
Chers frères et sœurs,
J’entame mon propos en vous laissant lire ce premier message, tiré du plus profond de mon âme et que j’aimerais vous donner dans ces quelques lignes : je suis noir de Mauritanie, je vous aime. Et sans rien attendre en retour.
La Mauritanie a connu tous les maux possibles depuis sa création. De régimes politiques en régimes politiques, des hommes ont sali notre Nation, détruit le tissu social, éloigné le Mauritanien du Mauritanien.
Lorsque le Noir pense qu’il n’a pas toute sa place dans ce tout arc en ciel qui est la Mauritanie, il faut savoir une chose : c’est la réalité. La configuration des choses font que les citoyens n’ont pas les mêmes droits, n’accèdent pas aux mêmes opportunités, ne prennent pas les mêmes élans de départ et donc ne peuvent pas concevoir le pays de la même manière.
Lorsqu’un noir vous affirme qu’il est discriminé, mes chers frères et sœurs, de grâce, prenez le temps de l’écouter. Je suis sûr que son récit vous bouleversera. Et vous n’avez pas le droit de voir vos compatriotes souffrir et vous taire.
Comme moi, vous savez que vous tous n’y êtes pour rien lorsque l’Etat a déporté des Noirs et qu’il les a dépossédé de toute dignité. Nous le savons, vous tous n’y êtes pour rien. Et Dieu sait que certains d’entre vous, mes chers frères et sœurs, se sont dressés contre les injustices subies par cette partie de la communauté nationale.
Si je vous écris cette lettre c’est que je fais partie de la population noire de Mauritanie. Cette population marginalisée, historiquement exclues de la gestion des affaires clés de la cité. Cette population qui n’a pas la langue arabe comme langue maternelle mais qui se voit obligé d’étudier avec, de travailler avec et essayer de réussir avec. Par l’imposition de l’arabe, des larmes et du sang ont coulé et coulent encore aujourd’hui.
Mes très chers frères et sœurs, la Mauritanie nous l’aimons et nous la défendrons lorsqu’elle est menacée. Menacée par l’idéologie séparatiste et par la suprématie ethnique. Je le sais et sans doute vous aussi. Des fils du pays, désespérés, perdus dans le manque de perspectives d’avenir, sont allés jusqu’à demander à ce que notre pays soit séparé en deux. Une partie noire, une autre blanche. Une idée qui me semble bien triste car je fais partie de ceux qui pensent que la « Mauritanie sera unie ou ne sera pas ».
Mes très chers frères et sœurs Maures-Arabes-berbères, savez-vous que des centaines de milliers de Mauritaniens sont en dehors de la Mauritanie ? Savez vous que pour la majorité de ces Mauritaniens l’objectif était juste de s’éloigner de la terreur et de la misère que leurs avaient infligées les régimes politiques de leur propre pays ? Savez vous qu’ils aiment profondément la Mauritanie au point de tellement bien la châtier qu’on aurait dit qu’ils la détestent ? Je vous rassure, ils l’aiment, mais attendent et espèrent juste qu’elle devienne juste pour tous.
Aujourd’hui, les injustices sont manifestes. Les inégalités sociales se creusent, les richesses du pays sont redistribués de façon tout à fait inéquitable.
Je sais que vous tous, mes chers frères et sœurs, n’y êtes pour rien. Je sais également que tous les Mauritaniens subissent mais je verserai dans l’hypocrisie, qui d’ailleurs est un sport naturellement national dans notre pays, si je ne précise pas que les Mauritaniens et les Mauritaniennes Noirs.es sont plus exposés à ces injustices.
Beaucoup de nos frères et sœurs noirs.es pensent que tous les Maures sont responsables de leur misère. Ils ont tort. Mais vous avez également tort si vous restez sans agir. Vous leur donnez raison.
Cette lettre est un appel à l’intelligence collective car je pense comme Martin Luther King qu’ « Une nation qui produit de jour en jour des hommes stupides achète à crédit sa propre mort spirituelle ».
Alors ne soyons pas stupides. Soyons Unis et comprenez-Nous.
Qu’Allah bénisse la Mauritanie et les Mauritaniens.nes 🇲🇷🙏🇲🇷
©️ Crédit source: post Facebook de l’auteur (26/2/2020)
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