Aux alentours de 9h, ce matin 30 juin 2016, six éléments de la police mauritanienne, en civil, ont inverti le domicile de Diop Amatidjane, troisième vice-président de l’Initiative pour la Résurgence du Mouvement Abolitionniste (IRA). Sans aucun mandat de perquisition, ils ont forcé sa porte et mis aux arrêts. A cette heure, on ignore le lieu de sa détention et le motif de cette énième agression contre les responsables du mouvement abolitionniste. Rappelons qu’il n’y a pas encore un mois que Biram Dah Abeid et Brahim Bilal, respectivement président et premier vice-président d’Ira-Mauritanie ont été remis en liberté après plus d’une année et demie de détention. Il faut dire qu’avec cette nouvelle arrestation, le prochain sommet arabe risque de très grandes perturbations. Les militants d’Ira sonnent la mobilisation des troupes.
Mamadou Kalidou BA
Mois : juin 2016
27-06-2016 05:39 – Mauritanie : incendie et fortes explosions dans une caserne à O. Yenje
Saharamédias – Un incendie à l’origine de fortes explosions s’est déclaré dimanche soir dans une caserne située dans la ville de O. Yenje, wilaya du Guidimakha.
Selon des sources locales, les explosions qui se sont déclarées dans un dépôt de munitions de l’armée dans cette localité ont entraîné une psychose au sein de la population qui aurait été évacuée de crainte que l’incendie ne se propage aux habitations et l’électricité a été coupée dans la ville.
Selon une source locale qui a souhaité garder l’anonymat, la très forte chaleur dans la ville est à l’origine de l’incendie.
Selon toujours cette même source l’incendie n’était toujours pas maîtrisé à 1h ce lundi.
On ignore encore la nature des dégâts subis depuis le déclenchement de cet incendie. Les autorités sont intervenues pour évacuer les populations afin d’éviter une catastrophe.
Crédit source : http://www.cridem.org
La contribution de Traoré Gaye: la stratification sociale entre africains, les « Purs » et les « Impurs »
C’est bien et même judicieux de dénoncer toutes les formes d’injustice que le peuple noire a subit , l’esclavage des arabes sur les noirs n’est pas aussi médiatisé comme celui du commerce triangulaire ! A dénoncer et à exploiter scientifiquement sans haine ni esprit de revanche ! Pour les chercheurs , des document scientifiques existent du Soudan à Tombouctou , en passant par Saint Louis et ses archives coloniales! Mais pour moi en tant responsable associatif ARMEPES :www.mauritanie-egalite.org , il faut aussi dénoncer cette stratification qui touche certaines sociétés africaines en PURS et en IMPURS ! Dans certaines sociétés que je connais , Aujourd’hui encore des gens sont considérés commes esclaves car leurs ancêtres ont vendus ou capturés et leur patronyme s’est trouvé modifié , leur lignée cassé donc table rase de leur passé, ce débat comme à prendre place dans ma communauté soninke ou sarakolé quoi que timide mais encourageant.Le’sclavage entre africains doit être dénoncé sans complaisance , Nous ne disons pas qu’il faut faire table rase de l’histoire , il faut faire face à l’histoire des razzias , de destruction de villages du sud mauritanien avec des razzias arabo-berbères , certains villages ont été détruit deux à trois fois ! Dans un autre village de Mauritanie qu’on appelle DJEO , il y a dans une grotte un estuaire suite à la fuite devant les razzias , les femmes et les enfants de ce village avait trouvé refuge dans une grotte , mais ils ont été asphyxié par les criminels arabo-berbères !Aujiurd’hui encore en passant par la Mauritanie, la Guinnée Bissao, la Gambie , la Guinnée Conakry , le Mali , la Mauritanie , le Niger des noirs prennent d’autres pour des esclaves , des africains prennent d’autres africains pour des esclaves !voir lien :http://cridem.org/C_Info.php?article=676854.
La criminalisation de l’esclavage et des tribunaux institués en effet en Mauritanie traduit la survivance chez nous cette pratique en 2016 , comme par faire savoir à nos familles de marabouts , de notables , de propriétaires terriens , qui ont profité du malheur des gens , et continue de s’en enorgueillir : une fois sur TéléSud , un écrivain d’origine peulh de la place , soutient qu’il est noble car pour lui son grand père a islamisé l’Afrique de l’Ouest ! Là n’est pas le problème , en Afrique quand on est noble c’est par rapport aux esclavages !Il aurait pu dire , je suis descendant d’une famille d’érudit musulman , comme HAMPATE BA…C’est aux yeux des africains d’abord qu’il faut sensibiliser , on ne peut être pour la justice à la carte , ou les dénonciations à la carte! ARMEPES dénonce toutes les injustices même celles qui nous concerne!
Dans certaines villages mauritaniens , l’appellation QUARTIERS DE NOBLES et QUARTIERS D’ESCLAVES n ‘a commencé à être éviter que récemment car ça commençait à toucher la paix sociale : la jeunesse d’extraction servile ne supportant cette appelation de Quartier d’esclaves ! NOUS VOULONS LA LOUPE SUR NOS MAUX , LA FUITE EN AVANT EST POLICITIENNE ! L’INJUSTICE N’EST PAS CLIVANT , ELLE TOUCHE LA DIGNITE DE L’HOMME! Certains de nos grandes figures de l’Afrique de l’Ouest sous le prétexte de combattre les colons n’étaient là que pour le commerce des esclaves car un arrêtés coloniale français voulait arrêter cette pratiques cruelles , mais le LOBBYING des familles maraboutiques et des grandes tribu maures de Mauritanie ainsi que leurs semblables du côté Sénégalais , malien , pour celui à qui cette découverte cause des urticaires , il peut aller vérifier les archives coloniales de la sous -région Ouest africaine ! Il tombera de nu !Cessons d’être Hypocrite et DE PLEURER COMME LA PECHERESSE REPENTIE ! Faisons de collogues, des séminaires , publions des essais ça reste pour la postérité !
TRAORE GAYE
SG ARMEPES SECTION FRANCE :www.mauritanie-egalité.org
L’IRA-Mauritanie, le discours de la vice-présidente Coumba Dada Kane aux États-Unis.
مـــــــــبـــــــادرة إنـبــعـــاث الحــــركة الانعــــــــــتـــــــاقـــــــــية
INITIATIVE DE RESURGENCE DU MOUVEMENT ABOLITIONNISTE EN MAURITANIE
IRA – Mauritanie
Messieurs et Mesdames les responsables du Prix James Lawson,
Mon Révérend,
Messieurs, Mesdames,
Je viens de la Mauritanie, pays où sévissent encore l’esclavage et le racisme institutionnalisé par l’Etat. Pays que la Fondation Walk Free a classé à la peu enviable pool position en matière de prévalence de l’esclavage (4% de la population). Pays dont le régime a organisé 1989 le massacre puis la déportation hors de ses frontières d’une grande partie de sa composante négro-africaine.
Je viens avec mon collègue Abidine Merzough, recevoir le Prix James Lawson décerné à l’Initiative pour la Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA) pour sa lutte pacifique contre l’esclavage et le racisme d’Etat. C’est un honneur pour nous, militantes et militants d’IRA de marcher dans les pas de Martin Luther King et de son compagnon et ami le Révérend James Lawson. Honneur pour le symbole que représentent ces grands hommes mais honte pour notre pays, que nous aimons tant. Honte pour l’image que donnent de nous les esclavagistes et les racistes en ce début du 21 ème siècle.
Malgré l’énormité et l’abomination du crime que constituent l’esclavage et le racisme, notre organisation, IRA, a toujours adopté des méthodes de lutte pacifiques et non-violentes. Contre la violence policière, contre les campagnes de diffamation et de dénigrement, contre le lynchage médiatique pour lequel l’Etat mauritanien mobilise ses relais (journaux, site, radio, télévision, mosquées…) nous opposons des sit-in, des marches, des rassemblements. D’ailleurs, c’est à la suite d’une caravane pacifique organisée pour dénoncer l’esclavage foncier et les expropriations foncières dont sont victimes les esclaves et anciens esclaves mais également les paysans negro mauritaniens des vallées fertiles que notre président, Biram Dah Abeid et notre vice-président, Brahim Bilal, viennent de purger 18 mois de détention arbitraire et particulièrement éprouvante. Ils viennent juste d’être libérés et ils m’ont chargée de vous transmettre leurs plus vifs remerciements et leur profonde gratitude.
Le vice-président d’IRA, Brahim Bilal Ramdhane avait assisté ici, à votre généreuse invitation, à votre FSI en 2013 et il avait partagé avec les participants toutes les méthodes de lutte pacifique que nous utilisons pour dénoncer l’esclavage sous toutes ses formes. Cette visite, comme le sera ce prix, a été d’un très grand bénéfice pour le combat d’IRA. Nous vous en remercions, encore une fois.
Vous avez combattu pour les droits civiques aux Etats Unis. Droits civiques pour les Noirs américains, descendants d’esclaves ayant recouvré leur liberté après l’abolition de l’esclavage, un siècle au paravent. Chez-nous, en Mauritanie, la criminalisation de l’esclavage remonte à août 2015 ! Nous sommes donc très loin du recouvrement des droits civiques effectifs pour les descendants d’esclaves et encore plus loin pour les esclaves eux-mêmes.
En Mauritanie des lois ont été votées pour déclarer l’esclavage « crime contre l’humanité » mais pas le moindre début d’application de ces lois n’a été observé. La cause en est simple: l’Etat, qui a été obligé de faire voter ces lois grâce à la pression de nos luttes mais aussi grâce à la pression de l’opinion internationale dont vous êtes l’une des meilleures illustrations, est entre les mains d’esclavagistes et de racistes notoires.
La problématique de l’esclavage s’accompagne de la persistance de l’impunité des auteurs de crimes et de déportations massifs et racistes – résultat de la tentative de génocide contre les populations negro mauritaniennes. Les rescapés, les veuves, les orphelins et les défenseurs des Droits humains attendent la vérité, la justice, la mémoire et les réparations pour les victimes et leurs ayant droits.
Votre Prix et votre invitation à cette tribune nous font chaud au cœur et nous encouragent à continuer à nous battre, de façon pacifique, contre l’esclavage et contre le racisme d’Etat. IRA vous en remercie encore une fois.
Boston, 22 juin 2016
Coumba Dada Kane, Vice-présidente d’IRA
Émission TV en soninké, la problématique de l’esclavage et ses différentes implications sociétales.
Événement : l’ouverture du nouvel aéroport de Nouakchott.
Info pratique : le nouvel aéroport international de Nouakchott dénommé #OUMTOUNSI est inauguré ce jour 23 juin 2016. Il est situé au Nord à 25 km de la capitale mauritanienne . La nouvelle infrastructure est annoncée très moderne en répondant aux standards mondiaux en matière aéroportuaire. Espérons que son entretien sur le long terme sera assuré comme il faut.
BONNE OUVERTURE.
-K.S-
Communiqué de soutien à Ahmed Jiddou de IRA France-Mauritanie
IRA-France – Suite à l’agression injustifiable de Ahmed Jiddou fils de Leïla et Biram Dah Abeid, l’ensemble des adhérents et des membres du Bureau exécutif d’IRA France-Mauritanie, tient à leur exprimer son entière solidarité et soutien.
Nous tenons à renouveler notre ferme détermination à dénoncer systématiquement toute exaction commise à l’encontre de la famille de Biram comme à l’ensemble des militants d’IRA en Mauritanie.
Le Bureau exécutif d’IRA France-Mauritanie
Une agression injustifiée
Après l’échec cuisant essuyé par le général Mohamed Abdel Aziz de dompter la direction d’IRA-Mauritanie, voilà qu’il se tourne à présent vers leurs progénitures. C’est ainsi que le mardi 14 juin le fils du président d’IRA-Mauritanie, Ahmed Jiddou Biram, âgé de dix ans et candidat au concours d’entrée en sixième du collège a été pris à partie par un gendarme en service à la présidence de la République, nommé Yahefdhou Ould Diah qui l’a ciblé et violemment battu avec sa ceinture.
Cet acte ignoble et contraire à toutes les lois et conventions ratifiées par la Mauritanie est resté impuni, malgré toutes les réclamations et plaintes auprès du Hakem (Préfet) de la Moughataa (Département) de Riyadh, région de Nouakchott Sud.
Ce comportement des plus hautes autorités de l’état est véritablement le reflet de notre société où sévissent l’impunité et le manque de justice. Parmi tous les dictateurs qui ont eu à gérer la Mauritanie, aucun n’a eu à se prendre aux enfants de ses opposants
Nous lançons un appel aux partis politiques, aux organisations de la société civile, aux missions diplomatiques, aux partenaires et amis de dénoncer cet acte qui constitue l’amorce d’un nouveau style de harcèlement des opposants en s’en prenant à leurs familles.
Nouakchott le 15 juin 2016
La commission de communication
Biram Dah Abeid : “Ce que vivent les sénégalais, gambiens, ivoiriens et guinéens en Mauritanie”
«La vérité sur l’esclavage en Mauritanie»
Il est sans conteste la figure de proue de la lutte contre l’esclavage en Mauritanie. Biram Dah Abeid, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est un militant des droits humains, homme politique mauritanien, qui mène depuis des années, un combat farouche, mais pacifique, contre cette pratique qu’on croyait révolue depuis des siècles.
Incarcéré pour avoir incinéré en public le «Code noir», composé de livre qui, dit-il, légitiment cette pratique tout en la drapant d’un voile islamique, Biram, comme l’appellent affectueusement ses proches, vient fraîchement de sortir de prison. Il s’est entretenu avec Seneweb sur cette épineuse question de l’esclavage dans la société mauritanienne.
Qui est Biram Dah Abeid ?
Je suis le Président d’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), une organisation militante des droits humains en Mauritanie qui place au centre de ses activités, la lutte contre l’esclavage, toujours pratiqué chez nous. En Mauritanie, 20 % de la population, c’est-à-dire entre 500.000 et 800.000 personnes, continuent à pâtir de l’esclavage domestique, suivant une gradation inégale, compte-tenu de la géographie, du milieu de naissance et du degré d’éloignement des grands centres urbains. Au moins 50% des mauritaniens subissent, toute leur vie durant, les effets psychologiques et symboliques de l’infériorité raciale, car il s’agit aussi de cela, de cette propriété exercée sur un être humain par son vis-à-vis, il résulte que la majorité relative des mauritaniens naissent esclaves, ils sont attachés à la famille de leurs maîtres qui ont sur eux, le droit de vie et de mort. Nombreux travaillent sans repos, sans salaires au profit de leur maître. Ils n’ont pas le droit à l’éducation, de se déplacer, de voyager ou de se marier, sauf avec l’assentiment de leur propriétaire. Le maître aussi a le droit de cuissage sur toutes les filles ou femmes esclaves. Par exemple, un maître qui a 100 femmes esclaves filles, peut en abuser sexuellement, sans restriction de nombre ni d’échéance. Il en a le droit, entre guillemets, c’est-à-dire le Droit Mauritanien, le Droit édicté par le code d’esclavage de la communauté dominante mauritanienne, les arabo berbère. Ils l’appellent le livre islamique, mais nous, nous l’appelons le livre esclavagiste, le livre anti islamique. C’est cette littérature de la honte que moi, personnellement, j’ai incendié, en public, dès le mois d’avril 2012.
Quel message vouliez-vous lancer en incinérant publiquement ce livre ?
C’était un message en deux temps : Le message concerne d’abord la communauté des esclaves, ensuite la communauté des esclavagistes, c’est-à-dire, respectivement, les Hratins ou Maures noirs pour certains, et qu’on appelle au Sénégal les «Naar bou nioul» et la communauté arabo berbère qu’on appelle ici «les naar ganar» ou “naar bou khess”.
Aux descendants d’esclaves, j’ai souhaité dire que cette prose n’a rien d’islamique. Ils sont assujettis par ces sources qui décrètent d’abord l’inégalité entre humains, entre la femme et l’homme, entre le musulman noir et le musulman blanc. Elles autorisent aussi la vente des esclaves, c’est-à-dire le négoce des êtres humains, musulmans et Hratins mauritaniens. Qu’ils soient gagés, cédés ou loués, il a été créé, au service de cette infamie, un prétendu «droit musulman», que nos écoles et université islamiques enseignent encore. Les auteurs autorisent aussi la castration des esclaves.
Quand un Hratin se distingue par sa beauté ou tout autre attrait physique, le maître arabo berbère pouvait le castrer pour éviter un mélange de sang, afin que les femmes ou les filles du maître ne soient tentées par des aventures sexuelles constitutives de mésalliance, voire source de dégradation de la généalogie. Ces références rendaient aussi licites les châtiments corporels très durs, comme la torture, l’amputation des esclaves s’ils essayent de s’évader. De même, le droit de cuissage comportait la légalisation du viol des femmes et filles esclaves, par leur maître. La fille esclave est l’objet d’apprentissages sexuels des enfants du maître, un objet de désir du maître, du cousin du maître et même de l’étranger, hôte de passage chez le maître. Elle est sujette à la concupiscence, taillable et corvéable à merci. Les licences et principes établis dans ces documents ont été confectionnés pour assujettir des êtres humains, du fait de leur ascendance noire ; ils permettent de couvrir l’esclavage d’un voile d’Islam et de sacralité. A cause de cette tricherie séculaire, nous, nous avons voulu porter un coup contre le dogme, démanteler la doctrine, exposer nûment la légitimation de l’esclavage et l’islamisation de l’eugénisme arabo-berbère.
Votre message au monde extérieur ?
Bien entendu, il s’agissait de montrer, à la communauté internationale, que même si la Mauritanie a ratifié toutes les conventions internationales sur les droits humains, elle n’a jamais respecté ses engagements, elle applique des livres qui vont en contresens de la déclaration universelle des Droits de l’homme. Nous avons voulu délivrer un message aux autres musulmans pour leur dire que la Mauritanie est un pays membre de l’Organisation de la Conférence islamique, mais qu’elle applique les pratiques les plus «jahilistes», les plus antéislamiques et anti islamiques. Enfin, nous nous employons – et ce n’est pas tâche ardue – à démontrer combien ces pratiques illicites violent la parole de Dieu dans le Coran et les actes fondateurs du Prophète Mohamad (Paix et salut sur Lui) dans sa sagesse et sa Sunnah.
Pensez-vous que votre message a été bien perçu ?
Je pense que certaines parties ont été très réceptives comme la communauté des esclaves, des hratins, pour qui, l’incinération de ces livres a constitué un déclic, une insurrection morale et populaire contre l’esclavage ; ainsi témoigne leur adhésion massive à IRA Mauritanie et leur opposition, à notre condamnation, mes camarades et moi, de manière vigoureuse et populaire, par des manifestations publiques dans les villes de l’intérieur du pays et à Nouakchott. La mobilisation des populations hratins, ainsi que des forces amies, aura permis ma sortie de prison. J’ai été très fier de l’acte de destruction des livres infâmes et me réjouit de son impact psychologique auprès des victimes de l’esclavage et sur les descendants de maîtres.
Les institutions de droit de l’homme dans le monde ont aussi compris que la Mauritanie jouait un double jeu, un jeu de duplicité, qui nargue le monde, discrédite la Umma musulmane, transgresse le Droit international et le Droit musulman. Le pouvoir en place, incarné par le Général Mohamed Ould Abdel Aziz, arrivé au pouvoir par un coup d’Etat, continue de maintenir sa complaisance à l’endroit des forces obscurantistes et esclavagistes. Pour s’assurer le soutien des propriétaires d’esclaves arabo berbères, il mène une guerre sans merci contre IRA Mauritanie, contre ma personne, contre le Droit international et contre les prescriptions authentiques de l’Islam. Ce faisant, il se dresse en travers de l’égalité, de l’équité, de la compassion et de la paix. D’expérience, vous savez que ce genre d’homme finit par tout perdre, non sans avoir précipité son pays dans l’incertitude existentielle.
Quelle serait la solution pour mettre un terme définitivement à l’esclavage en Mauritanie ?
Le général Aziz et ses soutiens parmi les groupes pro esclavagistes obscurantistes qui détiennent le pouvoir et tous les leviers de commande en Mauritanie, devraient faire la place à l’expression populaire antiesclavagiste, symbolisée par l’IRA Mauritanie et Biram Dah Abeid. Ira Mauritanie a été une organisation interdite dès sa création. Le pouvoir lui a mené une guerre d’usure, harcelé avec des poursuites, des arrestations systématiques et massives de ses membres, des emprisonnements, des simulacres de jugements et des condamnations. IRA est une organisation qui vit dans des conditions difficiles, sous le régime de l’interdiction totale. S’ils sont aussi démocrates et abolitionnistes qu’ils le prétendent, les concepteurs et promoteurs du système d’hégémonie ethno-tribale seraient inspirés de jouer le jeu franc du pluralisme, avec l’IRA qui est un mouvement d’idées, une force de propositions politiques, mais aussi une organisation des droits de l’homme, bientôt dotée de ramification dans les syndicats, les associations d’élèves et d’étudiants et toutes les forces vives.
Qu’attendez-vous des institutions africaines et internationales ?
Si l’Union africaine, la communauté internationale, les Nations unies, l’Ue, les Etats partenaires de la Mauritanie comme les Usa, la France, l’Allemagne, l’Espagne, mettent la pression nécessaire sur l’Etat Mauritanien pour qu’il se plie aux règles du jeu inclusif de la démocratie, IRA remporterait certaines élections. Représentée et non plus exclue, elle tendrait la main à tous les mauritaniens, pour éradiquer l’esclavage, ensemble, en vertu de la loi. Il y aura aussi d’autres mesures d’accompagnement, tel un plan national d’éradication, financé durant une décennie, sur les fonds publics. Un pourcentage des recettes de l’Etat devrait alimenter le fonds de développement et de prévoyance, au profit exclusif, des Hratins. Ira pourra aussi mettre en branle un processus de vérité de justice et de réparation pour les autres populations noires – les peulhs, les soninkés, les wolofs et les bambaras – victimes, moins anciennes certes, d’un racisme primaire, alimenté par l’Etat, notamment en matière foncière et domaniale. Ces composantes nationales ont enduré une tentative de génocide orchestrée par une partie de la même équipe actuellement au pouvoir en Mauritanie. Sous couvert de fraternité et de pardon « islamique », de prières et de mots de diversion, l’impunité couvre encore les auteurs de centaines d’assassinats et de déportations par milliers.
Après l’incinération du livre, quel sera votre futur objectif ?
Nous visons la présidence de la République Islamique de la Mauritanie pour l’élection de 2019. C’est ce que nous préparons. Nous avons entamé la préparation de cette prise de pouvoir pacifique par la voie des urnes depuis l’élection de 2014 où je me suis porté candidat, in extremis. Alors, je manquais de tout, mon parti était interdit, mon Ong était interdite – ils le sont toujours -, les soutiens nous faisaient défaut et nous récoltions l’hostilité des partis traditionnels. Opportuniste, le pouvoir en place a pensé que nous jouerions pour lui un rôle de faire-valoir. Mais lorsque nous nous sommes engagés dans cette élection, même avec un manque de moyens cruels, nous pûmes faire entendre la voix d’IRA dans toutes les régions de la Mauritanie ; j’ai ainsi réussi à engranger un peu moins de 10% des voix. Ces résultats sont confirmés par les autorités officielles qui ont utilisé une fraude massive. Et l’espoir est né au sein des différentes franges de la population mauritanienne.
Etes-vous soutenus dans ce combat par les Etats et institutions d’Afrique ?
Je lance un appel aux Etats Ouest africains, et à l’Union africaine. Quand les pays occidentaux, les diplomates occidentaux et les organismes internationaux dénoncent l’injustice, l’oppression, le harcèlement des militants, il paraît peu flatteur, par comparaison aux ambassadeurs africains accrédités à Nouakchott qui restent silencieux. Il est inconséquent que l’Union africaine et la Cedeao restent silencieuses. L’Onu, L’Union européenne, les pays occidentaux nous ont soutenus quand nous étions en prison, mais pourquoi les pays africains, l’Ua, la Cedeao s’abstiennent-ils ? Il est étonnant que tant de pays africains, se soient engagés dans la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud, sans lever le petit doigt, aujourd’hui, devant la mainmise, sur le pouvoir, d’une minorité raciale en Mauritanie.
Qu’attendez-vous d’eux ?
Je lance un appel pour que l’élite africaine se réveille pour nous soutenir. Ces pays peuvent prendre pour témoins les sénégalais, les gambiens, les ivoiriens, les guinéens qui vivent actuellement en Mauritanie. Chez nous, ils éprouvent le quotidien de l’oppression, de l’humiliation que nous vivons, avec eux, nous noirs mauritaniens.
Je lance un appel à l’élite arabo berbère en Mauritanie; en son sein, de rares éléments, dont je salue ici le courage et la constance, nous accompagnent, depuis longtemps, dans notre marche vers l’émancipation citoyenne. Nous souhaitons qu’ils nous rejoignent plus nombreux, reprennent notre lutte à leur compte. Ils doivent se désolidariser du pouvoir en place, des esclavagistes et des idéologues du racisme anti noir pour revenir à la position originelle et historique de leurs ancêtres. Les premiers arabo berbères vivaient en symbiose avec les communautés noires. Je demande à l’élite arabo berbère de ne pas céder au conditionnement racial que promeut le Général Aziz quand il sollicite la complicité de tous les arabo berbères, par l’agitation du péril Hratin. Nous ne constituons pas un péril. Nous sommes une frange importante de la population mauritanienne. Nous aspirons à la dignité humaine, à la citoyenneté, à l’égalité, à un Etat démocratique respectueux des droits de l’homme et des différences. A nos anciens maîtres, nous disons, « n’ayez pas peur de nous, ne craignez pas votre humanité » !
Propos recueillis par Youssouf SANE
Source crédit : seneweb
NE LES OUBLIONS PAS : Gaye Silly Soumaré (1930 – 2012)
Adrar Info – Gaye Silly Soumaré s’est éteint le mercredi 18 juillet 2012 à Nouakchott dans l’indifférence presque totale. Pourtant, l’homme fut un des acteurs majeurs de la construction de la Mauritanie.
Si les propositions relatives à la cohabitation nationale du comité paritaire qu’il a présidé en 1958, après le congrès d’Aleg, avaient été explorées et prises en compte par les politiques, notre pays aurait peut être fait l’économie des tragédies connues.
Homme d’Etat au parcours exceptionnel, un des premiers administrateurs civils mauritaniens, militant anticolonial dans sa jeunesse, Gaye Silly Soumaré mérite un hommage national.
Le contexte politique de son engagement
Né en 1930 à Wompou, au Guidimakha, il a effectué sa scolarité au collège de Rosso avant d’intégrer l’école Normale William Ponty au Sénégal où il a obtenu le baccalauréat en 1951, puis un Certificat d’Aptitudes Pédagogiques (CAP) en 1953. Il exercera le métier d’instituteur jusqu’en 1957.
Il fit ses premiers pas politiques, la même année, comme membre du bureau politique de l’Association de la Jeunesse Mauritanienne (AJM) fondée le 24 novembre 1955 à Rosso. L’AJM était animée par des jeunes comme Mohamed Ould Cheikh, Ahmed Baba Ould Ahmed Miské, Tiécoura Dembelé, Yacoub Ould Boumédiana…, en rupture de banc avec les adultes de la maison mère, l’Union Progressiste Mauritanienne.
Sensibles aux luttes de libération dans les colonies, les jeunes militants de l’AJM s’étaient fixés comme programme : « réaliser l’unité de tous les jeunes mauritaniens sans discrimination…. en vue de contribuer à l’éducation culturelle et civique des populations , de réaliser les objectifs et les aspirations légitimes du peuple à la dignité, au savoir, à la liberté et à l’égalité sociale, de combattre le népotisme, l’ignorance, le régionalisme, les séquelles de l’impérialisme et les visées du néocolonialisme ». L’AJM ne survivra pas aux coups de l’UPM et donnera naissance à la Nahda.
Cette expérience forgera la future carrière de Gaye Silly Soumaré lorsque souffle le vent des reformes politiques instituées par la Loi – Cadre en 1957 (loi dite Defferre, adoptée le 23 juin 1956) accordant l’autonomie interne aux territoires d’Outre–mer. Il répondra en 1958 à l’appel de regroupement de Mokhtar Ould Daddah élu Vice – Président du Conseil de Gouvernement (premier gouvernement de Mauritanie) en Mai 1957.
L’existence de la Mauritanie, dans ses frontières actuelles, était menacée surtout par des visées territoriales du royaume chérifien qui avait trouvé un allié en la personne de Horma Ould Babana. Le président de l’Entente Mauritanienne, après sa défaite à la législative de 1956, trouva refuge au Maroc d’où il mena des attaques armées contre la Mauritanie jusqu’à la veille de l’indépendance.
Le Congrès d’Aleg qui lui a confié une mission de consolidation de l’unité nationale révèle un homme de dialogue et de consensus.
C’est dans ce contexte que fut convoqué et organisé le congrès d’Aleg du 2 au 5 mai 1958 pour préparer l’indépendance de la Mauritanie dans sa forme actuelle. Pour cela, Mokhtar Ould Daddah, chef du parti de l’Union Progressiste Mauritanie (UPM), pris soin d’inviter toute l’opposition intérieure – y compris ce qu’il reste de l’Entente Mauritanienne – à créer un rassemblement à travers sa formule restée célèbre « Faisons ensemble la patrie mauritanienne ». Ce congrès verra donc la participation de tous les poids lourds de la politique de l’époque qui optent pour :
– participer à la communauté française avec option pour l’indépendance
– créer un nouveau parti, le Parti du Regroupement Mauritanien (PRM), qui remplace l’UPM, et deviendra le Parti du Peuple Mauritanien (PPM)
– désigner un comité paritaire (quatre noirs et quatre maures) chargé de faire des propositions sur la cohabitation nationale, présidé par Gaye Silly Soumaré et Mohamed Ould Cheikh.
Les conclusions de ce comité sont restées lettres mortes, enfouies dans les tiroirs du PPM. La non application de ces recommandations, conjuguée à une volonté politique de non prise en compte la lancinante question de la cohabitation, eurent pour conséquences à court, moyen et long termes :
– La création en juillet 1959 et en 1960 de deux partis à assises régionalistes. D’un côté l’Union Nationale Mauritanienne (UNM) qui entendait « préserver les liens historiques avec la Fédération du Mali » et de l’autre l’Union Socialiste des Musulmans Mauritaniens (USMM), une formation politique plutôt implantée à Atar.
– En 1963, plusieurs cadres noirs, déçus de la suite réservée aux résolutions du congrès fondateur d’Aleg, regroupés au sein de l’Union Générale des Originaires de la Mauritanie du Sud (UGOMS) écrivent en substance ceci au Président de la République « Nous ressortissants de la Mauritanie noire, adjurons le Congrès, le Parlement et le Chef de l’Etat de réviser immédiatement les structures de l’Etat, dans un sens Fédéral pour répondre à la volonté du pays ».
– En février 1966 c’est au tour de 19 cadres noirs de rédiger le manifeste dit des 19, un manifeste qui inspire un autre vingt ans plus tard ….. Puis 1986, 1989……..
Conscient de la situation, Gaye Silly Soumaré sera un des rares Maires à protester officiellement en 1989, en écrivant au Président de la République de l’époque pour dénoncer et demander l’arrêt des exactions commises contre ces administrés du village de Wompou.
Un homme d’Etat, à la carrière bien remplie, paradoxalement peu connu Ayant répondu à l’appel au rassemblement, Gaye Silly Soumaré fut nommé en mai 1958 chef de cabinet du Ministre de l’Urbanisme. Il a occupé depuis de hautes fonctions de l’Etat en rapport avec son diplôme de droit et d’administration publique (cadre des administrateurs civils) obtenu au tout début des années 60 à la prestigieuse Ecole Nationale de la France d’Outre–mer qui devient l’Institut des Hautes Etudes d’Outre–mer.
A son retour en Mauritanie, il exerce tour à tour dans l’administration territoriale les fonctions de :
– Chef de Subdivision (Préfet) de Boutilimit
– Commandant de Cercle (Gouverneur) du Trarza, du Brakna et du Tagant d’où il est rappelé pour avoir refusé d’exécuter certains ordres contre les 19 signataires du Manifeste cité plus haut. La sanction ne se fait pas attendre, il est affecté à l’administration judiciaire
Dans l’administration centrale, entre 1962 et 1969, il est nommé :
– Directeur de l’administration judiciaire
– Directeur de cabinet du Ministre de l’Intérieur et Directeur de l’Administration Territoriale
– Inspecteur Général de l’administration
– Inspecteur Général des Finances auprès de la Présidence de la République, un poste qui est devenu le Contrôle Général de l’Etat.
– Secrétaire Général du Ministère de la Défense puis du Ministère des Finances.
Il quitte l’administration centrale en 1971 pour entrer dans la diplomatie :
– Conseiller à Bonn, Allemagne, à ce titre, il représente la Mauritanie aux Assemblées Générales des Nations Unies.
– Ambassadeur en Tunisie (1973–1976) accrédité en Turquie, Grèce et Yougoslavie
– Ambassadeur en URSS (1975–1980) accrédité dans chacun des pays européens membres du Pacte de Varsovie.
Il mettra ses qualités de dialogue et de négociateur à nouveau au service de son pays en 1975-1976 comme membre de la délégation mauritanienne à la Cour Internationale de la Haye qui devait se prononcer sur le litige qui a opposé la Mauritanie au Maroc sur le Sahara Occidental.
Admis à faire valoir ses droits la retraite en 1984, il se consacra aux siens, à son village, Wompou qui l’élit Maire en 1989 et en 1991. En 1994 puis en 1998, il est élu Sénateur, représentant les Mauritaniens de l’étranger (zone Europe). Gaye Silly Soumaré est parti comme il a vécu, discrètement. La patrie doit lui être reconnaissante.
A l’image de ses compagnons historiques, la Mauritanie doit se souvenir d’eux et inscrire dans la mémoire collective de nos concitoyens des hommes et des femmes qui ont construit notre pays, parti de rien. A ce titre, la Mairie de Nouakchott en association avec les autorités centrales qui ont hérité de son savoir faire, devrait consacrer une artère de la capitale à son nom. Que son âme repose en paix dans la terre de Mauritanie pour laquelle il s’est investi. Amine.
Août 2012
Ciré Bâ et Boubacar Diangana – Paris.
Source crédit : Page Mauritanie Facebook.
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