​POURQUOI  LES FPC PARTICIPENT AU DIALOGUE NATIONAL? PAR  KAAW  TOURÉ 

Nous avons décidé, en tant que parti(FPC), et en toute indépendance, de répondre à l´invitation au dialogue national. Nous avons accepté de participer au dialogue suivant nos conditions et nos principes. Nous avons décidé d’y aller tout en étant conscients des insuffisances de l’organisation des assises et des doutes sur la bonne foi du pouvoir, initiateur intéressé, de ce dialogue. Nous sommes surtout conscients de l’envergure des différences qui nous distinguent de l’écrasante majorité des participants, essentiellement partisans du maintien en l’état du systéme discriminatoire que nous combattons. 

Notre vision et notre voix ont donc peu de chance de prévaloir face à l’immense adversité plutôt mue par un agenda officieux. Malgré la légitime suspicion et les minces espoirs, faut-il pour autant renoncer à l’effort? Pour qui connait notre parcours sait que nous ne sommes pas de ceux que les défis effraient. Depuis le début, en décidant de nous attaquer au système, seuls et avec le peu de moyens qui étaient les nôtres, nous sommes appropriés cet adage comme immuable ligne de conduite qui veut que  » l’on n’a pas besoin d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer ». Une chose est sûre, ce que le Système n´est pas arrivé à faire de nous par la répression et des tentatives de corruption pendant plus de 30 ans, ce n´est pas par la « table ronde » ou la « confrontation des projets de société » qu´il arrivera à nous dompter. C´est faire insulte à notre parcours militant, à nos années de sacrifice et de privations, à nos martyrs, à nos longues années de prison et d´exil, en pensant que ce Système que nous avons combattu durement au moment où certains de nos petits procureurs d´aujourd´hui, les opposants de la 25ème heure rasaient les murs ou applaudissaient le petit colonel ould Taya, peut nous divertir sur l´essentiel.

Nous allons au dialogue en tant que parti d´opposition au Système avec nos propositions de sortie de crise. Nous allons au dialogue pour exposer notre vision de la Mauritanie. Nous allons au dialogue pour dire notre part de vérité en hommes libres et justes. Mandela a montré la voie, nous ne pouvons que nous en inspirer sans perdre notre âme, nos principes et notre dignité. Discuter ne veut pas dire se renier, ni encore être tenté par quelque avantage que ce soit. . Dialogue et entrisme sont deux notions différentes assimilées par certains pour les seuls besoins d´une politique stérile. Alors, que l´on ne fasse pas de nous des adeptes de l´entrisme quand nous parlons de la nécessité de dialoguer pour sortir notre pays de l´impasse. N´ayant jamais flirté avec aucun des pouvoirs politiques civils ou militaire(contrairement à certains opposants), n´ayant jamais appartenu à une quelconque majorité présidentielle, nous nous sommes toujours situés en dehors du Système et tout ce qui l´incarne donc personne ne peut honnêtement se douter de notre bonne foi et de notre patriotisme. .
Discuter, débatttre, dialoguer avec l´autre est une question de principe chez nous. Comme le rappelle bien ce passage de notre déclaration et orientation de politique générale d´août 1989: « …Les Flam sont une organisation multinationale luttant pour l´avènement d´une société non raciale , égalitaire et démocratique.

Elles sont une organisation politique pacifique, largement ouverte, qui privilègie le dialogue et la concertation mais se réservent le droit de recourir à tous les moyens si elles y sont contraintes; la violence physique n´est ni le but, ni le crédo de l´organisation ».

L´essentiel pour nous c´est de débattre sur la question nationale et sociale car nous croyons aux vertus du dialogue comme nous l´appelions dans notre « Manifeste du négro-mauritanien opprimé » de 1986:

« Les problèmes mauritaniens doivent être posés par des Mauritaniens, discutés entre Mauritaniens et solutionnés par les Mauritaniens eux-mêmes. Notre amour pour ce pays nous commande à inviter toutes nos nationalités à un dialogue des races et des cultures, dans lequel nous nous dirons la Vérité pour guérir nos maux.

Il faut que nous traduisions dans la réalité nos appels au Salut National et au Redressement de notre pays, au lieu de dépenser toutes nos ressources et toutes nos potentialités humaines dans des querelles raciales et culturelles dont les principaux bénéficiaires ne seraient certainement pas les Mauritaniens. »

A l´époque, cependant, il ne s´était pas trouvé suffisamment de bonnes volontés dans les mouvements politiques concurrents pour formuler avec autant d´exigence que nous, la revendication d´une réelle égalité entre tous les citoyens mauritaniens. 

Que les évènements, plus douloureux les uns que les autres, qui se sont succédé notre pays depuis septembre 1986, aient cruellement confirmé nos analyses, ne saurait être pour nous l´occasion d´une quelconque délectation. L´important est ailleurs: il est dans la reconnaissance par tous de la nature raciste de la politique conduite par l´Etat mauritanien.

Le débat national doit fixer les conditions d´une cohabitation harmonieuse dans les différentes communautés nationales et s’atteler à la mise en place d´institutions démocratiques garantissant le respect des libertés individuelles et collectives.

Toutes les revendications peuvent trouver une solution si l´on veut se donner la peine. Il ne s´agit pas de récuser toute synthèse, mais une synthèse ne s´obtient pas en soldant ses revendications surtout essentielles. 

La lutte continue!

Kaaw Touré- des FPC.

​Le nationalisme en « mauritanien » se fait au nom d’un communautarisme très étroit.

En « mauritanien », le référent nationaliste dit arabe ou négro-africain n’est jamais socialement, intellectuellement et politiquement SAIN. L’un comme l’autre porte des velléités totalitaires à travers des postures déterministes qui admettent difficilement l’émergence une VOIE(X) éclairée du juste milieu. Ces nationalismes très étroits basés sur un unilatéralisme tribalo-communautaire et racial, font que le Citoyen est brimé d’office par un cadre de référence qui s’est développé politiquement en contrant volontairement l’érection d’un État-nation à cause d’un ultra-communautarisme très agissant. Et l’ordre étatique mauritanien s’est accommodé avec une certaine habileté sournoise en mettant en place un perpétuel dosage équilibriste au sein d’un Non-État . 

Par les temps qui courent, vaut mieux s’essayer à l’abolitionnisme qui s’oppose de fait à toutes les postures partisanes qui s’activent exclusivement pour une « Mauritanie » sensiblement « exprimée » en leur langage exclusiviste. Très souvent, les nationalistes racialisent à outrance toutes les problématiques qui minent ce pays qui n’est pas encore un digne de ce nom , sauf UNE, celle liée à l’esclavage et ses différentes manifestations qui traversent l’ensemble des communautés. Les nationalistes de tous les bords savent que ce qu’ils défendent au fond, est loin d’être innocent des pratiques socialisées indignes humainement qu’on voudrait taire par l’esquive et la fuite en avant. D’ailleurs le seul point de convergence qui peut reunir un communautariste négro-africain sudiste et un tribaliste arabo-berbère, consiste à minorer la problématique de l’esclavage et ses corollaires dans tout ce qui a trait à la question  NATIONALE. C’est pourquoi l’engagement anti-esclavagiste ne mobilise pas grandement parmi les forces vives des causes tribalo-communautaristes. Hier comme aujourd’hui, les uns et les autres veulent faire croire que leurs revendications identitaires quoique légitimes sur le plan national, doivent passer en priorité quand une frange très importante du peuple subit un système de domination multidimensionnelle liée intrinsèquement au référent identitaire et culturel. En langage « mauritanien » pour ne pas dire « africain », l’engagé politique et associatif peine à élargir ses horizons afin d’éviter l’approche ethniciste transposée à l’échelle nationale. On voudrait être le révolutionnaire bruyant  à l’extérieur au profit de son « peuple » tout en se montrant très discret en interne sur les tares érigées et chantées en « valeurs sûres » à défendre méthodiquement. 

 

L’abolitionnisme transcommunautaire et révolutionnaire remet L’HUMAIN DIGNE par essence au centre des enjeux nationaux  en dehors toutes les autres considérations particularistes. Ainsi, les nationalismes étroits et logiquement réactionnaires des uns et des autres, trouvent troublant l’abolitionnisme qui s’érige vaillamment contre un ordre fonctionnant autour d’un dominant de droit divin sur un dominé de naissance par fatalisme. Si on recherchait un Vrai NATIONALISTE MAURITANIEN qui défendrait l’ordre Citoyen, il faut sans doute s’orienter vers les milieux abolitionnistes. L’expression abolitionniste est une mouvance politique qui prendra de l’ampleur dans le futur, et son but premier serait de défaire l’ordre tribalo-communautaire qui sévit dans toutes les communautés où la QUALITÉ DE CITOYEN est sabotée et prise comme une seconde nature au profit d’une référence inhibitrice profitant à une minorité exclusiviste.

K.S