Mauritanie/Économie : La dette souveraine Mauritanienne impactée par la gestion de la crise du Covid-19 ?, Par Pr Ibrahima Dioum

A la suite de la récession engendrée par la gestion de la pandémie du Covid-19, les représentants du groupe G20, en réunion par visioconférence ce mercredi, ont accordé aux pays pauvres un moratoire sur leur dette pendant les 12 mois à venir. Cela devrait les aider à faire face au repli l’activité économique en cours et à la crise économique mondiale qui se profile à l’horizon. En effet, le remboursement de la dette publique affecte considérablement la richesse créée par les économies concernées.

L’économie mauritanienne n’est pas en reste. La dette du pays représentait 76,9% de son PIB en 2017. Elle avait atteint vertigineusement 83,9% du PIB en 2018 avant d’être réduite à 80,6% en 2019. Ces ratios sont au dessus de la moyenne du niveau d’endettement de l’Afrique Subsaharienne 50,2% en 2019. Alors cette dette inquiète bien qu’elle soit en recul de 3 points sur les deux dernières années. Le contexte économique actuel pousse ainsi à se questionner sur l’évolution future de la dette de La Mauritanie. L’analyse de différents secteurs économiques économique du pays donnerait une première réponse.

Depuis la privatisation à outrance dictée par les politiques d’ajustement structurelles des années 90, la Mauritanie finance son budget par des dettes, des recettes non fiscales mais en grande partie par des recettes fiscales 67% du budget 2019. Cependant, l’économie du pays basée essentiellement sur les ressources naturelles, est plus tournée vers l’exportation (la Mauritanie n’étant pas industrialisée). Les exportations du pays ont atteint 1400,7 millions USD en 2016, 1766,8 millions USD en 2017 et 1895 millions USD en 2018. Cette manne financière venant de la pèche, du pétrole et de l’exploitation du minerai de fer, de l’or et du cuivre est fortement dépendante du cours des matières premières et de la demande internationale.
Dans une période de contraction de la production des pays industrialisés, elle risque de connaitre une baisse drastique.

Un autre secteur important de l’économie mauritanienne est celui du tertiaire : 36,5% du PIB en 2017 et 1 point de plus en 2018. En effet, ces dernières années, les services des banques et des assurances est en plein expansion dans le pays. En outre, les activités liées aux transports et aux télécommunications connaissent une certaine dynamique ces dernières années. Selon la BCM, le PIB de ce sous secteur a connu une hausse de 19,1% entre 2017 et 2018 portant ainsi le poids de la branche à 6,2% du PIB nominal global en 2018 contre 5,6% enregistré sur les deux années précédentes.
Le poids du commerce quant à lui, bien qu’important reste difficile à évaluer puisqu’il se trouve en partie dans l’informel.
Malgré son élan, le secteur tertiaire est lui aussi fragilisé par les mesures prises par le gouvernement mauritanien dans sa lutte contre le Covid-19. La fermeture des frontières du pays et des activités non essentiels sont un véritable coup de frein à l’économe du pays.

L’élevage et l’agriculture sont également importants dans l’économie mauritanienne mais ce secteur étant peu modernisé, sa production est tributaire aux aléas du climat. Cette configuration rend le pays dépendant de l’extérieur. Les importations mauritaniennes en produits alimentaires n’ont cessé d’augmenter ces dernières années (334, 4 millions USD en 2016, 391,5 millions USD en 2017). En 2018, elles ont atteint 494,7 millions USD soit 19% des produits importés.
Et pourtant l’activité productive fait partie de la solution car contrairement à la crise financière de l’année 2008, cette fois-ci c’est le secteur réel qui est touché. Tous les consommateurs du monde ont peur de manquer des biens de première nécessité demain car la chaine de valeur des entreprises subit à l’heure actuelle une grande désorganisation par défaut de main-d’œuvre ou de transports. Cette situation peut si elle n’est pas contrôlée à temps entraîner une inflation considérable.

Le tissu économique mauritanien est soumis à rude épreuve avec la gestion de la crise du Covid-19. L’économie du pays, du fait de son intégration et de sa structure, n’échappe pas à la recession en cours ; une recession qui risque d’être profonde et durable. Des mesures s’imposent alors pour limiter la crise économique et ses effets sociaux dans le pays. Parmi les différentes options envisageables, un endettement au niveau intérieur et extérieur reste possible pour sauvegarder et plus tard relancer l’économie de la nation.

Par Professeur Ibrahima Dioum, Enseignant d’ Économie – Gestion (Académie de Paris)

Guidimakha : Appel au désenclavement

L’Authentique – Plus que tout autre région de la Mauritanie, le Guidimakha se trouve être le plus exposé à la pandémie du COVID-19, en raison de sa position transfrontalière et de sa vocation migratoire, principalement orientée en Europe, épicentre de la pandémie. Les OSC du Guidimakha souscrivent entièrement au plan de préparation et de riposte en cas d’épidémie du nouveau coronavirus publié le 20 février 2020 par les pouvoirs publics, et selon lequel « Les relais communautaires (santé animale et humaine) et des associations à base communautaire participent à la surveillance, à la prévention, la sensibilisation et à la prise en charge des cas qui relèvent de leurs compétences et sont impliqués dans la mise en œuvre du présent plan ». Dans cette optique, il est attendu que ce plan de réponse soit coordonné avec les acteurs de la société civile afin de maximiser l’efficacité de la portée des messages diffusés par le Ministère de la Santé. Soutenons également les pouvoirs publics d’avoir pris des décisions courageuses, telles que : – Interdiction des rassemblements publics (prières à la mosquée, cérémonies ou évènements sociaux) ; – Instauration du couvre-feu sur toute l’étendue du territoire national ; – Fermeture des frontières avec les pays limitrophes… Autant de mesures quoique utiles pour le bien-être et la santé des populations ont néanmoins des répercussions négatives sur les activités économiques qui se sont fortement ralenties et provoqué ainsi des pertes de revenus, surtout au sein des populations les plus vulnérables (restaurateurs, boulangers, transformatrices de céréales …). Pour contribuer à ce sursaut national, les OSC du Guidimakha communiqueront régulièrement des informations utiles et actualisées à la plateforme mise en place afin d’amener les populations à prendre des décisions conséquentes pour se protéger et adopter des comportements positifs pour éviter les risques de contagion liés à la pandémie du Covid-19. Il s’agit là d’un appel à l’action pour accompagner ce plan de riposte, en vue d’enrayer la propagation du COVID-19 et atténuer son impact. La responsabilité de protéger les populations à travers la mise en chantier d’une communauté virtuelle composée de relais communautaires, de points focaux des coopératives féminines, des associations des jeunes et le groupe des pasteurs. Cette plateforme en ligne est le principal moyen d’Information pour Informer, Éduquer et Communiquer pour l’adoption de nouveaux comportements positifs. Nous apprécions les efforts déployés par les pouvoirs publics à ce jour en particulier le lancement du Programme Spécial Elevage et les efforts entrepris par TAAZOUR pour appuyer les ménages vulnérables. Nous lançons un vibrant appel au Gouvernement pour la réhabilitation des axes : Selibaby– Noukchott, Selibaby– Gouraye, et les ponts. Nous rappelons que lors des inondations survenues en août 2019 ont provoqué la dévastation de plusieurs infrastructures qui ont coupés la Wilaya des villages de l’intérieur et des grandes villes, Kaedi et Nouakchott. Depuis lors à ce jour aucune réhabilitation n’a été faite pour les restaurer. A la veille de l’hivernage, il est à craindre que cette situation n’aggrave davantage l’enclavement de la région, les pertes de vies humaines causées par le mauvais état des routes.

Liste des OSC signataires :

•Union des Coopératives des femmes du Guidimakha (UCFG)

•Association pour le Développement Intégré du Guidimakha (ADIG)

•Association pour une Initiative de Développement de l’Environnement (AIDE)

•Action pour la Santé et le Développement (ACSADE)

•Association Mauritanienne pour le Développement et l’Alphabétisation (AMDA)

•Association pour la Prospérité des Femmes du Guidimakha (APFG)

•Association Towvigh

•Association Mauritanienne pour la Promotion des Adolescents (AMPA)

•Association Les Amis de la Santé Avagh

•Association Elwava Groupe Recherche Action pour le Développement Durable (GRADD)

•Association des Jeunes pour la Protection de l’Environnement et du Développement ( AJPED)

•Association Pour l’Education et Promotion Sociale (APEPS)

•Association Djalaw

•Association Nationale pour le Développement et la Biodiversité (ANDB)

Selibaby, le 13 Avril 2020

©️ Crédit source: www.cridem.org