de tous ceux qui l’ont dépouillé de ses richesses et semé la haine en son sein pour briser son harmonie et sa concorde ,toutes choses qui occasionnent sa fracture, sa désunion pour servir des desseins démoniaques et machiavéliques.
Monsieur le président et chers collègues députés!
Le mal de notre justice est plus structurel que conjoncturel.
Redonner vit à la Haute Cour de Justice ne saurait être la solution.
Notre système judiciaire notamment dans ces textes et lois est cosmétique pour faire plaisir à l’Occident.
Souvent inadaptés, incompatibles d’avec nos réalités socio culturelles, nos textes ne sont jamais appliqués. Or une loi n’a de sens et d’existence que lorsqu’elle est effective.
Si non à quoi bon de voter des lois, alors que tout le monde ,y compris le législateur, laisse volontairement des voies de contournement comme pour inciter à violer la loi.
Ainsi alors, le débat sur le rétablissement de la Haute cour de Justice est celui du procès de notre système judiciaire qui manque de soubassement, pêche par son inconstance et son manque de vision et de perspectives.

Mme Coumba Dada KANE
Vice-présidente IRA-MAURITANIE
Députée à l’Assemblée Nationale Mauritanie

©️ Crédit source: Réseaux IRA-MAURITANIE