09-08-2016 18:45 – IRA – Mauritanie News Letter n°9 : Poursuite de la mascarade du procès des dirigeants d’IRA et des agressions physiques contre ses militants


IRA-Mauritanie – Pour sa deuxième semaine consécutive, les séances de la mascarade de procès intenté contre les militants d’IRA (13+10) pour des chefs d’accusation artificiellement liés aux événements dits de la « Gazra de Ould Bouamatou » (affrontements entre population en passe d’être expulsées du centre ville et forces de l’ordre) ont repris.

A travers ce grossier montage policier, l’Etat mauritanien tente de dissimuler sa véritable nature de machine d’exclusion raciste et esclavagiste dirigée contre les Hratine.

Il essaye de détourner la lumière des projecteurs de la répression systématique par laquelle il cible cette communauté en créant de toutes pièces cette diversion de procès contre IRA alors que cette dernière n’y est liée ni de près ni de loin. Aujourd’hui a comparu devant le juge d’instruction l’un des dirigeants les plus emblématique et les plus tenaces d’IRA à savoir Issa Ould Ali.

Au même moment, d’autres activistes continuent à mariner au fond de cellules sordides sans soins médicaux pour ceux qui en ont besoin, ni contact avec l’extérieur alors que de nouvelles arrestations sont opérées au fil des séances de la mascarade de procès.

Comme ce fut le cas le mercredi dernier, une pluie de coups d’une brutalité sadique s’est abattue sur tout militant ayant exprimé la moindre volonté d’exercer son droit à assister à ce procès censé être ouvert au public.

Aujourd’hui, 9 militants souffrent de douloureuses fractures aux bras, aux mains et aux pieds qui risquent de s’infecter et de connaitre de graves complications. Il s’agit de: Elhadj Ould Eliid, Cheikh Vall, Koumba Ndaw, Kamara Moussa, Sabbar Ould El Houssein, Ghamou Mint Achour, Jemal Mint Achour, Samba Diagana et Ahmedou Ould Kharrachi.

A ces blessures visibles s’ajoutent les nombreuses ratonnades sans justification qu’ont subies nombre de nos militants et militantes ces derniers jours, suivies ou précédées d’arrestations extrajudiciaires et d’incarcérations souvent dans des lieux inconnus pendant des durées inconnues.

Le procès a donc repris aujourd’hui pour voir le Collectif des avocats de la défense démonter, pièce par pièce, les irrégularités grossières qui l’ont entaché et ce depuis les arrestations des prévenus jusqu’à leur comparution en passant par les auditions par les enquêteurs (police) érigés en juges et parties. Malgré ces vices manifestes, la Cour a tenu à poursuivre la mise en scène de mauvaise qualité.

Nous, à IRA, tout en dénonçant la barbarie policière et la violence de la répression que nous subissons:

1- relevons avec regrets et incompréhension le silence assourdissant de l’opinion publique nationale face aux violations multiples des droits de l’homme et des libertés des personnes constatées depuis le début de ce procès. Personne ne s’étonne ou même de relève la disproportion du déploiement policier autour des bâtiments de la justice et dont l’objectif est d’empêcher les militants et les familles des prévenus d’assister à un procès qui doit être ouvert au public;

2- fustigeons avec véhémence les arrestations et les brutalités exercées à l’encontre des militants d’IRA tout en affirmant que leur multiplication ne fera que décupler notre détermination à combattre l’arbitraire et à défendre les prisonniers d’opinion;

3- demandons aux prévenus et à leur de défense de cesser d’interagir avec la Cour tant que la police continue à réprimer les militants d’IRA et leurs familles pour les empêcher de manifester pacifiquement devant le Palais de justice et de venir assister, à l’intérieur de la salle d’audience, au procès. Les militants d’IRA sont des prisonniers d’opinion et ont droit à un procès publique, juste et équitable.

Nouakchott le 8 août 2016
La Commission de Communication
Source crédit : http://www.cridem.com

​Il y’a la rhétorique pompeusement servie et il y’a les réalités têtues difficilement évitables. 


Ces mots alibis et paravents bien connus dans nos discours politiques et militants se voulant analytiques de la problématique de l’esclavage et ses manifestations sociétales : partage du travail, organisation sociale, le temps fera le changement, tout le monde trouve son compte, nos traditions, le système étatique serait le pire, le mal serait la discrimination raciale, nos valeurs culturelles, la liste est longue…!!
Une gymnastique bien connue chez nous et parmi nous, par laquelle le progressiste à l’échelle nationale s’avère être le réactionnaire acharné dans sa communauté d’origine. Le discours abolitionniste agissant est repoussé voire honni pour les mêmes raisons que l’on soit proche du pouvoir ou des certains mouvements politiques opposants dans le système et en dehors du système. 

D’aucuns s’entretiennent au sein de leurs girons communautaires sur l’immatériel et le matériel, par la promotion d’un ordre tribal ou féodal par lequel les Hommes ne se valent pas. L’état méchant qu’on décrit incessamment et qui est tant décrié, transpose un certain régime réactionnaire qui sévit dans nos sociétés respectives. Cet État est bien incarné aujourd’hui par le président actuel, mais j’ose parier les 5 doigts de ma main gauche, qu’une bonne dizaine de personnalités publiques qui comptent dans l’arène politique « NORMALE » ont la même approche des réalités de l’esclavage et ses manifestations sociétales dans le pays que le Raïs . Très souvent dans le passé les appareils politiques élitistes dans les milieux urbains essaient de développer un discours politique très différent de celui servi dans les milieux ruraux réactionnaires où la notion de citoyenneté est diluée dans l’ancien ordre. Le personnel politique d’extraction sociale ayant une certaine complicité ou ambivalence avec l’ancien ordre, s’est servi d’une manière plus ou moins assumée pour se donner du crédit d’une échelle à une autre (communautaire à nationale). Cette incohérence flagrante longtemps tue n’échappe plus à la nouvelle lecture du fait politique centré sur le CITOYEN. Dans un pays où des juridictions spécialisées pour les pratiques esclavagistes se créent , et les mentalités féodales s’expriment par le silence douteux et les indifférences sournoises, on ne fera pas la politique à la classique comme un autre pays. Tout parti politique d’aspiration noble de l’exercice, se doit de penser à l’édification de la NORME CITOYENNE d’abord afin d’éviter l’inévitable dévoilement par les hésitations et les discours creux dans les salons climatisés. Le jeu de la politique politicienne qui meuble le vide pour figurer en bonne entente tacite avec les gouvernants du moment, montrera ses limites à terme. Les programmes politiques qui appellent aux changements sortent de partout, mais ceux qui peaufinent tous ces beaux textes, sont parmi les premiers qui combattent le CHANGEMENT chez eux et parmi eux. On voudrait que l’autre change mais notre propre changement serait l’ordre d’une indignité affectant notre socle identitaire. Tout ce qui pourrait mettre en cause notre socle identitaire jalousement hérité, est rejeté du champ des aspirations réformatrices. Ainsi les ardeurs activistes s’estompent et le relativisme prend le dessus sur les convictions profondes prêchées ailleurs. 
Une réalité amère se constate entre la mouvance abolitionniste et anti-esclavagiste et certains mouvements opposants et revendicatifs à l’échelle nationale. Certains pensent que lanti-esclavagisme qui déborde à l’anti-féodalisme bien réel, serait malvenu parce que cela toucherait certains milieux dits alliés naturels dit-on . Ces derniers préfèrent l’anti-esclavagisme couplé à l’anti-racisme globalisant et binaire et veulent gommer le féodalisme latent qui inhibe tout autant l’expression citoyenne d’une frange importante du peuple du bas statut social. Parmi nous, il y en a qui nient l’existence de l’esclavage et ses conséquences socialisées dans leurs communautés, mais ils hésitent de participer à la lutte contre l’esclavage connu existant ailleurs, pire ils se permettent de torpiller les efforts de ceux qui agissent. On dirait que l’activisme abolitionniste et anti-esclavagiste par sa vitalité courageuse face à un régime répressif incarnant des pouvoirs multiformes au fond, dévoile un esclavagisme d’esprit et de mentalité  qu’on voudrait cacher quelque part. Le déni ressassé ne dissout pas les réalités dévoilées par nos incohérences devenues flagrantes jour après jour. 
K.S