Adama Ngaide – Qui sont-ils ? Le statut d’intellectuel est-il réservé à des initiés qui auraient eu des diplômes d’écoles occidentales huppées ? Ce statut serait-il au contraire accessible à tous les Hommes parce que dotés d’intelligence ? Autant de questions !
Né à l’ origine en France suite au conflit politique opposant les «dreyfusard» et les «antidreyfusards» en France, le terme intellectuel vient du grec «intellego» qui signifie comprendre ; Et de facto, le terme fait intervenir la raison qui est une des facultés de l’Homme.
Séduisant ou péjoratif, nous pensons que l’une des qualités d’un intellectuel est sa capacité à comprendre la société mais aussi sa capacité à accepter les critiques mais aussi la capacité à formuler des idées relevant essentiellement du domaine de l’intelligence et ayant un impact sur la bonne marche de la société.
Dès lors, l’on convient que tout changement dans la société, exige une dose de sacrifice et de rigueur mais aussi d’objectivité quant aux problématiques qui interpellent ladite société ; Il en découle naturellement une demande très forte pour comprendre les obligations qui nous incombent d’une part, et d’autre part, les attentes et la délicatesse du travail permanent et rigoureux à abattre.
Aussi hypothétique que soit l’avenir de la société et aussi difficile que soit l’aventure intellectuelle, l’intellectuel est une nécessité impérieuse pour la société. Son rôle est d’éclairer, de provoquer l’intelligence et surtout d’alerter avec courage sur les potentiels problématiques qui minent ou qui pourraient miner la bonne marche d’une société donnée. La société n’aura aucun choix si elle veut s’émanciper politiquement, économiquement et culturellement. Nous avons absolument besoin des intellectuels si tentait que leur rôle est l’intellectuel s’évertue dans l’analyse, la critique et les réflexions rigoureuses et objectives que dans l’intérêt de la société donc transcendant nos clivages.
Rien ne sera comme avant en matière politique, économique, culturelle, sociale, si et seulement si, on comprenait que notre intelligence peut sévir et servir au-delà de nos familles, de nos petites régions, de nos villages et villes mais aussi au-delà de nos ethnies, de nos appartenances religieuses pour atterrir là où on ne pouvait la soupçonner être d’utilité publique……..ce fut le cas de toutes les inventions opérées dans le monde. Qu’il s’agisse de l’avion inventée dans l’Ohio qui atterrit aujourd’hui au Sud, au Nord et à l’est de notre planète ou qu’il s’agisse du feu de signalisation amplement usité dans le monde même dans les confins les plus inimaginables…….
Il ne peut pas en être autrement malgré les forces adverses (ou l’adversité tout court) qui sont innombrables et qui fusent de partout. Il est vrai qu’elles sont de toutes nature, tantôt sociales, politiques ou économiques. Il est vrai que de telles adversités rendent très difficiles et aléatoires l’aventure intellectuelle surtout dans les sociétés où tabous, lois non dites et implicites et où les bonnes actions sont odieusement récompensées…….Un ami me disait qu’il est suicidaire de jouer son métier d’intellectuel dans la société mauritanienne…………Il s’agit, ajoutera-t-il, d’une aventure risquée parce que notre société refuse n’a aucune culture de débat, d’échanges et de remise en cause et le scandale réside dans le fait que seuls sont récompensés les promoteurs de la médiocrité comme principes de gouvernement et de système de valeurs…..…….
Ceci nous amène à rappeler que, malgré le travail des intellectuels, notre monde moderne reste ponctué par des contradictions les unes plus inquiétantes que les autres. En effet on est dans un monde où le racisme côtoie la démocratie, l’esclavage et la féodalité qui essaient de s’arrimer avec l’Islam et où la science et la technologie s’arriment à merveille avec l’ignorance……autant d’alchimies qui semblent s’enraciner………
Le défi est à ce niveau et il revient aux intellectuels de faire leur travail. Pour ce faire, un intellectuel a surement besoin de se doter d’un caractère pour faire de lui l’Homme dont la société a besoin. Un intellectuel doit être MODESTE (et non pas arrogant) et capable de comprendre qu’au-delà de toute pensée, il peut y avoir (et il y’a sûrement) une autre plus élaborée, plus objective et plus pertinente. Un intellectuel doit absolument reconnaitre son ignorance, ses limites. C’est Socrate, le maitre de la maïeutique qui disait : «Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien».
De cette qualité découle une autre celle de l’esprit d’ouverture et de lucidité a la place de l’esprit de résignation et d’obscurantisme qui caractérisent la déficience morale et éthique. En effet, l’Homme est limité. Il se cherche toujours et il ne se connait pas et ne connait pas sa biosphère d’où l’obligation de se remettre en cause permanemment comme le ferait un scientifique lors d’une découverte ou d’une invention……………..ou comme le ferait un intellectuel si se posaient des questions de coexistence, ou de cohabitation entre les peuples, les races ou entre des concitoyens……………
Force de propositions, réceptacle d’idées novatrices, l’intellectuel doit aussi se soustraire de toute imposition d’idées. C’est là et à ce niveau qu’il faudrait comprendre le rôle pédagogique des intellectuels dans une société aidant à accoucher les esprits…Toutes nos crises sont causées, à notre humble avis, à une utilisation déficitaire de l’intelligence. L’intelligence n’a pas été suffisamment utilisée ainsi que les grandes valeurs qui font de l’Homme ce qu’il doit être…
Malheureusement, nous restons arc-boutés à des valeurs qui ne nous feront jamais avancer. Or, notre émancipation, par rapport aux autres, taxés à tort ou à raison de bourreaux (nationaux ou internationaux), dépend de notre capacité à nous émanciper face à nos tares enfouies en nous. Alors, allons-nous continuer jusqu’à la fin des temps à ignorer ces phénomènes antinomiques qui hypothèquent la paix et le développement? Où allons-nous, nous y attaquer en usant de notre intelligence, de notre objectivité et de toutes nos rigueurs ? Allons-nous continuer à blâmer ou alors user de notre honnêteté pour enfin avoir confiance en nous et éradiquer ces contradictions ?
Une société qui ne veut pas d’intellectuels est une société vouée à la mort immédiate et sujette à l’esclavage.
Adama Ngaide. MBA/DESS. USA
Crédit source: cridem.org
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